Lundi à midi, les femmes qui bloquaient la mairie de Ouangani l’ont libérée. Leurs raisons sont intrinsèquement liées au déroulé des confli...
Lundi à midi, les femmes qui bloquaient la mairie de Ouangani l’ont libérée. Leurs raisons sont intrinsèquement liées au déroulé des conflits qui sévissent actuellement dans les communes de l’île : un manque de repères républicains.
« Les jeunes qui ont commencé les violences, ils sont de Ouangani » D’habitude, les villages se rejettent la faute entre eux, mais là, les femmes sont du même village, « nous bloquons la mairie pour que le maire les fasse partir. Nous connaissons les visages mais pas les noms, donc on ne peut pas déposer plainte ».
Ce sont des familles d’«étrangers comoriens» qui sont visées, et certains habitants se sont appropriés l’idée erronée que l’Etat français les protège davantage que ses propres ressortissant.
Le maire de Ouanagni que nous avons rencontré, est bien dépourvu après les nombreuses réunions qu’il a mises en place avec notables et religieux au long de ce long week-end de violences. Il en appelle à « l’envoi de davantage de force publique, la brigade de Sada est en sous-effectif ».
Mayotte est dans un « entre-deux » qui ne permet plus de régler les problèmes à l’ancienne, chicote pour gronder les enfants, paiement en liquide pour dédommager d’un viol, bastonnades pour régler les conflits, sans que tous les habitants se soient tout à fait appropriés les outils judiciaires comme le dépôt de plainte, ou le recours à la force publique.
« De toute façon, quand on téléphone à la gendarmerie, ils arrivent tard et ne savent pas quoi faire », accusent en chœur Hadjira Soulaimana et Madi Mandhuira, deux bouénis qui ne s’expriment qu’en shimaoré. Elles ont les yeux rougis : « ça fait deux nuits qu’on ne dort pas de peur que ceux de Barakani reviennent et cassent nos voitures et nos maisons ». Une peur accentuée par le cul de sac que fait la route qui mène à Ouangani… les habitants sont littéralement pris en otage lorsque la route est barrée.
De l’autre côté, à la gendarmerie, on reproche une rétention d’informations : « difficile d’avoir des témoignages sur les évènements, et personne ne veut déposer plainte !» A les entendre, c’est pourtant par l’interpellation de plusieurs fauteurs de troubles à la suite de plaintes que s’est apaisée la commune de Chirongui.
L’histoire de la rivalité entre ces deux villages de Ouangani et Barakani ne date pas d’aujourd’hui : « l’année dernière mon oncle de Ouangani s’est fait tabasser jusqu’à perdre connaissance derrière la mosquée, alors qu’il participait à un Dahira », indique une jeune femme. Il n’a jamais déposé plainte.
Face à un conflit qui ne se règle pas, le maire en a appelé à la préfecture, pour revoir les effectifs de gendarmerie. Une réunion se tenait ce lundi après-midi de 14 heures à 15h30 entre le maire Ali Ahmed-Combo, le conseiller général Rastami Abdou, les représentants de la préfecture, Jean-Pierre Frédéric, directeur de cabinet du préfet, Sylvie Especier, sous préfète en charge de la cohésion sociale et de la Jeunesse et Alain Ivanic, Directeur de la jeunesse et des Sports.
« Nous avons obtenu l’envoi des forces de l’ordre de nuit, lorsque se commettent les exactions », explique le maire qui espère que d’ici deux jours les choses seront rentrées dans l’ordre. Il doit appeler au calme les 3.500 habitants de la commune, leur demander de rester chez eux les nuits à venir, et inciter les témoins à déposer plainte.
Un gros travail d’apaisement et de recours aux institutions est donc à entreprendre car, si ça recommence, nos deux bouénis l’assurent, « plus la peine de téléphoner à la gendarmerie, on se battra !»
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
« Les jeunes qui ont commencé les violences, ils sont de Ouangani » D’habitude, les villages se rejettent la faute entre eux, mais là, les femmes sont du même village, « nous bloquons la mairie pour que le maire les fasse partir. Nous connaissons les visages mais pas les noms, donc on ne peut pas déposer plainte ».
Ce sont des familles d’«étrangers comoriens» qui sont visées, et certains habitants se sont appropriés l’idée erronée que l’Etat français les protège davantage que ses propres ressortissant.
Le maire de Ouanagni que nous avons rencontré, est bien dépourvu après les nombreuses réunions qu’il a mises en place avec notables et religieux au long de ce long week-end de violences. Il en appelle à « l’envoi de davantage de force publique, la brigade de Sada est en sous-effectif ».
Mayotte est dans un « entre-deux » qui ne permet plus de régler les problèmes à l’ancienne, chicote pour gronder les enfants, paiement en liquide pour dédommager d’un viol, bastonnades pour régler les conflits, sans que tous les habitants se soient tout à fait appropriés les outils judiciaires comme le dépôt de plainte, ou le recours à la force publique.
Deux nuits sans dormir
« De toute façon, quand on téléphone à la gendarmerie, ils arrivent tard et ne savent pas quoi faire », accusent en chœur Hadjira Soulaimana et Madi Mandhuira, deux bouénis qui ne s’expriment qu’en shimaoré. Elles ont les yeux rougis : « ça fait deux nuits qu’on ne dort pas de peur que ceux de Barakani reviennent et cassent nos voitures et nos maisons ». Une peur accentuée par le cul de sac que fait la route qui mène à Ouangani… les habitants sont littéralement pris en otage lorsque la route est barrée.
De l’autre côté, à la gendarmerie, on reproche une rétention d’informations : « difficile d’avoir des témoignages sur les évènements, et personne ne veut déposer plainte !» A les entendre, c’est pourtant par l’interpellation de plusieurs fauteurs de troubles à la suite de plaintes que s’est apaisée la commune de Chirongui.
L’histoire de la rivalité entre ces deux villages de Ouangani et Barakani ne date pas d’aujourd’hui : « l’année dernière mon oncle de Ouangani s’est fait tabasser jusqu’à perdre connaissance derrière la mosquée, alors qu’il participait à un Dahira », indique une jeune femme. Il n’a jamais déposé plainte.
Appel au calme
Face à un conflit qui ne se règle pas, le maire en a appelé à la préfecture, pour revoir les effectifs de gendarmerie. Une réunion se tenait ce lundi après-midi de 14 heures à 15h30 entre le maire Ali Ahmed-Combo, le conseiller général Rastami Abdou, les représentants de la préfecture, Jean-Pierre Frédéric, directeur de cabinet du préfet, Sylvie Especier, sous préfète en charge de la cohésion sociale et de la Jeunesse et Alain Ivanic, Directeur de la jeunesse et des Sports.
« Nous avons obtenu l’envoi des forces de l’ordre de nuit, lorsque se commettent les exactions », explique le maire qui espère que d’ici deux jours les choses seront rentrées dans l’ordre. Il doit appeler au calme les 3.500 habitants de la commune, leur demander de rester chez eux les nuits à venir, et inciter les témoins à déposer plainte.
Un gros travail d’apaisement et de recours aux institutions est donc à entreprendre car, si ça recommence, nos deux bouénis l’assurent, « plus la peine de téléphoner à la gendarmerie, on se battra !»
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte