Au Kenya, les arrestations massives dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, depuis début avril, ont été vivement critiquées par l...
Au Kenya, les arrestations massives dans le cadre
de la lutte contre le terrorisme, depuis début avril, ont été vivement
critiquées par les organisations des droits de l'homme. Ces dernières
dénoncent des détentions arbitraires - très souvent au-delà des 24
heures de garde à vue imposées par la loi - ; la pratique courante des
pots-de-vin ainsi que des déportations vers la Somalie. Pour Amnesty
International, la communauté d'origine somali sert de « bouc émissaire ».
Le
28 avril dernier, Mahad Omar Dirye a été arrêté par la police kényane
alors qu'il revenait d'un cybercafé dans le quartier d'Eastleigh. Après
avoir payé un premier pot-de-vin de près de 150 euros, il a été relâché
puis arrêté à nouveau, dix minutes après. Il a passé une nuit au
commissariat de Pangani et a ensuite été transporté dans un bus vers le
stade de Kasarani.
« Beaucoup de gens pleuraient. Il y avait
une femme séparée de ses enfants. Les enfants avaient été laissés à la
maison et personne ne pouvait s'en occuper », a-t-il rapporté à RFI.
Mahad
a le statut de réfugié et son permis de travail venait d'être approuvé.
Il affirme que la police n'a rien voulu entendre. Le 3 mai, il a été
embarqué dans un bus en direction du camp de réfugiés de Kakuma, au nord
du Kenya. Cet ancien journaliste détenu en 2010 à Kismayo, par les
shebab qui l'accusaient d'être un espion de la CIA se sent désormais
pourchassé de tous les côtés.
« J'ai deux ennemis maintenant.
La police kényane et les insurgés somaliens. Mais je n'ai pas d'autre
choix, car je n'ai pas de documents pour aller dans un autre pays », a précisé Mahad Omar Dirye.
Au
bout de douze jours, il a pu être relâché. Depuis sa libération, il a
été arrêté encore une fois à un barrage de police. Un ami a dû payer un
pot-de-vin pour lui éviter d'être embarqué à nouveau.
« Quand je suis dans la rue et que je vois la police, il faut tout de suite que je trouve une rue où me cacher », s’est-il insurgé.
L'organisation
Human Right Watch affirmait, il y a dix jours, que 359 personnes
d'ethnie somali avaient été expulsées du territoire kényan, dont trois
ayant le statut de réfugiés.Par
RFI