La réunion qui s'est tenue mercredi au ministère de l'Outre-Mer entre Victorin Lurel et les entreprises de la filière hydrocarbures ...
La réunion qui s'est tenue mercredi au ministère de l'Outre-Mer entre Victorin Lurel et les entreprises de la filière hydrocarbures n'a rien donné. La porte n'a pas été claquée trop fort mais elle s'est refermée sur une impasse et une grosse colère des pétroliers qui estiment ne pas avoir été entendus et envoient qu'ils ont les sentiment d'avoir perdu leur temps. De nouvelles actions sont à craindre dans les prochains jours et le haro sur les stations devrait à nouveau se faire sentir avec une rumeur de fermeture qui enfle de plus en plus.
Raffineurs, distributeurs, importateurs, transporteurs de la filière pétrole ont démarré les débats au ministère de l'Outre-Mer à 16h30 et ils n'avaient pas la mine claire. Les sourires avaient été gommés à l'entrée, ils l'étaient encore à la sortie un peu moins de 4 heures plus tard. Leur revendication était simple, gagner du temps, repousser la date d'entrée en vigueur du décret limitant les marges et régulant les prix en stations en limitant les abus et en contrôlant mieux les coûts. Mathieu Soulas représentait Total Mayotte et la SMSPP (Société mahoraise de Stockage de Produits Pétroliers), Tanguy Descazaud la SARA guadeloupéenne et Joel Maes, la SRPP pour La Réunion. Au total, ils étaient une grosse quarantaine à vouloir négocier avec le gouvernement qui avait envoyé aux côtés du ministre de l'Outre-Mer un représentant du ministère des finances et un autre du ministère de l'Ecologie.
"Je sais ce qui nous a opposés", a déclaré le ministre en ouverture du dialogue avant d'ajouter : "j'espère qu'il s'agit d'une incompréhension."
Le ton était donné, Victorin Lurel savait qu'il pouvait s'appuyer sur l'opinion publique, sur les parlementaires ultramarins pour faire passer la pilule sans changer une virgule de son texte. Le ton était donné, malheureusement, la presse n'a pu accéder aux échanges, les portes se sont refermées et c'est un communiqué officiel qui a donné la mesure des pourparlers. Et les avis divergent entre le ministère et les pétroliers. Selon le gouvernement, "les discussions ont permis, durant quatre heures, aux compagnies pétrolières et aux gérants de stations-service de faire état de leurs préoccupations quant à la réforme des textes réglementant la fixation des prix des produits pétroliers dans les DOM. Ces échanges ont permis au ministre des Outre-mer de rappeler les objectifs de la réforme et qui sont : assurer la transparence dans la formation des prix afin de garantir aux consommateurs un juste prix et une baisse des prix à la pompe, permettre de préserver l'emploi, tant celui des entreprises pétrolières que celui des stations-service, et de permettre aux entreprises de la filière de consolider le modèle économique de la distribution des carburants dans les DOM."
Malheureusement, cette vision des choses n'a pas été ressentie de la même manière par les pétroliers.
"Le ministre des Outre-mer campe sur ses positions et nous a précisé que le Conseil d'Etat avait émis un avis positif sur le texte. Celui-ci ne nous convient toujours pas. Nous avons assisté à un simulacre de concertation, nous souhaitons dorénavant l'arbitrage du Premier ministre", a expliqué Hervé Maziau, le président du Comité des hydrocarbures de la Réunion (CIH). Une autre réunion est programmée aujourd'hui même rue Oudinot, mais déjà, une audience a été demandée à Matignon pour rencontrer et discuter en direct avec Jean-Marc Ayrault qui n'a pas encore donné suite, accordant toute sa confiance à son ministre.
Pour leur part, les gérants de stations services expliquent avoir eu le sentiment d'assister à " un combat de coqs entre les pétroliers et le ministre. Cette réunion est un échec, on sera obligés de se mobiliser. Nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout pour sauver nos emplois"… Une divergence vient donc de naître entre gérants et pétroliers, qui battent toutefois le pavé pour une seule et unique cause, la révision du décret. Et le ministère de l'Outre-Mer de poursuivre : " tous les sujets n'ayant pu être abordés, Victorin LUREL réaffirme que sa porte demeure ouverte pour de nouveaux échanges, dès ce jeudi 19 décembre. Il est prêt, en particulier, à faire des propositions concrètes aux gérants de stations-service des DOM afin de sécuriser les activités et les emplois de leurs entreprises." Et c'est bien là que le bât blesse.
Dans cette affaire de fausse solidarité entre métiers, les gérants de stations craignent de devoir licencier les pompistes, mais aussi que les compagnies ne veuillent reprendre à leur compte les stations en direct, et automatisent leurs réseaux de distribution... Et les pétroliers usent de cette menace pour renforcer leur refus de voir leur marge baisser.
Or à Mayotte, la problématique ne se pose pas puisque Total assure directement la gérance des stations qui ne sont pas livrées à des indépendants. La direction générale assurée par Laurent Gautron avait affirmé dans un communiqué envoyé au lendemain de la fermeture surprise des stations qu'elle n'avait aucune intention d'automatiser les pompes au détriment des pompistes.
Toutefois, avec la fin de non recevoir envoyée par Victorin Lurel, la stratégie pourrait changer. Le ministre est d'accord pour reprendre les discussions mais : "s'il y a des incompréhensions, on clarifie les inquiétudes. Les pétroliers étaient venus pour partir, mais les choses peuvent encore évoluer sur l'arrêté de méthode".
Or pour l'heure, si Lurel avait bloqué ses journées de jeudi et vendredi pour aborder les problématiques, hier jeudi, il aura dû regarder la pendule de longues heures car les discussions sont restées fermées.
Et pour cause, les pétroliers se sont réunis pour envisager les suite à donner au refus catégorique du gouvernement. De quelle manière ? En emportant un rendez-vous avec le premier ministre tout d'abord, et par des actions par la suite. Et là, la menace de fermeture des stations et dépôts ressurgit. Elles pourraient intervenir dès lundi, l'information ne court plus, elle galope désormais. Les fêtes de Noël approchent et elles pourraient être gâchées par une paralysie programmée des îles. Bien évidemment, rien ne vient confirmer cette information qui n'est en aucune manière contredite. Une épée de Damoclès vient d'être accrochée aux dessus de la tête des ultramarins, qui se retrouvent pris entre la fermeté de Victorin Lurel et la détermination des pétroliers se servant des distributeurs pour empêcher l'entrée en vigueur du décret le 1er janvier.
A Mayotte, un cadre de Total explique en off : "remplissez des jerricanes ou partez en vacances…"
Le compte a rebours est lancé, sans réponse rapide de Jean-Marc Ayrault, des opérations devraient être très rapidement engagées et ce, partout en Outre-Mer.
Lurel sera-t-il écarté des discussions ?
Les pétroliers demandent à être reçus par le premier ministre Jean-Marc Ayrault pour négocier directement avec lui pour éviter la case Victorin Lurel qui confirme et réaffirme qu'il ne changera pas le coeur du décret visant à faire baisser les prix à la pompe par une réductions des marges de stockage et une plus grande transparence des coûts. Or, il apparaît difficilement concevable que Jean-Marc Ayrault endosse la chasuble d'arbitre et désavoue son ministre qui conduit une action populaire. L'Outre-Mer verrait d'un mauvais oeil le coup de Bambou. Ayrault devrait donc selon toute vraisemblance apaiser les esprits en recevant les pétroliers, et encore, peut-être, mais il devrait surtout laisser la main au ministère.
Qui plus est, pour mémoire, Victorin Lurel, a été reçu à l'Elysée la semaine dernière et a accompagné François Hollande en Guyane. Et au regard de cette proximité, il semble toujours bénéficier de son soutien comme de celui du Premier ministre. Le blanc seing complet semble donc être donné. Mais encore, 19 parlementaires ultramarins ont aussi rédigé une tribune dans laquelle ils soutiennent le ministre des Outre-mer. Cela fait beaucoup de monde et beaucoup de poids politique pour imaginer que les pétroliers puissent faire fléchir le gouvernement. Il ne restera pour ce faire, que l'exercice de la pression placée en direction des pompistes et de la population en cette période si sensible de fêtes de fin d'année.
Source : FRANCE MAYOTTE Matin
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
COMMENTAIRES