Une pseudo action humanitaire fait des millions de francs et vire à la farce tragique. Qu’est-ce qui n’a pas été fait pour donner à la ...
Une pseudo action humanitaire fait des millions de francs et vire à la farce tragique.
Qu’est-ce qui n’a pas été fait pour donner à la fameuse «Opération Riyal» des ailes pour voler comme un oiseau, jusqu’à ce que ses promoteurs volent comme des voleurs? À ce jour, il s’agit de la plus grande action «humanitaire» organisée aux Comores, et quand ses acteurs étaient encore sur la scène médiatique pour parader, on a assisté à un bel étalage d’hypocrisie. On a forcé les fonctionnaires à payer, et non pas un «riyal», mais une bonne partie de leur maigre et misérable salaire. N’oublions pas que les courtisans avaient imposé des prélèvements sur le salaire de certains fonctionnaires, dont ceux de la Poste et de Comores Télécom (12.000 francs par fonctionnaire moyen). On a vu tous les hypocrites des Comores faire en sorte d’être vus en train de donner de l’argent aux promoteurs de l’immense escroquerie d’État, parcourant la Grande-Comore, Anjouan et Mohéli, juste pour la frime. C’était de la «charité business», surtout à un moment où tous les espoirs de nomination à un poste stratégique étaient permis.
Quand on a fait les comptes, on s’est rendu compte qu’à la Grande-Comore et à Anjouan, la «rançon» était plus élevée qu’à Mohéli, et les Mohéliens de la Cour présidentielle avaient poussé l’hypocrisie jusqu’à vouloir refaire l’opération afin que ça soit l’île de Mohéli qui donne plus. C’est une mascarade comme on en voit souvent aux Comores, mais cette fois, les choses sont allées très loin et très mal car, le but de l’opération était de collecter de l’argent pour venir en aide aux personnes en situation précaire, dont les handicapés. Mais, ce qu’on vit par la suite donne froid au dos et fait honte et pitié. Rappelons quelques faits très parlants qui ont eu lieu à Mohéli.
Vendredi 9 mars 2012. Dans un hôtel de Mohéli, la République généreuse a célébré en grande pompe, mais avec un jour de retard, la Journée internationale de la Femme. Une vache bien grosse et grasse a été abattue, et on a fait venir les invités même d’Anjouan et de Grande-Comore, en plus de ceux venus des 4 coins de Mohéli. Les gaspillages ont été tels qu’on se demande si les Comores sont un pays pauvre ou un des États membres du G8, le groupe des 8 pays les plus développés. Il y avait des restes et des plats de viande à peine entamés partout. Partout, il y avait de la nourriture à peine touchée. Dieu, nous Vous demandons pardon. Dans une logique développementaliste et rationnelle, il est permis de se demander si l’argent de ce gaspillage scandaleux n’aurait pas été mieux employé s’il avait été directement investi dans l’«Opération Riyal». Mais, y investir pour quoi, quand on sait ce qui s’est passé après?
Au cours de cette mémorable partouze à ciel ouvert, on a assisté à un bel exercice d’hypocrisie, dans la mesure où les convives rendaient à l’État les enveloppes que celui-ci a remplies d’argent public. L’argent a circulé, au nom de l’«Opération Riyal». Ne pouvant dresser une liste exhaustive de toutes les enveloppes sacrées, contentons-nous de signaler que les Mohéliens installés en Grande-Comore ont prétendument «donné» 11 millions de francs comoriens, contre 14 millions de francs pour les Mohéliens de Mohéli. On respire.
À Djoiezi, jeudi 8 mars 2012, le Maire, Mohamed Tani Chamsidinne dit «Tilack», a même organisé une corrida ou «Tam-tam bœuf» pour montrer l’importance qu’il accorde à l’«Opération Riyal». Mais, en termes de mobilisation populaire, l’échec constaté équivaut à une immense humiliation puisque dans ce fameux «Tam-tam bœuf» organisé dans une ville où les gens aiment faire la fête etétaient fiers de «leur» Président, on n’a vu que 4 femmes et 5 hommes! Oui, 9 personnes en tout et pour tout, et il s’agit de proches «parents» du régime politique en place. Les chefs fêtards ont oublié de remplir la place publique de badauds qu’on aurait pu attirer par l’argent. Le bon Docteur Sounhadj Attoumane, le fameux distributeur automatique de billets (DAB) d’Ahmed Sambi, peut leur donner des cours sur la manière de payer des passants pour leur demander d’«ambiancer».
De toute façon, cela donne une idée très précise des méthodes mafieuses et de l’immense «popularité» dont jouit le régime politique actuel dans la ville natale du Président de la République, un régime politique et un chef d’État que ne critique qu’un sombre site Internet dont les principaux animateurs sont cachés en France, où ils maigrissent à vue de nez à force de manger du chien frit, du pain et du kebab ou grec. On aimerait bien connaître les raisons qui poussent donc de Comoriens vivant aux Comores à appeler les animateurs de ce sombre site pour dire tout ce qu’ils ont sur le cœur à propos du régime politique en place, alors que «l’unanimité totale» autour du Président de la République est une «réalité».
En tout état de cause, les «9 de Djoiezi», ceux et celles qui ont assisté à la corrida de Monsieur le Maire Mohamed Tani Chamsidinne dit «Tilack», aiment tellement le glorieux régime politique actuel et l’«Opération Riyal» qu’ils ont «donné» 2 millions de francs comoriens, appartenant à l’État et montrés pour la forme. Gentil. Merci. La République est vraiment généreuse. Nous sommes prêts à nous mourir pour le chef de l’État.
Dans le même élan de «patriotisme sincère», la ville de Mbatsé, par le biais de ses enfants les plus éminents et les plus «méritants», Madame Sitti Kassim (ministre du mercredi après le conseil des ministres) et Abiamri Mahamoud (Directeur général de Comores Télécom), a «donné» 1 million de francs comoriens. Ollé, ollé!
Comme le ridicule appelle le ridicule, les promoteurs de l’opération mafieuse voulaient constituer une délégation de plus de 50 personnes et se rendre en France pour récolter 3.000 euros. Car, nombreux sont ceux qui, parmi les Comoriens de France, avaient juré de ne pas placer un tugrik de Mongolie dans l’affaire. L’opération avait donc été annulée.
Tout ça est bien beau, mais aujourd’hui, une seule question se pose: où est parti le magot destiné aux handicapés et autres personnes en situation précaire? Cette question a été posée en premier par Mohamed Abdoul El Aniou, Président de l’Association des Handicapés ou SHIWÉ, qui s’insurge: «Cela fait presque un an que cette opération a eu lieu. Nous n’avons vu aucun bilan de la part des organisateurs». En chœur, les intéressés, qui se savent floués, n’ont qu’un mot à la bouche: «Cette opération s’est déroulée soi-disant pour notre cause, pourtant, jusqu’à maintenant, aucune réalisation n’a été constatée, hélas!». De ce fait, l’honorable Mohamed Abdoul El Aniou, qui sait où se situent les responsabilités, en appelle aujourd’hui à la Première Dame, qui a été la marraine de l’opération «Arche de zozos des Comores».
Aujourd’hui, ce ne sont pas des contestataires assoiffés de contestation qui s’insurgent, mais des personnes en situation précaire à qui l’État avait promis de l’aide, mais à qui on vole avec un culot de voleur. Car, le voleur a son culot. Un culot propre à lui. Les Mohéliens, qui aiment les formules charnelles, ont même inventé l’expression «le voleur ayant du culot», pour parler de ce voleur qui fait ouvertement ce qu’il fait afin de dire par la suite: «Si c’était moi qui ai commis le forfait, je n’aurais jamais agi de manière aussi ouverte et directe. Donc, ce n’est pas moi». Pourtant, c’est bien lui, le coupable…
Loin des accusations de malversations – on est entre gens qui savent vivre, n’est-ce pas? –, quand on cherche à savoir ce qui a été fait des millions de l’«Opération Riyal», on est obligé de constater que c’est la Fondation Halouatété, propriété de la Première Dame des Comores, qui gère les millions de l’action qui a viré à la farce. Un Mohélien de France connu pour le caractère pointu de ses analyses politiques, crie sa colère en disant que l’«Opération Riyal», aurait dû s’appeler «Opération Rimba Alé», traduit du comorien, «Opération nous lui avons donné pour qu’elle ou qu’il mange ou dépense». Qu’est-ce à dire? Rien, car cet argent a été collecté pour des gens qui n’en ont pas vu la couleur. Ce sont eux-mêmes qui le disent. Mais, de grâce, ne fusillez pas ces personnes dignes, abandonnées de tout le monde et qui crient à la supercherie, tout en étant dans le vrai. Aujourd’hui, foin de palinodies, qu’on nous dise où est passé l’argent des pauvres. Le milieu associatif est souvent accusé de «bazar de la solidarité» quand il dérape. Et là, il y a dérapage. Escroquerie de l’«Opération Rimba Alé».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Dimanche 8 décembre 2013.