Trois Questions à Youssouf Saïd Soilihi. Docteur en Économie du Développement, ancien candidat aux élections présidentielles de l...
Docteur en Économie du Développement, ancien candidat aux élections présidentielles de l'Union des Comores, ancien fonctionnaire international, ancien Ministre des Finances, ancien Député et Vice-Président de l'Assemblée nationale des Comores, Dr Youssouf Saïd Soilihi est un père de famille, nationaliste et très ouvert aux débats. Militant Révolutionnaire Soilihiste de la première heure, Il était le tout jeune Secrétaire Général du Comité Régional de Ngazidja, puis membre du Bureau Exécutif du Comité Populaire National en 1977. Il est actuellement le Président du DJAWABU,le Parti du Paysan et du Travailleur Comorien.
«Des nombreux ''Soilihistes'' militent contre vents et marrées pour la Révolution!»
1 - Monsieur le Ministre, depuis un certain temps, vous êtes à l'extérieur du pays. Est-ce un exil, un repli ou un déplacement ?
Effectivement, je me retrouve à l'extérieur depuis un moment et ce, pour des raisons d'abord, professionnelles. J'avais un contrat de consultation à Genève que j'ai honoré. Et dans la foulée, j'ai effectué quelques missions d'observation électorale internationale. Puis, j'ai ma famille en France depuis les années 2000. Je vivais mal cette séparation qui affectait lourdement les rapports familiaux. J'avais un besoin ardent de vivre un bon moment avec mon épouse et mes enfants qui me manquaient terriblement. J'ai par ailleurs mes premiers enfants qui résident aussi en France et dont les contacts avec eux s'étaient estompés. Il fallait impérativement renouer avec eux. Et enfin, le Parti Djawabu que je dirige, crée en France en 1999, qui fut un des piliers de mes soutiens lors des présidentielles de 2002, avait besoin d'être réorganisé et relancé ; les militants remotivés et remobilisés pour booster notre lutte et aborder les prochaines échéances avec optimisme et beaucoup de force. Je suis venu en quelque sorte me ressourcer, de ce point de vue. Ce n'est donc ni un exil, ni un repli. Mieux qu'un déplacement, Il s'agit d'une mission.
2 - Vous vous posez en tant que relais qui incarne la politique du Mongozi, quel bilan faites-vous de votre Action en tant que leader d'un Parti Soilihiste ayant pris part à plusieurs combats ces dix dernières années ?
Dès sa création, le parti Djawabu s'est senti dans l'obligation de nouer des alliances en raison principalement des circonstances politiques nationales, liées aux multiples crises qui ont affecté et secoué les Comores à la fin des années 90 et tout au long de la décennie des années 2000.
Il s'agit d'abord de la crise séparatiste survenue en 1997 à Anjouan et qui s'est développée jusqu'aux années 2000 ; en même temps, de la crise constitutionnelle née en 1999, suite au coup d'Etat du Colonel Azali ; puis, de la crise institutionnelle ayant eu trait aux conflits de compétences entre l'Union et les îles depuis l'élection des Exécutifs de l'Union et des îles en 2002 jusqu'en 2010 ; enfin, de la crise relative à la loi référendaire imposée par le Président Sambi en 2009.
Ces multiples crises étaient en rapport avec l'unité de la nation menacée, l'intégrité territoriale en danger, l'existence même des Comores remise en cause. Le leader de Djawabu que je suis s'était impliqué en coalisant avec d'autres mouvements politiques sans tenir compte ni de leur passé, ni de leur position idéologique pour réaliser les objectifs communs à tous. « Yehikaya le Twaifa ngilo ngamani,pvo kapvadokaya mifarka mindji.Wo wudzima wo wadjibu, yizo ndizo ye Mongozi yari unswiya ».
J'ai également pris part aux combats liés aux élections tant pour la Présidence de l'Union en 2002, pour les législatives de 2004 et celles des Gouverneurs en 2007. Elles se sont assez bien passées pour les présidentiels et couronnées de succès pour les législatives. Ce fut un échec cuisant pour celles des Gouverneurs. Nous sommes en train de faire l'évaluation de ce parcours afin de tirer les leçons qui s'imposent.
Je suis également en train de faire cette même évaluation pour la direction de Djawabu que j'assume depuis 1999.
3 - Pourquoi vous accrochez-vous à cette idéologie pendant que le citoyen comorien se dit qu'Ali Soilih est parti avec ses idées et qu'il ne reste plus personne qui le défend.
Effectivement, je me compte parmi les nombreux « soilihistes » qui continuent, contre vents et marrées, à militer pour l'avènement d'un régime révolutionnaire qui mettra en œuvre les politiques et le programme qu'il avait présentés au peuple comorien dans son plan intérimaire quinquennal 1978 -1982, lequel plan avait assigné au pays un objectif principal qu'est l'autosuffisance alimentaire, deux objectifs connexes que sont le plein emploi et le maintien pendant une durée déterminée, du niveau des recettes d'exportation. Qui peut me dire que ces objectifs ne sont plus pertinents ? Qui peut penser un seul instant que revendiquer Mayotte n'est pas à l'ordre du jour ? Qui peut soutenir que la restauration de l'autorité au sommet de l'Etat et la mise en place effective d'une administration fonctionnelle au service du développement n'est plus d'actualité ? Qui soutient que la révolution de nos mentalités, de nos mœurs et de nos pratiques rétrogrades, l'avènement d'un comorien nouveau débarrassé des tares de notre système traditionnel n'est pas recherché ?
Vous dites que le citoyen comorien se dit qu'Ali Soilih est parti avec son idéologie. De quel citoyen s'agirait-il? De celui qui souffre de la corruption qui sévit partout dans la société et dans les principales sphères de décision? De celui qui subit les affres de l'injustice de notre justice ? Ou, est-ce celui qui est méprisé par notre administration budgétivore, improductive au service de clans qui minent le développement ? Ou de celui qui continue de vivre dans la misère, la maladie, l'ignorance et l'obscurantisme ?
Ce seront cette minorité de gens que nous avons combattus hier et qui continuent de régner en maitres qui vous diront qu'Ali Soilih est parti avec son idéologie. Pas ceux qui se trouvent au bas de l'échelle sociale et qui ont tout intérêt à ce que la tolérance zéro pour l'injustice et la tolérance zéro pour la corruption et la mal gouvernance aient droit de cité.
Nous sommes nombreux à défendre les idéaux d'Ali Soilih qui, au contraire, connaissent un regain d'intérêt, voire une renaissance.
Propos recueillis par Ali M. Saïd
COMORES - KARIDJAPVENDZA
PS :Une Interview Bilan-Politique du Dr Youssouf Saïd Soilihi, paraîtra dans nos colonnes très prochainement.
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
Le journal de la diaspora comorienne en France et dans le monde : Information et actualité en temps réel 24h/24 et 7j/7.