Le mauvais garçon de la « Justice » se dit incorruptible, non corrompu et innocent. Le Procureur général Soilihi Mahmoud, « n...
Le mauvais garçon de la «Justice» se dit incorruptible, non corrompu et innocent.
Le Procureur général Soilihi Mahmoud, «notre ami du Président Ikililou Dhoinine», a fait très fort dans l'interview qu'il a accordée à La Gazette des Comores. Cette interview aurait pu s'intituler «Opération Rachat» ou «Le beau rôle», tant le Procureur s'est acharné à tenter de donner de lui-même l'image très lisse d'un fonctionnaire compétent et intègre, ce qu'il n'est pas, et tout le monde le sait et le dit. Son argumentation est entièrement fondée sur le mensonge, l'autoglorification, la pleurnicherie et la victimisation. Si des 26 magistrats comoriens, c'est Soilihi Mahmoud dont le nom est le plus cité en matière de corruption, c'est que cela a un sens: un pays entier n'allait pas se liguer contre un magistrat, en l'accusant haineusement de corruption. Sans faire le coup du «il n'y a pas de fumée sans feu», il faut se poser la question de savoir pourquoi une telle avalanche d'accusations contre un «innocent».
On sait que lundi 25 novembre 2013, lors de la remise du Rapport bidon au chef de l'État par les magistrats, certains de leurs collègues ont refusé de s'associer à un bidonnage honteux. Quand il parle d'eux, Soilihi Mahmoud n'a que du mépris à leur égard: «C'est un groupe de magistrats qui sabotent les travaux au Palais de Justice. Il y a eu trois réunions, il y avait à chaque fois une liste de présence signée par tous ceux qui ont été invités. Aujourd'hui, aucun magistrat ne peut dire qu'il n'a pas été convié. Ils ont tous été invités à Beït-Salam. Ils préfèrent boycotter le bon fonctionnement de la Justice. Ce sont des hommes animés de mauvaise foi. Ils ont une haine envers certains magistrats et bloquent le bon fonctionnement de la Justice. Ils ont des jugements qu'ils n'ont pas rendus et ne travaillent presque jamais. Il faut une solution car sans remède ils vont persévérer et continuer à semer la zizanie». En d'autres termes, «le coupable, ce n'est pas moi, ce sont les autres». C'est très comorien.
Quand le journaliste l'interroge sur les accusations de corruptibilité et de corruption portées contre lui, avec une mauvaise foi larmoyante, il assène: «Je respecte mon statut de magistrat. Je suis honnête et digne de mon travail. Je ne suis pas corrompu! Dans chaque cas de corruption, il y a un corrupteur et un corrompu. Que celui qui m'a donné de l'argent vienne témoigner. Je ne suis pas là pour répondre à qui que ce soit et je suis indifférent aux calomnies et aux diffamations. Je mène un combat contre les abus et les injustices. Je ne faiblirai pas! D'ailleurs, j'ai saisi la Commission Anticorruption pour qu'elle enquête sur la corruption au sein de la Justice. Que celui qui a des preuves les apporte». Soilihi Mahmoud «digne et honnête de son travail»? Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre? Quand il se dit «calomnié et diffamé», il ment.
Quand il dit combattre «les abus et les injustices», il affabule. Son système de défense s'effiloche et prend eau de toutes parts quand il dit, dans une sorte de défi: «Que celui qui m'a donné de l'argent vienne témoigner». Comment un corrupteur peut-il témoigner contre le corrompu? Le corrupteur n'a aucun intérêt à témoigner contre le corrompu car l'un et l'autre sont coupables et ont des choses à se reprocher. Aucun corrupteur ne viendra témoigner contre toi, Procureur général corrompu!
Tout le monde est au courant des graves accusations portées par Mohamed Ousseine, ancien Procureur de la République, sur le Procureur général Soilihi Mahmoud. Mais, quand on interroge ce dernier sur ce sujet brûlant, il crie à l'acharnement et au dénigrement haineux: «Un magistrat de parquet ne peut pas être corrompu car on ne traite pas des affaires civiles. On ne rend aucune décision! Moi, j'ai le devoir d'exécuter les décisions de la Cour d'Appel et d'appliquer les arrêts de la chambre d'accusation. Quand un peuple est ignorant certains en profitent pour propager n'importe quoi. C'est un règlement de compte et je n'entre pas sur ce terrain. Il y a eu plusieurs procureurs remplacés, aucun n'a fait une sortie médiatique pour accuser un tel ou un autre. J'ai moi-même occupé ce poste à maintes reprises, j'ai toujours respecté la déontologie de mon métier et mon devoir de réserve. Vous savez, il y a eu des magistrats comme Azad et Mourad Saïd Ibrahim, qui ont choisi de délaisser leurs robes de magistrats pour devenir avocats, et aucun d'eux n'a dénigré qui que ce soit».
Les Comoriens ne sont pas ignorants. L'obligation de réserve a bon dos. Deux magistrats se taisent, d'autres parlent. Quand il dit qu'à son poste, il est impossible d'être corrompu, Soilihi Mahmoud ment comme un Sénateur et un arracheur de dents réunis. La preuve? Il est corrompu.
Mais, là où il obtient la Palme d'Or de la Mauvaise Foi, c'est quand il fait ce que les Mohéliens honnêtes lui dit de ne jamais faire, à savoir associer le nom de leur île à ses affaires de corruption: «Si certains veulent m'éjecter parce que je suis Mohélien, c'est qu'ils se trompent, parce qu'à Mohéli, c'est un Grand-Comorien et un Anjouanais qui sont à la tête du Palais de Justice. C'est mesquin de réfléchir de la sorte». Ce qui est hallucinant dans sa réflexion, c'est que personne ne lui parlait de Mohéli, il ramène sa fraise sur le sujet. Ensuite, personne ne l'a accusé de corruptibilité et de corruption parce qu'il était Mohélien, mais parce que corruptible et effectivement corrompu. Il n'est pas le seul Mohélien qui occupe un poste important, mais si on parle de lui, d'Abiamri Mahmoud et d'Aladine Daroumi le plus souvent, c'est parce qu'ils sont les plus corrompus de tous les fonctionnaires mohéliens de haut niveau.
Et puis, Soilihi Mahmoud a oublié le plus important des détails: ce ne sont pas seulement les Grands-Comoriens et les Anjouanais qui détestent ses pratiques; les Mohéliens aussi, et plus que les Grands-Comoriens et les Anjouanais. D'ailleurs, quand on connaît le mépris des Mohéliens envers Soilihi Mahmoud, la méfiance des Anjouanais et des Grands-Comoriens ressemble à un coucou fait à un lardon boutonneux qui fête son 5èmeanniversaire. Le tout-Mohéli maudit les magouilles qui ont conduit le Procureur général Soilihi Mahmoud à faire signer des actes de propriété et de donation de terrains situés à Mohéli à un Grand-Comorien qui n'a jamais été à Mohéli et qui n'y a aucune propriété. Il a commis des dégâts monstrueux à Fomboni, sur des affaires de propriétés immobilières. La maison dans laquelle il vient de célébrer son très somptueux Grand Mariage, qui restera dans les annales, a été entièrement construite par des prisonniers, à qui il n'a versé aucun centime. Au Palais de Justice de Fomboni, où il a déjà sévi, il a laissé le souvenir d'un charognard. Chez lui à Fomboni, il a profité de son statut de Procureur pour tenter de s'attribuer des terrains relevant d'un héritage dans lequel il ne pouvait avoir un statut d'ayant-droit. L'affaire a fait beaucoup de bruit dans la capitale mohélienne. Pour tout dire, il est plus maudit à Mohéli que sur les autres îles. Les Mohéliens sont plus nombreux à souhaiter son renvoi et son jugement devant un vrai magistrat pour corruption que les Grands-Comoriens et les Anjouanais. Et puis, les Mohéliens sont des gens très sensibles, ombrageux et chatouilleux: le jour où les magistrats anjouanais et grands-comoriens feront des bêtises, les Mohéliens ne se priveront pas de les dénoncer, sans évoquer leurs origines insulaires.
L'homme Soilihi Mahmoud revient aux péroraisons et ment comme il respire quand on lui demande ce qu'il faut faire pour éradiquer la corruption qui gangrène la «Justice» aux Comores: «La corruption date de l'époque coloniale. Elle est partout au sein de la société, dans les services comoriens. La Justice n'est pas épargnée. Il faut un Conseil national de la Magistrature pour sanctionner les magistrats. Le statut de magistrat est particulier. S'il y a des dysfonctionnements et des mauvais comportements, c'est parce qu'il n'y aucun organe pour sanctionner. Je respecte mon statut et la déontologie, ce qui n'est pas le cas de certains magistrats qui ont des jugements datant de 2 ans et qui ne sont toujours pas rendus. Leur absentéisme au travail est inadmissible». Menteur! Que vient faire l'époque coloniale dans les saletés des Comores 38 ans après l'indépendance? Un magistrat honnête n'a pas à dire qu'il est corrompu car la corruption «est partout au sein de la société». Soilihi Mahmoud ment quand il claironne que «Je respecte mon statut et la déontologie», quand il accuse autrui. Rien de ce qu'il dira ne fera de lui un fonctionnaire respectable aux yeux des Comoriens.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 28 novembre 2013.