Dans le sud-ouest de l'Ethiopie, des hommes concourent au titre de plus gros de la tribu. Rapides et longilignes. C'est l’image ...
Dans le sud-ouest de l'Ethiopie, des hommes concourent au titre de plus gros de la tribu.
Rapides et longilignes. C'est l’image qui colle à la peau des Ethiopiens et des Kényans, dont les principaux représentants sur le plan international sont les coureurs de fond. Pourtant le cliché supporte mal l’épreuve des faits. Quelque part entre Addis-Abeba et Nairobi, la tendance serait même plutôt inverse.Pour la tribu Bodi, qui vit au sud-ouest de l’Ethiopie, les champions ont un profil bien différent de celui des athlètes qui font la fierté de la nation explique le Dailymail. Ici, les sportifs sont immobiles et se contentent de manger toute la journée. Leur objectif: devenir le plus gros de la tribu.
«Devenir gros est le rêve de tout enfant Bodi», témoigne Eric Lafforgue qui s’est rendu dans la vallée de l’Omo pour les photographier. Chacun espère pouvoir prendre part à la cérémonie du nouvel an Ka’el, au cours de laquelle l’homme le plus en forme devient le héros du village.
«Six mois avant la cérémonie, le concours commence: Chaque famille présente un homme célibataire qui se retire dans une hutte. Il n’en bougera pas. Sa nourriture sera uniquement composée d’un mélange de lait et de sang de vache», détaille Lafforgue.
Cette mixture riche qui permet de faire gonfler le ventre du participant est difficile à ingérer: «Les hommes boivent le mélange toute la journée. Le premier bol est servi au lever du soleil dans un endroit déjà envahi par les mouches. L'homme doit boire rapidement avant que le cela ne coagule mais certains ont du mal à tout avaler et vomissent», poursuit le photographe.
Lorsque vient le jour tant attendu, les plus gros ont du mal à marcher:
«L’un d’eux m’a demandé s’il pouvait monter dans ma voiture pour aller à la cérémonie raconte Lafforgue. Une fois dans le véhicule, il commença à boire du lait et du sang en disant qu’il voulait continuer à grossir jusqu’au dernier moment.»
Arrivés sur le lieu de la procession, les participants couverts d'argile et de cendre paradent autour d'un arbre sacré pendant plusieurs heures avant que l'un d'entre eux soit désigné. L'élu gagne ainsi le respect de ses pairs pour le restant de ses jours. Mais les derniers vainqueurs ne sont pas sûrs de pouvoir profiter de leur aura bien longtemps. Car le barrage Gilgel Gibe III pourrait contraindre les Bodi à l’exil. La construction de cet édifice, clé de voûte d’un vaste projet d’irrigation, menace en effet de réduire le niveau de la rivière Omo et de rationner ainsi les ressources des Bodi et d’autres tribus alentours.
C’est en tout cas le «désastre» que craint l’association Survival, qui se bat pour la reconnaissance des droits des peuples indigènes. L’ONG dénonce les conséquences sur l’environnement du projet du gouvernement éthiopien de détourner l’eau du fleuve pour irriguer les plantations de sucre. Une mesure qui risque d’affecter « un demi-million de riverains autochtones » en interrompant la crue naturelle de la rivière et en asséchant le lac Turkana dont toute la partie méridionale se trouve au Kenya. Ce qui ne manque pas de provoquer le courroux de Nairobi.
Lu sur Daily Mail, Survival
Afrik 53.com