Il bruit des soupçons de pressions des Comoriens d'origine anjouanaise sur les autorités judiciaires et sur le gouvernement pour obten...
Il bruit des soupçons de pressions des Comoriens d'origine anjouanaise sur les autorités judiciaires et sur le gouvernement pour obtenir l'exfiltration de l'ancien Directeur National de la Sûreté du Territoire, Abou Achraf, accusé de vente illégale de passeports et de détournements de fonds dans le cadre de la citoyenneté économique. Certains internautes agitent sur la blogosphère le spectre d'une nouvelle sécession de l'île d'Anjouan car ils ne peuvent pas envisager l'emprisonnement d'une personnalité d'origine anjouanaise oubliant trop rapidement que des ministres de la République, c'est à dire des personnalités au rang protocolaire plus important que le Directeur National de la Sûreté du Territoire, avaient déjà passé un séjour en prison sous la présidence de Sambi sans que l'île de Ngazidja dont étaient originaires ces ministres ait proféré des menaces de sécessionnisme.
La tournure politique nauséabonde que prend ce scandale démontre que les braises du séparatisme ne sont pas encore éteintes. Non le monstre n'est pas mort. Le séparatisme anjouanais a encore de beaux jours devant lui et la Nation continuera encore à afficher sa tête des mauvais jours car au lieu d'être jugés et sommés de présenter leurs excuses à la Nation brisée et outragée, les responsables de ce crime contre la Nation ont été recyclés et promus à des postes de responsabilité dans les institutions politiques, administratives et militaires de l'Union. Il existe aux Comores une jurisprudence constante en faveur des personnes qui commettent des actes portant atteinte à l'unité du pays.
Le principal animateur d'Embargo, le mouvement sécessionniste mohélien du début des années 1990, n'a-t-il pas été nommé Ministre de l’équipement puis Directeur de cabinet du Président de la République et Chargé de la Défense ? Les organisateurs de la chasse à l'homme contre les Anjouanais à Ngazidja en avril 1999 n'ont jamais été inquiétés. Ains i va le pays. La classe politique comorienne, à l'exception des partis Chouma et FNJ, a fait adopter par le peuple comorien le 23 décembre 2001 une constitution censée "garantir la poursuite d'un destin commun entre les Comoriens" et " permettre aux îles de promouvoir leur développement socio-économique" (sic) afin, semble-t-il, d'éradiquer le séparatisme. Il a fallu un débarquement militaire (troupes comoriennes, tanzaniennes et soudanaises) à Ndzouani le 25 mars 2008 pour que cette île repasse sous juridiction comorienne. Le feu du séparatisme couve toujours sous la cendre malgré cette nouvelle loi fondamentale et malgré cette réunification obtenue au forceps.
En instituant une présidence tournante entre les îles, la constitution du 23 décembre 2001 amendée le 17 mai 2009 n'a ni "garanti la poursuite d'un destin commun entre les Comoriens" ni "permis aux îles de promouvoir leur développement socio-économique". Nous avons besoin de l'autonomie des îles ca r parce qu'elle rapproche l'administration des citoyens et parce que le niveau infra-étatique peut être plus efficace que le niveau étatique pour traiter les problèmes dans certains domaines. Nous devons par contre mettre fin à la présidence tournante car elle dilue davantage le sentiment national et conforte le chauvinisme insulaire. Les Présidents sont prisonniers des lobbys insulaires "yinu nde yatru". En fait, cette constitution garantit seulement l'accession, à tour de rôle, à la magistrature suprême du pays de politiciens originaires des différentes îles composant l'Union des Comores et la nomination à tour de bras à des postes de responsabilité de personnes choisies essentiellement voire uniquement en raison de leur naissance dans l'île d'origine du Chef de l'Etat.
Les 5 ans de pouvoir de Sambi dans le cadre de la tournante anjouanaise n'ont pas sorti les paysans de Nyumakélé de la pauvreté. Et rien ne garantit que Mohéli disposera d'un port et d' un aéro port dignes de ce nom au terme du mandat de Ikililou. Certains politiques militent pour le maintien de la tournante pour permettre l'élection à la Présidence de l'Union en 2016 d'un Comorien originaire de Mayotte. J'ai envie de leur répondre que la restauration de la souveraineté comorienne à Mayotte et le développement du pays ne seront pas tributaires de l'origine du prochain Président de l'Union mais plutôt de sa compétence, de son intégrité et de son patriotisme. Je veux aussi leur rappeler qu'un Comorien originaire de Mayotte, en l'occurrence Feu Said KAFE n'a pas fait avancer d'un iota le dossier de Mayotte bien qu'il ait passé 7 ans (un record aux Comores) à la tête de la diplomatie comorienne.
Abdourahamane Cheikh Ali