Ca y est, la délégation de magistrats envoyés par le ministère de la justice à Paris est arrivée jeudi dernier à Mayotte. Elle est venue ...
Ca y est, la délégation de magistrats
envoyés par le ministère de la justice à Paris est arrivée jeudi dernier
à Mayotte. Elle est venue inspecter les dysfonctionnements au sein du
tribunal et notamment les différends qui opposent les deux juges
d'instruction. Mais il s'agit aussi d'examiner à la loupe le très gênant
Hakim Karki pour essayer de le déboulonner. Ce sera difficile puisque
c'est l'un des meilleurs au sein même du palais. Il traite en tout cas
30 % de dossiers en plus que son homologue et il sera difficile de lui
trouver des poux dans la tête d'autant qu'il est soutenu par de nombreux
magistrats qui lui donnent raison. La délégation devrait ainsi plutôt
se pencher sur d'autres dysfonctionnements dont un est assez incroyable.
Avant le 1er avril 2011 et la création du tribunal de Grande Instance et de la Chambre d'appel, la justice fonctionnait avec un TSA (Tribunal Supérieur d'Appel). Des logements de fonctions appartenant au ministère de la justice étaient alors alloués au président, au vice président et au procureur général. Ces logements sont situés rue de l'hôpital juste en face du centre des impôts à Mamoudzou en contrebas du commissariat de police posé à une cinquantaine de mètres. Jean-Louis Bec, Jean-Baptiste Flory, Paul Baudoin, François Sémur, etc, etc, ont ainsi bénéficié pendant des années de ces logements très confortables en plein coeur du chef-lieu. Ce sont de grandes bâtisses, notamment celle du président avec un magnifique parc arboré, des dépendances, des immenses terrasses de réception non sans rappeler un certain style colonial. En tout cas, la valeur patrimoniale de ces immobiliers est considérable au regard des prix du marché mahorais. Pourtant, aujourd'hui, il n'y a plus personne et ce depuis des mois. Les magistrats ont déserté les propriétés qui vieillissaient et devaient subir des travaux.
Avant le 1er avril 2011 et la création du tribunal de Grande Instance et de la Chambre d'appel, la justice fonctionnait avec un TSA (Tribunal Supérieur d'Appel). Des logements de fonctions appartenant au ministère de la justice étaient alors alloués au président, au vice président et au procureur général. Ces logements sont situés rue de l'hôpital juste en face du centre des impôts à Mamoudzou en contrebas du commissariat de police posé à une cinquantaine de mètres. Jean-Louis Bec, Jean-Baptiste Flory, Paul Baudoin, François Sémur, etc, etc, ont ainsi bénéficié pendant des années de ces logements très confortables en plein coeur du chef-lieu. Ce sont de grandes bâtisses, notamment celle du président avec un magnifique parc arboré, des dépendances, des immenses terrasses de réception non sans rappeler un certain style colonial. En tout cas, la valeur patrimoniale de ces immobiliers est considérable au regard des prix du marché mahorais. Pourtant, aujourd'hui, il n'y a plus personne et ce depuis des mois. Les magistrats ont déserté les propriétés qui vieillissaient et devaient subir des travaux.
Le procureur de la République est par exemple désormais basé aux 100 villas dans une coquette maison à 2000 euros par mois de loyer. La présidente Marie-Laure Piazza a quant à elle préféré sortir du chef-lieu et filer au Nord, là aussi dans une belle maison de bord de mer avec vue imprenable sur lagon et piscine pour un loyer encore supérieur réglé par le ministère de la justice. Le problème est que plus personne n'habite, n'entretient, ne garde les anciennes maisons de fonctions qui sont purement et simplement abandonnées. France Mayotte est rentré dans les jardins puisque les grilles sont ouvertes et le journaliste sur place a reçu un coup sur la tête par un individu qui voulait s'emparer de son appareil photo. Car les lieux sont devenus un véritable coupe gorge investis par la délinquance, les voleurs et receleurs qui ont fracassé portes et volets, pillé tout ce qu'il y avait à prendre avant d'en faire des QG où les marchandises sont entreposées. Un téléviseur écran plat, des ordinateurs, des téléphones se retrouvent un peu partout. Certains sont en état de marche, les autres ont été brisés et reposent dans les parcs au milieu d'une végétation qui a envahi les chambres, les toits.
Les belles bâtisses sont en ruine, les tags ont remplacés les cadres et photos de présidents, l'urine et les excréments embaument toutes les pièces, il n'y a plus rien qui tienne encore debout. Un réfrigérateur est là, oublié après qu'une porte métallique ait été éventrée. Des centaines de dossiers de justiciables se retrouvent dans une dépendance, abandonnés aux rats et à l'humidité dans l'ancienne maison du procureur. La visite des lieux fait mal au coeur les vandales se sont attaqués à tout, au volets, aux fenêtres, aux toits, aux plafonds, des feux ont même été allumés et ce, au nez et à la barbe de la justice mais aussi des policiers basés à quelques mètres. Comment est-il possible d'avoir délaissé un tel patrimoine dont la valeur doit largement dépasser le million d'euros ? Le spectacle est tout bonnement incroyable à une heure où la justice mahoraise est sans le sou, ne paye pas ou difficilement ses traducteurs et les experts avec qui elle doit travailler. Le transport posthume sur réquisition n'est pas payé, les médecins légistes ne sont pas payés, les prestataires de tous poils ne sont pas payés et aucune annonce judiciaire et légale n'est diffusée dans la presse lorsque l'obligation de publicité des jugements s'impose au tribunal.
Mais celle-ci n'a pas les moyens et fait des économies de tout, pas de son patrimoine en train de pourrir. Il vaut donc mieux que le ministère finance des logements de fonctions somptueux aux chefs de juridiction pour leur confort quand les justiciables font la queue dehors, sous le soleil, sous la pluie, assis par terre puisqu'il n' y a pas de sièges. Le distributeur de tickets de passage est resté allumé et bloqué sur 87 depuis 3 ans, un niz de guêpes s'est même installé dessus. Il n'y a pas d'argent ! La cité judiciaire est dans les tuyaux depuis des années, elle devrait coûter une dizaine de millions mais la crise est là. La revente des immobiliers aurait pu servir, mais l'état dans lesquels ils sont aujourd'hui fait que la valeur ne sera plus celle qu'elle aurait dû être. L'argent public a été jeté par les fenêtres, il s'agit d'un véritable scandale qui pour Paris est visiblement bien moins important que le cas du juge d'instruction Hakim Karki qui fait parfaitement son boulot mais ennuie des gendarmes et des policiers impliqués dans un trafic de stupéfiants en bande organisée. Il y a un problème, il y a un sérieux malaise et encore une fois, il serait bon que la garde-des-Sceaux Christiane Taubira pose les bonnes questions et qu'il lui soit accordé les bonnes réponses. Mais l'ironie dans tout cela, c'est que les bâtiments du ministère abritent désormais la délinquance qui a trouvé un toit et ce, grâce à l'appareil judiciaire mahorais.
Source : France Mayotte matin
Source : France Mayotte matin