Le Président du détachement, indifférence et narcissisme arrogant. «On ne réveille jamais quelqu'un qui ne dort pas», me lança un d...
Le Président du détachement, indifférence et narcissisme arrogant. «On ne réveille jamais quelqu'un qui ne dort pas», me lança un des plus grands serviteurs de l'État comorien, et même du territoire des Comores sous l'autonomie, et quelques jours avant, un homme de sa génération disait: «Tout ça finira mal, tant que ce chef d'État ne veut pas admettre que son avènement n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une vie de combat et de militantisme. Je me souviens encore du jour où, encore Vice-président, accompagné de son âme damnée, Sitti Kassim, tous deux passèrent devant moi, dans le salon d'une maison de Fomboni sans même me jeter un regard».
De quoi se plaignent ces deux personnalités, qui sont des pères pour beaucoup de Mohéliens? Elles se plaignent parce qu'elles ignorent qu'en 2010, lors des élections, quand un proche du futur Président dit à ce dernier qu'une élection de chef d'État est une affaire tellement sérieuse qu'il faut mobiliser tous les gens qu'on connaît, il lança: «Moi, je n'appelle personne parce que je ne veux pas qu'on me fasse confiance pour un appel téléphonique, mais par conviction que je suis le meilleur des candidats et que je suis le seul aujourd'hui en mesure de sauver les Comores et les Comoriens». Ne doutez pas: tous ces propos sont absolument authentiques et permettent de saisir l'ambiance d'arrogance et de morgue dans laquelle baigne Ikililou Dhoinine depuis qu'il avait reçu l'assurance d'être le poulain d'un mauvais psychologue appelé Ahmed Sambi.
Dans son roman magistral, 1984, George Orwell est l'auteur d'une perle: «La liberté, c'est la liberté de dire que 2 et 2 font 4. Quand ceci est accordé, tout le reste suit». Or, aujourd'hui, 2 et 2 ne font pas 4, mais 5. En effet, les statistiques ont cessé d'être une discipline basée sur les mathématiques et l'exactitude, mais sur les agissements d'un être outrancier, cynique, qui diabolise des ennemis imaginaires, se crée des ennemis, m'as-tu-vu, porte des jugements définitifs, affiche un comportement hautain, méprisant, rancunier, veut imposer une autorité et une personnalité qu'on lui conteste, aime s'entourer de pinceurs de fesses de petites secrétaires. De fait, avec Ikililou Dhoinine, les mathématiques ont cessé d'être une science exacte car avant lui aucun Président comorien n'a suscité autant de lettres ouvertes, autant d'articles au vitriol, autant de remontrances, autant de critiques acerbes. Mais, tout ce travail de rappel à l'ordre n'a eu plus d'effets qu'une cuillère d'eau douce devant adoucir les eaux de l'océan Indien, à Mapo Ya Chingo, à Djoiezi.
Pour la première fois de leur Histoire, les Comoriens n'ont personne à qui adresser leurs doléances. Ils s'adressent à un mur, un mur de suffisance, arrogance, narcissisme et morgue. Il est vrai que la classe politique est morte depuis le 26 mai 2011. Pourtant, il se trouve encore des gens pour attirer l'attention du chef d'État sur les dangers qui planent sur la République: corruption indécente des proches du Président et du Président lui-même, mépris des proches et du Président envers les gens, descente aux enfers de la «Justice», manque de vision étatique de la part du Président et de ses proches, infantilisme et infantilisation des institutions, etc.
Ne sachant pas qui est vraiment Ikililou Dhoinine, les barons de la classe politique de l'île de Mohéli avaient décrété l'apaisement, histoire de ne pas gêner le Président. Rapidement, ils se rendirent compte que leurs états d'âme ne valaient pas plus qu'une fourmi changeant de sexe dans le Mato Grosso: un non-événement. Toutes ses décisions sont porteuses d'une forte dose de mépris. Quand des acteurs politiques de Grande-Comore, Anjouan et de Mohéli le sollicitent, il refuse de les recevoir. Quand un de ses collaborateurs daigne discuter avec ces personnalités, il refuse systématiquement d'avaliser la discussion. Il s'en fout. Il s'en fout au carré. Sans vouloir sucrer les fraises, tout le monde peut se rendre compte qu'il a placé toute sa présidence sous le signe du détachement et de l'indifférence. Pour s'en convaincre, il suffit à peine d'analyser la configuration des nominations auxquelles il procède. Même quand il nomme un Docteur, il fait tout pour l'exiler là où il ne sera d'aucune utilité. Le gouvernement d'échec et de deuil qu'il a imposé aux Comoriens comporte quatre Docteurs, mais dispersés aux quatre vents, comme si leur nomination a été faite par un congrès d'ivrognes ivres et saouls. Jamais gouvernement dans le monde ne compte autant de Docteurs, mais à quoi bon? Quand la provocation atteint un tel sommet, elle devient un crime d'État. Mais, il s'en fout.
Un Président qui prend des décisions explosives avant de voyager est tout sauf un homme responsable. Quand on est responsable, on ne se rabaisse pas à ces pratiques dignes d'un être peureux. Une fois de plus, il doit savoir qu'«un Président décide et rassure». Pour décider, il décide, mais en prenant les pires des décisions. Quant à rassurer, il ne se rassure même pas lui-même, puisqu'il fuit ses propres décisions. Quel courage! Quel sens de l'État! Pauvres Mohéliens regroupés au sein de la Coordination politico-administrative (CPA), eux qui croient que leur homme de Beït-Salam va lire leur belle littérature sur les maux qui rongent ce beau pays. Ce 2 septembre 2013 encore, ils ont rédigé leur Communiqué n°7, pointant du doigt tous les malheurs qui tuent ce beau pays. J'ai dit à leur aimable chef de ne pas perdre du temps car on ne s'adresse pas à un mur. Un mur, on le construit, on le détruit ou on l'arrange. Or, le mur présidentiel ne présente qu'une alternative: il faut l'ignorer. Il faut l'oublier.
Mercredi 4 septembre 2013, un de mes jeunes voisins de Djoiezi a posté sur Facebook le message sur lequel on peut lire ce qui suit: «En 2010, lors des campagnes pour la tournante, j'ai vu de mes propres yeux à la télévision, des Anjouanais de Mutsamudu avec une chèvre habillée en chemise et prétendant que cette chèvre demande la tournante. Et ils parlaient à cette chèvre ainsi: HÉ BOUZI INI ANBA NA OUSTSAHA TOURNANTE, HÉ WAWÉ. Et c'était filmé et ça passait dans les chaînes de télévision. C'est choquant, le Mohélien qui réclame la tournante est assimilé à une chèvre. Je n'écris pas pour attiser une haine contre nos confrères d'Anjouan mais je lance un cri d'alarme AMANI YATROU WANDZOUANI, KIYASSI IVO et trop c'est trop MOURI BONÉYA KIYASSI».
Mon jeune voisin a raison de s'élever contre ce mépris insulaire, mais en même temps, nous devons tous nous regarder dans le blanc des yeux et nous demander si Ikililou Dhoinine, par son comportement actuel de chef d'État, aide les autres Comoriens à avoir une meilleure opinion des Mohéliens. À mon humble avis, NON! Il a trop voulu s'affirmer, et il s'affirme de manière négative, par le mépris et en vivant déconnecté du monde. Le traitement qu'Ikililou Dhoinine réserve aux Mohéliens est pire que celui réservé aux chèvres. Aucun Mohélien n'a traité les Mohéliens avec autant de mépris que le Mohélien Ikililou Dhoinine, et c'est triste. Tout le monde est au courant des vannes racistes et chauvines qu'on balance aux Mohéliens. Personnellement, je m'en fous et j'ai pitié des auteurs de ces vannes. En même temps, les élites mohéliennes doivent donner la preuve de leur respectabilité, sans dire que les autres font pire. Qu'elles fassent mieux.
Quelle est cette école qui forme des chefs d'État qui doivent se déconnecter des réalités de leur pays et mépriser les doléances du peuple? Depuis quand un chef d'État peut croire que le suffrage universel lui donne tous les droits et fait de lui le meilleur des hommes? Ceux qui ont la possibilité d'approcher le Président n'ont pas toujours la tâche facile car cet homme n'a aucune capacité d'écoute. Entendre le son de sa propre voix lui suffit. C'est ce qui a provoqué le naufrage de sa présidence, que nous espérions tous exemplaire. Adieu rêves et illusions, et bonjour les dégâts.
Par ARM
© www.lemohelien.com Vendredi 6 septembre 2013