La Directrice de la Fonction publique «coupable» de droiture . Madame Koulthoum Djamadar, licenciée pour son sens de l’État et de la Loi ...
La Directrice de la Fonction publique «coupable» de droiture .
Madame Koulthoum Djamadar, licenciée pour son sens de l’État et de la Loi
Tel
Comorien qui a fait une partie de ses études supérieures à l’École
nationale d’Administration publique (ÉNAP) de Rabat, notamment du milieu
à la fin des années 1980, même s’il n’était pas dans la même promotion
que Madame Koulthoum Djamadar, la connaît forcément. Il se réjouit sans
s’étonner quand il apprend que celle-ci est tellement à cheval sur les principes qu’elle a été surnommée «La Dame de Fer» ou «Madame Blocage», et est scandalisé en apprenant son licenciement pur et simple. Un licenciement abusif. Ce scandale aurait été «acceptable»
si on avait une faute à lui reprocher. Mais, on ne lui reproche qu’une
chose: son attachement aux règles du métier. Un métier qu’elle a appris à
l’ÉNAP de Rabat, le Temple de l’Intérêt général et de l’Ordre public,
dont le cursus comprend une discipline appelée «Fonction publique».
On se souvient encore de l’interview qu’elle avait accordée à Al Watwan, le 30 janvier 2013, interview au cours de laquelle elle avait déclaré en substance: «Je suis là pour respecter les règles», «La volonté politique est là. Le Président de la République n’a jamais cessé de le répéter, et personnellement, je l’ai entendu», «L’Administration
comorienne n’est pas prête pour les réformes. Une mauvaise volonté est
même affichée par certains responsables techniques. Je préfère avoir
quelqu’un qui ne comprend rien que d’avoir quelqu’un qui ne veut rien
faire. Des secrétaires généraux ne veulent pas de cette réforme.
Certains cadres croient pouvoir prendre en otage tout un État!».
Une
chose est certaine: quand on a été à l’ÉNAP de Rabat et quand on a bien
écouté les professeurs, au cours des quatre ans de Cycle normal ou de
sept ans incluant le Cycle supérieur, on suit un cursus qui s’ordonne
autour de deux concepts et de deux concepts seulement. Pas trois
concepts ou quatre, mais deux: «L’Intérêt général» et son vecteur qu’est le service public, et «l’Ordre public»
(salubrité, tranquillité et sécurité publiques) et son outil de
prédilection qu’est la Police administrative. Or, où a-t-on vu de
l’intérêt général et de l’ordre public aux Comores? Nulle part. Comment
un cadre de haut niveau comme Madame Koulthoum Djamadar peut travailler
dans une administration au sein de laquelle elle se retrouve seule et
désespérément seule en train de parler un langage administratif? Quelles
sont les chances de survie d’un cadre bien formé dans une
Administration dont les principaux animateurs n’ont aucune formation
juridique, en général, et administrative, en particulier? Chacun connaît
la réponse à ces questions lancinantes. Passons…
D’ailleurs, le jour où le «Premier ministre»
Saïd-Mohamed Ali Saïd, affublé du titre de secrétaire général du
gouvernement, a reçu Madame Koulthoum Djamadar pour lui signifier
qu’elle n’avait commis aucune faute, ni aucune illégalité, on a senti la
différence énorme qui existe entre une personne qui a appris le métier
qu’elle exerce et une personne qui a été choisie pour de basses
manœuvres politiciennes entre Ikililou Dhoinine et le demi-frère, le
Gouverneur Mohamed Ali Saïd. Il faudra d’ailleurs que Saïd-Mohamed Ali
Saïd nous parle un jour du domaine dans lequel il a fait ses études
supérieures car on n’a jamais vu une personne sensée et intelligente
dire à un grand commis de l’État: «Tu as été licenciée parce que tu faisais bien ton travail et qu’on n’a rien à te reprocher».
C’est d’une bêtise crasse… Si aux Comores, on était dans un pays
normal, c’est Madame Koulthoum Djamadar qui aurait dû être à la place du
«Premier ministre» Saïd-Mohamed Ali Saïd.
Le
ministre Anliane Ahmed n’est pas sorti grandi de l’affaire, lui qui,
pour expliquer le licenciement de Madame Koulthoum Djamadar, se contente
d’un lapidaire «Elle ne respecte pas sa hiérarchie».
Quelle hiérarchie? Une bande de corrompus récalcitrants? On croit
rêver. Le 22 mai 2013, n’est-ce pas le Président de la République qui
rendait hommage au travail accompli par Madame Koulthoum Djamadar en parlant de «l’amélioration de la gestion des ressources humaines» et de «l’assainissement du fichier des agents de la Fonction publique»? Alors, comment peut-on, un jour, reconnaître la qualité du travail accompli, et le lendemain, licencier l’artisan de ce travail réussi dans l’un des secteurs les plus corrompus des Comores?
Dans
tout ça, une lueur d’espoir est apparue quand le personnel de la
Fonction publique avait observé une grève de soutien à la «Dame de Fer».
Triste destin tout de même que de voir un État former des cadres de
valeur et leur refuser le droit et même l’obligation de donner à leur
pays ce qu’il y a de meilleur en eux. C’est avec des méfaits de ce genre
que plusieurs cadres comoriens préfèrent vivre de petits métiers à
l’étranger que de confronter la mauvaise foi et la duplicité d’autorités
supérieures aux allures d’analphabètes semi-bilingues.
Par ARMLu sur www.lemohelien.com