Une interview accordée par Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed. Principal Animateur du Mouvement Comores Alternatives. Vous êtes devenu très actif...
Une interview accordée par Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed.
Principal Animateur du Mouvement Comores Alternatives.
Vous êtes devenu très actif ces derniers temps, multipliant les rencontres populaires, mais aussi avec des décideurs et médias comoriens et étrangers, vous claironnez partout votre chance de devenir, en 2016, le nouveau Président des Comores, à telle enseigne qu'un expert a dit de vous: «Les électeurs comoriens sont devenus tellement imprévisibles qu'ils pourraient placer Saïd-Abdillah à la tête de l'État comorien en 2016». D'où vous vient cette certitude qui vous fait dire partout que vous serez le prochain Président des Comores, alors que les Comoriens ne vous connaissent pas assez?
La sociologie politique et la sociologie électorale des Comores travaillent en notre faveur. En plus, il y a aux Comores, une véritable soif de renouveau. Le peuple est fatigué de voir les mêmes têtes, qui ne font rien pour le pays, d'ailleurs. C'est ce qui explique le renvoi du Président sortant de Grande-Comore en 2007 et 2010. Cela explique aussi l'élection d'Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine, qui n'appartiennent pas au monde politique, mais sont devenus politiciens par accident, par la lassitude d'un peuple qui veut entendre de nouvelles voix, voir de nouveaux visages, entendre un autre son de cloche. Je constate également que le peuple comorien ne croit plus aux partis politiques classiques, qui ne représentent plus une alternative crédible. Ces partis sont usés jusqu'à la trame. Le peuple comorien a gagné en maturité et aspire à une classe politique plus soucieuse du bien commun. Il est en train de «renvoyer auprès de leurs mamans» des politiciens qui ont profondément déçu, démérité et «fauté». N'oublions pas les limites de la gestion de ceux qui étaient au pouvoir hier, et qui ont fait beaucoup de mal au pays. Pour ce qui est de ma notoriété, elle se fait chaque jour, dans le pur style de Thomas Yayi Boni, un banquier qui est arrivé à damer le pion aux grands seigneurs et barons de la classe politique du Bénin. C'est ça, faire de la politique aujourd'hui.
Pourtant, vous savez bien que la classe politique comorienne est jonchée de cadavres politiques et de jeunes loups aux dents bien acérées qui essaient plus ou moins de remuer, qui proposent des projets de société, et qui disposent de beaucoup de moyens financiers, de plus de moyens financiers que vous.
Tirons les enseignements de l'élection présidentielle de 2010, quand on a vu un candidat et ses partisans distribuer, en 24 heures et à la veille du premier tour, 75 millions de francs comoriens dans la seule île de Mohéli, mais sans figurer parmi les 7 premiers candidats! C'est ça, l'espoir de la démocratie aux Comores, une démocratie «démonétisée», éloignée des partis sans projets. On ne peut pas passer son temps à faire des élections avec de l'argent, aux origines douteuses en plus. Aux Comores, des gens qui s'agitent et qui se piquent de faire de la politique, ce n'est pas ce qui manque. Mais, rares sont ceux qui peuvent proposer un projet réaliste, réalisable, sincère et crédible. Notre mouvement politique, Comores Alternatives, est en mesure de relever le défi du réalisme, de la crédibilité et de la sincérité. Nous disposons des femmes et des hommes de la situation, contrairement à certains «grands» partis, dont la composition se limite au Président ou au Secrétaire général, sans troupes, sans projet viable, mais cherchant juste un poste de survie politique.
Pourquoi les Comoriens devraient-ils vous faire confiance, après toutes les déceptions qu'ils ont subies au cours des années?
Malgré le recours massif à l'argent sale pour financer certaines campagnes électorales, les Comoriens savent faire la part des choses et savent qui est sincère et qui fait de la démagogie.
Nous présentons un programme d'une grande visibilité et lisibilité: allègement des institutions publiques, notamment par la suppression des postes de Vice-présidents, redéploiement de l'Administration à travers tout le territoire pour créer de nouvelles dynamiques et synergies, en rapprochant l'Administration des administrés, en créant de l'emploi réel dans les Comores «réelles et profondes», autonomisation financière et monétaire des Comores, développement de l'activité semi-industrielle, transformation industrielle des produits agricoles et halieutiques comoriens, rationalisation des politiques publiques pour arrêter les détournements de fonds, rationalisation des choix budgétaires, nouvelle gestion des entreprises et établissements de l'État, gestion du dossier de Mayotte par des experts, mise en chantier d'une politique nouvelle en matière d'infrastructures et de Travaux publics, relance du grand chantier de la concorde nationale, création de synergies entre les pôles de prise de décisions, renaissance de la Justice, de la démocratie et de l'État de Droit (nous envisageons la création d'un ministère de la Justice et des Droits de l'Homme), incitation des Comoriens au travail et à la production de valeurs ajoutées, meilleure prise en compte des Comoriens expatriés, notamment par la création d'un ministère des Affaires étrangères et des Comoriens de l'étranger. En somme, des solutions simples, loin des chichis et autres fariboles technocratiques aussi indigestes qu'inefficaces que certains proposent sans jamais les réaliser, si tant est que leur réalisation fait partie de leurs projets. Aujourd'hui, avant l'expertise, il nous faut aussi et surtout un ingrédient qu'aucun politicien n'évoque: l'amour du pays, l'amour pour les Comores, car tout commence par cet amour. Aimons les Comores, et tout ira mieux. Commençons par l'amour pour notre mère commune, les Comores.
Propos recueillis par ARM
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