Tout commence il y a deux semaines avec cette information qui fait le tour de l’archipel des Comores en moins de temps qu’il n’en faut pou...
Tout commence il y a deux semaines avec
cette information qui fait le tour de l’archipel des Comores en moins de
temps qu’il n’en faut pour le dire : « Mohamed Bacar revient à la
maison ».
Ace stade, l’information est juste une rumeur sans plus, mais
elle se propage à un rythme infernal. Elle passe de bouche à oreille
jusqu’au-delà des frontières comoriennes. Les réseaux sociaux sont
inondés par la nouvelle du come-back de Bacar.
L’ex-homme fort d’Anjouan
est censé poser le pied sur l’île aux étoiles, le 26 Avril prochain,
peut-on lire.
Que ce soit à Mayotte ou aux autres iles des Comores, les langues se délient dans le
camp des Bacaristes et même les autres sensibilités politiques d’Anjouan
se mettent aussi à évoquer le retour de l’enfant de Barakani.
A ce moment très précis, la majorité des Anjouanais semble favorable au
retour de celui qui, hier, était présenté comme un dictateur.
En 5 ans, les conditions de vie des Anjouanais ne se sont pas
améliorées. Bien au contraire. Depuis que Bacar a été chassé par les
forces alliées de l’Union Africaine, soutenues par l’Armée Comorienne,
Anjouan croule sous une misère exponentielle et une pauvreté endémique.
L’île connait un taux de chômage croissant, la cherté de la vie, le
manque de soins et la corruption. Il n’en fallait pas moins pour
permettre à Mohamed Bacar de faire figure de modèle.
Mayotte n’est pas en reste et les vieux démons sont de retour. Cela nous
renvoie à ce fameux mois de Mars 2008 avec ces chasses aux blancs qui
étaient organisées par les Anjouanais vivants à Mayotte. Ces scènes sont
encore dans toutes les mémoires et l’effervescence comorienne a fini
par gagner Mayotte. « Qu’il reste où il est ce Bacar ! » « S’il veut
aller à Anjouan qu’il y aille mais qu’il ne vienne pas chez nous. »
« C’est de l’intox, il restera au bénin » pouvait-on entendre entre les
partisans du « Viendra » ou du « Viendra pas ».
Vendredi dernier, la Rédaction de France Mayotte apprend qu’il y a une
tentative de déstabilisation du gouvernement en place. On parle de
putsch à Moroni dans la nuit du 20 Avril. Nous apprendrons plus tard
qu’il s’agissait en fait que d’une tentative de putsch, initiée par des
civils, des militaires comoriens et des expatriés africains. « Drôle de
coïncidence » s’étonnent certains observateurs. L’arrivée de Bacar et le
putsch. Plus grand monde ne croit au hasard. Ces deux événements qui se
déroulent à la même période, jettent le trouble dans l’esprit de la
population.
Sur le terrain, des congolais et des tchadiens auraient été héliportés
entre Vanamboini et Hahaya en Grande-Comore.
Six d’entre eux sont
interpelés, et placés en garde à vue dans le camp militaire de Kandani
ou ils sont interrogés. Il en est de même pour ce chef d’entreprise, un
certain Mahamoud Ahmed Abdallah, fils du défunt Président Ahmed
Abdallah Abdermane et la liste s’allonge avec cet ancien mi-nistre du
Feu Président Taki, sans parler de ces militaires toujours en exercice.
Au total, ils sont plus d’une dizaine à être interpelée à l’heure qu’il
est. D’autres militaires comoriens seraient toujours en cavale et sont
activement recherchés par les forces de l’ordre mais le gouvernement ne
communique toujours pas auprès de la population.
Dans la soirée de Mardi
23 Avril et sous la pression de la classe politique, le Ministre de
l’Intérieur de l’Union des Comores, s’est livré à un exercice sommaire
de communication sur le sujet, se bornant seulement à reconnaitre les
faits, la tentative de déstabilisation ainsi que la dizaine
d’arrestations.
Hier, l’O.R.T.C, radio comorienne d’Etat, annonçait que sous 48 heures,
tout serait mis en œuvre afin de lever le voile sur ce “putsch” qui ne
veut pas encore dire son nom. Certains observateurs politiques parlent
de manipulations, d’autres sont toujours persuadés que le retour de
Bacar est proche, mais quoi qu’il en soit c’est le manque de stabilité
politique des Comores qui est une nouvelle fois sur le devant de la
scène.
Les autorités françaises restent très vigilantes sur ce qu’il se passe
de l’autre coté du lagon, car ils savent que lorsque les Comores
s’enrhument c’est Mayotte qui tousse. Affaire à suivre…
Source : France Mayotte matin
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