Journaliste et présentateur vedette de Mayotte 1ere, candidat sans étiquette malheureux aux dernières législatives mahoraises, Hakime Ali ...
Journaliste et présentateur vedette de Mayotte 1ere, candidat sans
étiquette malheureux aux dernières législatives mahoraises, Hakime Ali
Saïd est prétendant à la présidence... de l'Union des Comores. Ce
faisant il pose les bases d'une épineuse étude de cas en droit
constitutionnel et place les autorités de l'Union des Comores face à une
problématique lourde de sens.
Traiter cette candidature par le mépris relativiserait de beaucoup les prétentions comoriennes à la réintégration de l'île dans l'Union. Y donner droit poserait une litanie de problèmes, ne serait-ce qu'en termes d'organisation. Au-delà, Hakime Ali Saïd, un brin provocateur, sait la morale de toute cette histoire...
(Hakime Ali Saïd était en visite à Anjouan du vendredi 29 mars au dimanche 31 mars 2013 - Photo D.R.)
L'élection aura lieu en 2016. "Selon la constitution comorienne, je suis parfaitement en droit de me présenter" estime l'homme de télévision. Pour comprendre l'affaire, il faut savoir que la Constitution adoptée en décembre 2001 prévoit qu'un représentant de chacune des îles accède tous les 4 ans au poste de président. La Grande Comore a été représentée par le colonel Azali Assoumani de 2002 à 2006 et Anjouan l'a été par Ahmed Abdallah Sambi de 2006 à 2010. Depuis, Mohéli a accédé à la magistrature suprême et c'est Ikililou Dhoinin qui est actuellement en poste.
Considérant que Mayotte fait partie intégrante de son territoire, l'Union des Comores a prévue dans sa Constitution que cette présidence tournante échoit à l'île aux Parfums en 2016. "Je suis donc parfaitement légitime dans ma démarche" explique Hakim Ali Saïd. "Si l'Union des Comores tient vraiment à Mayotte comme elle l'affirme depuis 1975, alors elle trouvera un moyen de surmonter ou de contourner la difficulté d'organiser un scrutin incluant les 4 îles" lance le journaliste. "Si elle ne fait pas, l'Union et notamment certains dirigeants Grands Comoriens, prouveront d'eux mêmes qu'ils ne veulent pas de Mayotte, qu'ils sont juste dans la défense d'une posture. Leur discours n'aura plus aucune crédibilité" commente le journaliste.
Il a annoncé sa décision le 11 février 2013. Depuis, il est campagne électorale sous l'œil parfois réprobateur, mais surtout dubitatif, voire amusé des Mahorais… Interview.
Traiter cette candidature par le mépris relativiserait de beaucoup les prétentions comoriennes à la réintégration de l'île dans l'Union. Y donner droit poserait une litanie de problèmes, ne serait-ce qu'en termes d'organisation. Au-delà, Hakime Ali Saïd, un brin provocateur, sait la morale de toute cette histoire...
(Hakime Ali Saïd était en visite à Anjouan du vendredi 29 mars au dimanche 31 mars 2013 - Photo D.R.)
L'élection aura lieu en 2016. "Selon la constitution comorienne, je suis parfaitement en droit de me présenter" estime l'homme de télévision. Pour comprendre l'affaire, il faut savoir que la Constitution adoptée en décembre 2001 prévoit qu'un représentant de chacune des îles accède tous les 4 ans au poste de président. La Grande Comore a été représentée par le colonel Azali Assoumani de 2002 à 2006 et Anjouan l'a été par Ahmed Abdallah Sambi de 2006 à 2010. Depuis, Mohéli a accédé à la magistrature suprême et c'est Ikililou Dhoinin qui est actuellement en poste.
Considérant que Mayotte fait partie intégrante de son territoire, l'Union des Comores a prévue dans sa Constitution que cette présidence tournante échoit à l'île aux Parfums en 2016. "Je suis donc parfaitement légitime dans ma démarche" explique Hakim Ali Saïd. "Si l'Union des Comores tient vraiment à Mayotte comme elle l'affirme depuis 1975, alors elle trouvera un moyen de surmonter ou de contourner la difficulté d'organiser un scrutin incluant les 4 îles" lance le journaliste. "Si elle ne fait pas, l'Union et notamment certains dirigeants Grands Comoriens, prouveront d'eux mêmes qu'ils ne veulent pas de Mayotte, qu'ils sont juste dans la défense d'une posture. Leur discours n'aura plus aucune crédibilité" commente le journaliste.
Il a annoncé sa décision le 11 février 2013. Depuis, il est campagne électorale sous l'œil parfois réprobateur, mais surtout dubitatif, voire amusé des Mahorais… Interview.
• Hakime Ali Saïd, vous êtes Mahorais et donc Français, vous êtes
pourtant candidat à la présidentielle de l'Union des Comores. Comment
est-ce possible ?
- Je ne fais que strictement respecter ce qui est stipulé par la
Constitution comorienne. Dans son article 1er, elle note que Mayotte
fait partie des Comores. Dans son article 5, elle souligne que nul ne
peut retirer sa nationalité à un ressortissant comorien quel que soit
son lieu de naissance. Je suis né à Mayotte en 1968, donc avant
l'indépendance des Comores, donc selon cette Constitution j'ai la
nationalité comorienne.
• C'est donc en tant que Comorien que vous voulez vous présenter ?
- Pas du tout, je me présente en tant que Mahorais. La Constitution, je
me base toujours sur elle, prévoit qu'un présentant de chacune des îles
de l'archipel assume à tour de rôle la présidence. En 2016, ce rôle
reviendra à Mayotte. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la Constitution
comorienne. Elle le dit car les Comores estiment que Mayotte fait partie
intégrante de l'Union et qu'il lui revient donc, au même titre que la
Grande Comore, Anjouan et Mohéli, de présider l'Union. Comme on ne peut
pas dire une chose et son contraire, je suis candidat pour Mayotte
• Vous serez opposé aux candidats des trois autres îles ?
- En principe cela ne devrait pas se produire. Depuis l'instauration de
la présidence tournante, c'est toujours la même procédure qui est mise
en place. Le premier tour de l'élection est une primaire organisée
uniquement dans l'île dont c'est le tour de présider l'Union. Pour être
candidat et pour être électeur, il faut obligatoirement être
ressortissant de cette île. Les trois personnes arrivées en tête de ce
premier scrutin sont ensuite présentées aux suffrages des électeurs des
autres îles, à l'exception de Mayotte. Cela s'est toujours passé ainsi,
je ne vois pas pourquoi le gouvernement de l'Union changerait la donne.
C'est le tour de Mayotte de présenter des candidats, c'est au tour de
Mayotte de présider l'Union, je suis ressortissant de Mayotte, donc,
dans le plus strict respect de la Constitution, je peux me présenter…
• Vous allez donc appeler les citoyens Mahorais et donc français, à participer à un scrutin comorien ?
- C'est plus complexe et afin que les choses soient tout à fait
claires, je souligne que je ne crois pas et surtout que je ne milite pas
en faveur d'une intégration de Mayotte dans l'ensemble comorien. Je dis
simplement que conformément à la Constitution comorienne, des primaires
doivent avoir lieu et mettre en compétition uniquement des candidats
Mahorais. Maintenant il est vrai que cela pose une difficulté de taille :
comment les Comores vont-elles organiser des élections dans le 101ème
département français ? Sur quelles listes électorales va-t-on se fonder?
Les électeurs originaires de métropole et les Comoriens installés sans
papier à Mayotte auront-ils le droit de voter ? Et si oui, pourquoi…
Des problématiques qui ne seront certainement pas simple à résoudre…
• Vous disposez sans doute une réponse pour chacune de ces questions ?
- Sincèrement, je ne pense pas qu'il me revienne d’y répondre. Aucun
candidat ailleurs dans une autre île n'a eu à organiser une élections
présidentielle. Ce n'est pas le rôle des candidats, il faut être
sérieux, alors pourquoi en serait-il autrement à Mayotte ? C'est à
l'État comorien de régler ce problème. Et s'il tient autant que cela à
Mayotte, il trouvera une solution. Maintenant pour être tout a fait
sincère, je pense que de facto les Mahorais ne pourront pas voter, car
cela reviendrait pour l'Union – et selon sa propre propagande - à
reconnaître la légitimité de listes électorales établie par les
colonisateurs français…
• Cette complexité semble plutôt vous réjouir. Votre objectif
n'est-il pas simplement de pousser les Comores jusqu'au bout de ce qui
vous estimez être une contradiction ?
- Non, je suis candidat parce que la constitution comorienne m’y autorise…
• Et parce que vous espérez qu'en rejetant votre candidature, les Comores se discréditeront ?
- Il est certain que si l'Union ne fait pas tout pour appliquer sa
propre constitution, excluant d’elle même Mayotte du droit commun
comorien, son discours sur l'indivisibilité des quatre îles et les
soutiens qu'elle a obtenus sur le sujet à l'ONU, à la ligue Arabe et à
l'Union des pays africains n'auront plus aucun sens.
• C'est le but recherché, avouez le
- Non, le but recherché est de d'arriver à bannir la haine entre les
quatre îles. Cela fait 38 ans, c'est à dire depuis l'indépendance en
1975, que l'on vit dans la suspicion, dans l'orgueil, dans la jalousie.
Tout cela est le fait des dirigeants comoriens et ils ne se rendent même
pas compte, du moins je l'espère, qu'ils font surtout du mal à leur
pays, pas à Mayotte. Il est temps de se mettre enfin à travailler tous
ensemble. Nous avons des pistes de développement commun à explorer et à
concrétiser. Je pense au tourisme, à la pêche, à l'agriculture.
• Quel rapport avec votre candidature ?
- Avoir un président Mahorais serait une chance pour les Comores…
• En termes de coup médiatique ?
- Non en termes de garantie de développement, enfin les quatre îles
pourront travailler ensemble. Les trois îles de l'archipel des Comores
sont dans un état déplorable. Les chiffre de l'immigration clandestine,
et je ne stigmatise pas les immigrés clandestins, prouvent que Mayotte
est au bord de l'explosion. Si on ne donne pas envie aux Comoriens de
rester chez eux en aidant à leur développement, alors Mayotte va droit
dans le mur. Il faudra donc obligatoirement travailler ensemble. C'est
en ce sens que je dis qu'avoir un président Mahorais serait une chance
pour les Comores
• Vous croyez vraiment à cet argumentaire ?
- Je ne serais pas candidat sans cela…
• Faisons de la politique fiction, vous êtes élu, c'est le début de vos ennuis ?
- J'assumerai mes responsabilités…
• Comment votre candidature est-elle réellement perçue aux Comores ?
- Très bien à Anjouan et à Mohéli, moins bien en Grande Comore. C'est
normal, si le tour de Mayotte n'est pas respecté, c'est à la Grande
Comore que reviendra le droit d'assumer la présidence. Alors en Grande
Comore certains me demandent ce que je veux pour retirer ma candidature…
Je les envoie sur les roses… D'autres, souvent dans l'opposition,
m'assurent de leur fidélité ; je me méfie d'eux… Les derniers
m'observent… A moi de démontrer ce que je suis capable de faire.
• Et à Mayotte comment êtes vous perçu ?
- La population observe, elle attend de voir ce que je peux proposer…
• Et si les Comores décident de passer le tour de Mayotte et de l'attribuer à la Grande Comore ?
- Je serai candidat quand même…
• Donc c'est dit, vous serez candidat quoi qu'il advienne…
- Seule la mort m'empêchera de l'être.
Propos recueillis à Mayotte par Mahdia Benhamla pour www.ipreunion.com
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