La misère à laquelle sont confrontés la plupart des foyers malgaches a fait augmenter les cas de troubles mentaux, notamment dans la capit...
La misère à laquelle sont confrontés la plupart des foyers malgaches a fait augmenter les cas de troubles mentaux, notamment dans la capitale d'Antananarivo où 47% de la population en souffrent déjà, à divers degrés.
La crise politique qui mine la Grande île depuis 2009 a finalement eu raison de l'état psychologique de la population locale, déjà fragilisée par les défis du quotidien. A Antananarivo, les troubles mentaux engendrés par le stress affectent déjà 47% de la population. Malheureusement, pour des raisons financières, la plupart de ces pathologies ne sont prises en charges que très tardivement, voire aucunement.
L'accès au traitement reste encore très difficile pour les patients souffrant de troubles mentaux dans la Grande île. « Le prix des médicaments pour traiter un type de maladie mentale équivaut à la moitié du salaire d'un ouvrier par jour. Dans les autres pays, ce prix n'est que les 7,5% du salaire d'un ouvrier par jour », a confié sur l'Express de Madagascar le professeur Bertille Rajaonarison, chef de section Santé mentale de l'Établissement universitaire de soin et de santé publique de la capitale, en octobre dernier. Par conséquent, nombreux sont ceux qui abandonnent à mi-chemin et qui récidivent plus facilement après.
Outre le problème d'argent, il faut aussi reconnaître que le pays manque cruellement d'établissements spécialisés et de personnels médicaux pouvant prendre en charge les malades. Deux hôpitaux psychiatriques seulement sont présents dans le pays, un à Antananarivo et un autre à Diego-Suarez (pointe nord).
« Dans les ex-chefs lieux de provinces, le traitement de la folie se fait par une unité qui a une compétence limitée. Quand le cas est grave, le malade est évacué vers la capitale, s'il a les moyens de se déplacer », a fait savoir un médecin du service de la santé mentale de la capitale.
Pour ce qui est du personnel médical, « il n'y a que 20 médecins et 120 paramédicaux qui ont reçu une formation spécialisée » en psychiatrie dans toute l'île, indique encore le professeur Bertille Rajaonarison. Selon lui, Madagascar, avec 1 psychiatre pour 10 000 malades, est encore bien loin des normes imposées par l'OMS, celle de 1 sur 5 000.
Le ministère local souhaite toutefois remédier à cette situation. Cela, en faisant appel aux partenaires privés qui peuvent appuyer le pays dans ses perspectives. Parmi eux se trouve le groupe Sanofi, notamment son département Accès aux médicaments qui vient de signer jeudi, avec le ministre malgache en charge de la Santé publique, une convention de partenariat pour la prise en charge des patients.
Outre l'amélioration de la prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux et d'épilepsie, de la communauté aux centres de soins de référence, ce projet a également comme objectif de renforcer la lutte contre la discrimination et la stigmatisation de ces malades, qui sont devenus des obstacles à leur diagnostic et traitement.
Ce projet quinquennal vise à la fois le traitement des malades mentaux et des épileptiques, mais aussi la formation du personnel médical. Les établissements spécialisés seront par ailleurs dotés de matériels de dépistage afin que les médecins locaux puissent intervenir plus précocement en cas d'anomalies au cerveau.
Quatre millions d'individus pourront bénéficier de ce projet mené dans 5 régions pilotes.
Avec linfo.re