Le président de la transition, Andry Rajoelina, a annoncé mardi soir 15 janvier dans une allocution radio-télévisée qu'il ne se présent...
Le président de la transition, Andry Rajoelina, a annoncé mardi soir 15 janvier dans une allocution radio-télévisée qu'il ne se présentera pas à l'élection présidentielle de mai prochain à Madagascar. Il dit espèrer, de cette façon, pouvoir contribuer au règlement pacifique de la crise politique qui dure depuis 2009. Au lendemain de son discours à la nation, le président de la transition malgache a réservé son premier entretien à RFI.
Propos recueillis par Christophe Boisbouvier
RFI : Monsieur le président, quelle décision avez-vous prise pour la prochaine élection présidentielle ?
Andry Rajoelina : Pour l’amour de la patrie j’ai décidé de ne pas me présenter aux prochaines élections présidentielles. J’ai confirmé cette déclaration, que j’ai déjà faite depuis le 12 mai 2010, à Madagascar.
Le premier tour de cette présidentielle est prévu au mois de mai. L’éventuel deuxième tour au mois de juillet. Ce qui veut dire qu’au plus tard, au mois de juillet, vous ne serez plus chef de l’Etat ?
Exactement. Dans sept mois, je serai un simple citoyen, comme tous les citoyens malgaches. Et j’espère, je souhaite, une réussite pour mon successeur, et je suis prêt à faire une passation démocratique au moment voulu.
Beaucoup de vos partisans et de vos conseillers vous encourageaient à être candidat. Votre décision les déçoit, bien sûr. Est-ce la raison pour laquelle vous avez hésité pendant plusieurs mois ?
Non. Depuis 2009, j’ai proposé une solution, pour ne pas être candidat, lors de la réunion avec l’Union européenne à Madagascar. Et c’était le cas, dernièrement, lors de la réunion aux Seychelles, avec le président Jacob Zuma et le président Michel des Seychelles. Aujourd’hui, je voulais prouver qu’il y a un homme d’Etat en Afrique, et qu’il y a un homme d’Etat, mais pas deux à Madagascar.
Vous vous posez en homme d’Etat. Y a-t-il un homme dont vous vous êtes peut-être inspiré, avant de faire votre choix ?
Il y a deux personnes, effectivement. Un homme qui a beaucoup souffert, mais qui a gagné son combat : Nelson Mandela. Et puis, du côté européen, pourquoi pas, je ne serais pas le de Gaulle malgache ?
Que retenez-vous, justement, de de Gaulle ?
Prendre une décision de se retirer au moment voulu. Mais le peuple s’en souviendra. Et c’est le peuple même qui réclamera celui qui doit diriger son pays, au moment voulu.
Vous avez parlé de l’Union européenne. De fait, si vous vous étiez présenté, la communauté internationale aurait bloqué toute reprise de son aide à Madagascar. Ce paramètre a-t-il compté ?
Non. J’ai protégé la souveraineté malgache. Il est vraiment important pour nous d’avoir une liberté de choisir, une liberté de décider. Et durant la transition, on a pu prouver qu’on pouvait bâtir, qu’on pouvait construire, et qu’on pouvait s’en sortir, même si la communauté internationale a suspendu les aides pour Madagascar. Donc, la décision de l’Union européenne n’a pas du tout influencé ma décision, qui reflète la proposition que j’ai émise lors de la dernière rencontre aux Seychelles.
La dernière rencontre aux Seychelles, c’était avec Marc Ravalomanana, il y a six mois. Ce même Marc Ravalomanana, qui a annoncé il y a un mois, qu’il ne serait pas candidat la prochaine élection. Est-ce que cela a joué dans votre décision ?
Non, pas du tout ! Parce que vous savez, j’ai rempli les conditions pour être candidat. Mais bon nombre de nos partisans et la majorité du peuple malgache sait qu’aujourd’hui, s’il se passe des élections à Madagascar, je serai élu. Mais ce qui est important, ce n’est pas d’être élu. C’est, en tant qu’homme d’Etat, de respecter sa parole du 12 mai 2010, et aussi de prendre une décision pour le bien-être de la population. Je préfère me sacrifier, plutôt que de sacrifier les vingt-deux millions de Malgaches.
C’est-à-dire que si vous vous étiez présenté, il y aurait eu des troubles ?
Si je me m’étais présenté… Premièrement, je n’ai pas d’adversaire politique à Madagascar actuellement. Les élections vont être perçues comme pas justes. Bien évidemment, il se pourrait aussi qu’il y ait quelque impact sur la reconnaissance des élections ! L’important pour un homme d’Etat, ce n’est pas d’être élu, mais de réussir son mandat.
Depuis un mois, depuis que Marc Ravalomanana a annoncé qu’il n’irait pas à cette élection, beaucoup de pays d’Afrique australe vous disent : il faut que vous renonciez, vous aussi. Est-ce que vous les avez écoutés ? Est-ce que vous vous êtes dit : au fond, c’est peut-être la voie de la sagesse ?
Je les ai écoutés. Moi, je suis un homme de dialogue. Donc nous, avec le président de la troïka et le président de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), on a eu des discussions pour chercher, justement, la stabilité et la paix à Madagascar.
Marc Ravalomanana n’est pas candidat, lui non plus. Mais il souhaite rentrer à Madagascar avant la présidentielle, pour participer à la reconstruction de votre pays. Est-ce qu’il pourra le faire ou pas, librement ?
Des négociations ont été faites avec les chefs d’Etat de la SADC. Il a été convenu, avec les chefs d’Etat de la SADC, que toute disposition qui pourrait engendrer ou conduire à l’instabilité à Madagascar, devrait être suspendue jusqu’à la mise en place du nouveau président de la quatrième République.
Donc, il vaut mieux, à votre avis, qu’il ne rentre pas avant la fin de l’élection présidentielle ?
C’est mieux pour lui, pour sa famille, et surtout pour le pays, afin que les élections puissent se tenir sans perturbations.
Serez-vous candidat aux législatives qui sont prévues, maintenant, avant la présidentielle ?
Non. Je ne serai pas candidat aux prochaines élections législatives.
Est-ce que votre parti – TGV – va présenter un candidat à la présidentielle ?
Aujourd’hui, ce qui est important, d’abord, c’est qu’on a pris une décision. Et je vous avoue que mes partisans ont beaucoup, aujourd’hui, de peine. Nous n’avons pas encore décidé, mais il y aura des réunions dans les jours à venir, et puis nous allons prendre une décision par la suite.
Est-ce que votre successeur à la mairie d’Antananarivo, Edgard Razafindravahy, pourrait être un bon candidat, que vous pourriez soutenir ?
Je ne peux pas me prononcer aujourd’hui sur le candidat à soutenir.
Dans votre discours au peuple malgache, vous avez dit mardi soir que vous ne le laisseriez pas tomber, et que vous seriez là, dans l’avenir. Est-ce que vous envisagez un retour en 2018 ?
Je serai toujours là. Certes, je deviendrai un citoyen comme tout le monde dans sept mois, mais cela ne m’empêchera pas d’être toujours aux côtés du peuple malgache, pour tracer un chemin qui mène au développement de notre pays.
Il y a trois semaines, à Paris, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, vous a dit : « Vous êtes jeune ! 38 ans ! Vous avez l’avenir devant vous. Passez votre tour en 2013, et revenez en 2018.» Est-ce que cet argument, vous l’avez entendu ?
J’ai entendu ces arguments. Effectivement, j’aime bien écouter. Je suis un homme de dialogue. J’ai écouté ce conseil du ministre français.
Ce conseil, est-ce que vous l’avez entendu aussi, dans votre famille, peut-être ?
Dans ma famille, mon épouse n’est pas trop politique. Elle fait du social, mais elle n’aime pas la politique. Elle trouve qu’il y a trop d’hypocrisie, trop de haine, trop de trahison.
Donc, elle vous a conseillé de ne pas y aller cette année ?
Non. Mon épouse respecte mon choix. Il n’y avait pas eu du tout d’influence sur ma décision.
Est-ce que vous envisagez un scénario à la Poutine ? Votre candidat est élu, vous devenez son Premier ministre et vous revenez en 2018 ?
Aujourd’hui, on n’a pas encore mis sur table de stratégie.
Donc, vous n’excluez pas ce scénario à la Poutine ?
Nous allons voir. Mais vous en serez beaucoup plus dans quelques semaines.
Vous espérez revenir, comme de Gaulle ?
Je reviendrai ! Et je promets au peuple malgache que le jour viendra, où nous allons sauver ensemble ce pays.
RFI : Monsieur le président, quelle décision avez-vous prise pour la prochaine élection présidentielle ?
Andry Rajoelina : Pour l’amour de la patrie j’ai décidé de ne pas me présenter aux prochaines élections présidentielles. J’ai confirmé cette déclaration, que j’ai déjà faite depuis le 12 mai 2010, à Madagascar.
Le premier tour de cette présidentielle est prévu au mois de mai. L’éventuel deuxième tour au mois de juillet. Ce qui veut dire qu’au plus tard, au mois de juillet, vous ne serez plus chef de l’Etat ?
Exactement. Dans sept mois, je serai un simple citoyen, comme tous les citoyens malgaches. Et j’espère, je souhaite, une réussite pour mon successeur, et je suis prêt à faire une passation démocratique au moment voulu.
Beaucoup de vos partisans et de vos conseillers vous encourageaient à être candidat. Votre décision les déçoit, bien sûr. Est-ce la raison pour laquelle vous avez hésité pendant plusieurs mois ?
Non. Depuis 2009, j’ai proposé une solution, pour ne pas être candidat, lors de la réunion avec l’Union européenne à Madagascar. Et c’était le cas, dernièrement, lors de la réunion aux Seychelles, avec le président Jacob Zuma et le président Michel des Seychelles. Aujourd’hui, je voulais prouver qu’il y a un homme d’Etat en Afrique, et qu’il y a un homme d’Etat, mais pas deux à Madagascar.
Vous vous posez en homme d’Etat. Y a-t-il un homme dont vous vous êtes peut-être inspiré, avant de faire votre choix ?
Il y a deux personnes, effectivement. Un homme qui a beaucoup souffert, mais qui a gagné son combat : Nelson Mandela. Et puis, du côté européen, pourquoi pas, je ne serais pas le de Gaulle malgache ?
Que retenez-vous, justement, de de Gaulle ?
Prendre une décision de se retirer au moment voulu. Mais le peuple s’en souviendra. Et c’est le peuple même qui réclamera celui qui doit diriger son pays, au moment voulu.
Vous avez parlé de l’Union européenne. De fait, si vous vous étiez présenté, la communauté internationale aurait bloqué toute reprise de son aide à Madagascar. Ce paramètre a-t-il compté ?
Non. J’ai protégé la souveraineté malgache. Il est vraiment important pour nous d’avoir une liberté de choisir, une liberté de décider. Et durant la transition, on a pu prouver qu’on pouvait bâtir, qu’on pouvait construire, et qu’on pouvait s’en sortir, même si la communauté internationale a suspendu les aides pour Madagascar. Donc, la décision de l’Union européenne n’a pas du tout influencé ma décision, qui reflète la proposition que j’ai émise lors de la dernière rencontre aux Seychelles.
La dernière rencontre aux Seychelles, c’était avec Marc Ravalomanana, il y a six mois. Ce même Marc Ravalomanana, qui a annoncé il y a un mois, qu’il ne serait pas candidat la prochaine élection. Est-ce que cela a joué dans votre décision ?
Non, pas du tout ! Parce que vous savez, j’ai rempli les conditions pour être candidat. Mais bon nombre de nos partisans et la majorité du peuple malgache sait qu’aujourd’hui, s’il se passe des élections à Madagascar, je serai élu. Mais ce qui est important, ce n’est pas d’être élu. C’est, en tant qu’homme d’Etat, de respecter sa parole du 12 mai 2010, et aussi de prendre une décision pour le bien-être de la population. Je préfère me sacrifier, plutôt que de sacrifier les vingt-deux millions de Malgaches.
C’est-à-dire que si vous vous étiez présenté, il y aurait eu des troubles ?
Si je me m’étais présenté… Premièrement, je n’ai pas d’adversaire politique à Madagascar actuellement. Les élections vont être perçues comme pas justes. Bien évidemment, il se pourrait aussi qu’il y ait quelque impact sur la reconnaissance des élections ! L’important pour un homme d’Etat, ce n’est pas d’être élu, mais de réussir son mandat.
Depuis un mois, depuis que Marc Ravalomanana a annoncé qu’il n’irait pas à cette élection, beaucoup de pays d’Afrique australe vous disent : il faut que vous renonciez, vous aussi. Est-ce que vous les avez écoutés ? Est-ce que vous vous êtes dit : au fond, c’est peut-être la voie de la sagesse ?
Je les ai écoutés. Moi, je suis un homme de dialogue. Donc nous, avec le président de la troïka et le président de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), on a eu des discussions pour chercher, justement, la stabilité et la paix à Madagascar.
Marc Ravalomanana n’est pas candidat, lui non plus. Mais il souhaite rentrer à Madagascar avant la présidentielle, pour participer à la reconstruction de votre pays. Est-ce qu’il pourra le faire ou pas, librement ?
Des négociations ont été faites avec les chefs d’Etat de la SADC. Il a été convenu, avec les chefs d’Etat de la SADC, que toute disposition qui pourrait engendrer ou conduire à l’instabilité à Madagascar, devrait être suspendue jusqu’à la mise en place du nouveau président de la quatrième République.
Donc, il vaut mieux, à votre avis, qu’il ne rentre pas avant la fin de l’élection présidentielle ?
C’est mieux pour lui, pour sa famille, et surtout pour le pays, afin que les élections puissent se tenir sans perturbations.
Serez-vous candidat aux législatives qui sont prévues, maintenant, avant la présidentielle ?
Non. Je ne serai pas candidat aux prochaines élections législatives.
Est-ce que votre parti – TGV – va présenter un candidat à la présidentielle ?
Aujourd’hui, ce qui est important, d’abord, c’est qu’on a pris une décision. Et je vous avoue que mes partisans ont beaucoup, aujourd’hui, de peine. Nous n’avons pas encore décidé, mais il y aura des réunions dans les jours à venir, et puis nous allons prendre une décision par la suite.
Est-ce que votre successeur à la mairie d’Antananarivo, Edgard Razafindravahy, pourrait être un bon candidat, que vous pourriez soutenir ?
Je ne peux pas me prononcer aujourd’hui sur le candidat à soutenir.
Dans votre discours au peuple malgache, vous avez dit mardi soir que vous ne le laisseriez pas tomber, et que vous seriez là, dans l’avenir. Est-ce que vous envisagez un retour en 2018 ?
Je serai toujours là. Certes, je deviendrai un citoyen comme tout le monde dans sept mois, mais cela ne m’empêchera pas d’être toujours aux côtés du peuple malgache, pour tracer un chemin qui mène au développement de notre pays.
Il y a trois semaines, à Paris, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, vous a dit : « Vous êtes jeune ! 38 ans ! Vous avez l’avenir devant vous. Passez votre tour en 2013, et revenez en 2018.» Est-ce que cet argument, vous l’avez entendu ?
J’ai entendu ces arguments. Effectivement, j’aime bien écouter. Je suis un homme de dialogue. J’ai écouté ce conseil du ministre français.
Ce conseil, est-ce que vous l’avez entendu aussi, dans votre famille, peut-être ?
Dans ma famille, mon épouse n’est pas trop politique. Elle fait du social, mais elle n’aime pas la politique. Elle trouve qu’il y a trop d’hypocrisie, trop de haine, trop de trahison.
Donc, elle vous a conseillé de ne pas y aller cette année ?
Non. Mon épouse respecte mon choix. Il n’y avait pas eu du tout d’influence sur ma décision.
Est-ce que vous envisagez un scénario à la Poutine ? Votre candidat est élu, vous devenez son Premier ministre et vous revenez en 2018 ?
Aujourd’hui, on n’a pas encore mis sur table de stratégie.
Donc, vous n’excluez pas ce scénario à la Poutine ?
Nous allons voir. Mais vous en serez beaucoup plus dans quelques semaines.
Vous espérez revenir, comme de Gaulle ?
Je reviendrai ! Et je promets au peuple malgache que le jour viendra, où nous allons sauver ensemble ce pays.