Une crise institutionnelle semble poindre en Egypte. Le Conseil supérieur de la magistrature a désavoué le président qui s'est octroyé d...
Une crise institutionnelle semble poindre en Egypte. Le Conseil supérieur de la magistrature a désavoué le président qui s'est octroyé de nouveaux pouvoirs contraire à l'indépendance de la justice.
La plus haute autorité judiciaire d'Egypte a dénoncé samedi les nouvelles prérogatives du président Mohamed Morsi qui mettent ses décisions à l'abri de recours devant la justice. C'est une «attaque sans précédent contre l'indépendance judiciaire», selon l'autorité.
La déclaration constitutionnelle annoncée jeudi par la présidence «est une attaque contre l'indépendance du pouvoir judiciaire et ses jugements», a déclaré dans un communiqué le Conseil supérieur de la magistrature à l'issue d'une réunion d'urgence.
L'institution a exhorté «le président de la république à distancer ce décret de toute éventuelle violation de l'autorité judiciaire».
Cette mise au point intervient alors que de petits groupes de manifestants continuaient d'occuper la place Tahrir, au centre du Caire, samedi en fin de matinée. Ces derniers ont réussi à fuir un peu plus tôt dans la journée les gaz lacrymogènes en se réfugiant dans des rues adjacentes. Le trafic a été interrompu sur ce grand carrefour habituellement encombré du centre-ville du Caire.
Dans le même temps, des manifestants de gauche, libéraux, socialistes, notamment, ont appelé à défiler mardi prochain jusqu'à la place dans le but de renverser un décret qu'ils jugent «fasciste et despotique».
«Nous sommes dans un moment historique dans lequel soit nous terminons notre révolution, soit nous l'abandonnons pour devenir la proie d'un groupe qui a placé de petits intérêts politiques au-delà de l'intérêt national», était-il écrit dans un communiqué publié vendredi soir sur la page Facebook du parti el-Dostour.
Mardi, les marches devraient débuter vers 16h00 de différents lieux de la capitale pour converger vers la place Tahrir, lieu symbolique de la révolte qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak en 2011.
Heurts en marge du sit-in de la place Tahrir
La police a tiré samedi matin des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui observent un sit-in au centre du Caire pour protester contre le renforcement des pouvoirs du chef de l'Etat. Une trentaine de tentes étaient toujours installées sur cette place emblématique du Caire samedi matin, a pu constater un journaliste de l'AFP. Un petit nombre de manifestants présents sur la place Tahrir ont été visés par les tirs de gaz lacrymogènes. Ils ont alors tenté de fuir dans les rues latérales.
«Nous ne partirons pas de Tahrir avant un procès équitable des meurtriers des révolutionnaires et avant que Morsi ne revienne sur ses décisions», a expliqué à l'AFP l'un d'eux, Mohammed al-Gamal.
«L'Egypte entre dans une nouvelle révolution car notre intention n'était pas de remplacer un dictateur par un autre», a-t-il ajouté. Il faisait allusion à la révolte populaire qui avait renversé Hosni Moubarak en février 2011.
Vendredi, sur la place, des milliers de personnes se sont rassemblées à l'appel de personnalités ou de mouvements laïques et libéraux en criant «Morsi dictateur».
Parallèlement, une autre manifestation s'était tenue devant le palais présidentiel en soutien au président Morsi, lequel s'est dit déterminé à assumer ses pouvoirs renforcés, des pouvoirs qui placent ses décisions hors de portée de tout recours en justice.
Nouvelle mobilisation
Le Courant populaire, dirigé par le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi, troisième de la présidentielle de juin, a annoncé que «toutes les forces révolutionnaires» avaient décidé d'entamer un sit-in sur la place. Il a aussi appelé à une manifestation de masse mardi pour obtenir que M. Morsi revienne sur ses décisions.
Les manifestations ont été émaillées vendredi de heurts entre jeunes et policiers. Des opposants au président ont également mis le feu à des locaux du Parti de la liberté et de la Justice (PLJ), le mouvement politique des Frères musulmans, à Alexandrie (nord), ainsi qu'à Port Saïd et à Ismaïlia, dans le nord-est du pays. (ats)
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