S'exclamait François Hollande qui, en pastichant lors de son meeting le « aidez-moi ! » de Nicolas Sarkozy, incitait à un vote utile. ...
S'exclamait François Hollande qui, en pastichant lors de son meeting le « aidez-moi ! » de Nicolas Sarkozy, incitait à un vote utile. Un discours de campagne d'ailleurs essentiellement axé sur la critique de la politique et les agissements du président sortant. Un candidat attentif aux sollicitations et témoignages de la rue, au regard bienveillant, jamais méprisant, mais qui axait son discours sur les problématiques du moment à Mayotte, indexation, états des écoles etc., proposant ce que la foule avait envie d'entendre, et sans aborder des questions de politiques générales pour l'Outre-mer.
A l'écoute des agents de la CAF en grève pour un avenant DOM
© A.L./Malango
© A.L./Malango
Si Nicolas Sarkozy se voit en père de la départementalisation, pour François Hollande c'est Lionel Jospin qui avait engagé le processus « que le président sortant n'avait alors d'autres solutions que d'achever ». Le déplacement du candidat socialiste un 31 mars ne devait rien au hasard, « jour du premier anniversaire de ce département où d'autres ont choisi de ne pas se rendre peut être parce qu'il y a peu d'électeurs. Or chaque voix compte ! ». Journée anniversaire qu'Ibrahim Aboubacar, le 1er vice président du Conseil général, considérait à la tribune comme une journée de colère et d'interrogation, « et non de fête comme attendue, tant la population souffre, revendique » en référence aux grèves simultanées sur l'intégration dans la fonction publique et sur l'indexation des salaires, ainsi qu'aux 44 jours d'émeutes contre la vie chère.
Moins de personnes qu'espéré par le Comité de soutien qui avait pourtant affrété des bus
Les acclamations du millier de sympathisants, mahorais ou mzungus, hommes ou femmes massés sur la place de la République samedi matin galvanisait un François Hollande qui revenait à la charge : « Mayotte peut-elle attendre 25 ans qu'un pacte imprécis se mette en place ?! », mais prudent, « je ne dis pas que demain si je suis élu tout changera, je ne suis pas un prometteur, vous en avez connu un autre ! ».
Auparavant, le sénateur Thani Mohamed Soilihi avait retracé l'absence d'engagement politique pour Mayotte et les outremers : « une baisse des dépenses de l'Etat de 40% de 2002 à 2012, un chômage qui s'est accru de 35%, une division par 10 des contrats aidés, une baisse conséquente des logements sociaux, une insécurité croissante » et alors que « Mayotte est un département deux fois moins aidé que la Guyane ». Et là encore, pour ne pas que la rue traduise une victoire de François Hollande en un miracle immédiat : « le redressement de Mayotte ne se fera pas du jour au lendemain, mais faisons confiance à notre candidat ».
" Le candidat sortant a peur du changement, c'est normal, il est concerné!"
Des collectivités responsables mais pas coupables...
Face aux multiples revendications, François Hollande s'engageait à accélérer le processus, « dans les écoles tout d'abord où les 85.000 élèves ne sont pas accueillis dignement et où 80% des établissements scolaires n'ont pas reçu l'avis favorable de la commission d'hygiène et de sécurité ». C'est Rivo, leader du syndicat des enseignants du premier degré qui avait interpellé en matinée le candidat par une exposition de photo ancrée à proximité de l'hôtel Caribou pour dénoncer l'état de délabrement de certaines écoles. Car si plusieurs établissements scolaires du secondaires sont flambant neufs, preuve d'un investissement réel du Vice rectorat, quoiqu'insuffisant au regard de l'arrivée chaque année d'enfants issus de l'immigration clandestine et de la démographie, les écoles dont la construction est dévolue au Smiam manquent d'entretien qui est de la compétence des mairies, mais qui n'en ont pour la plupart toujours pas récupéré la gestion.
Le candidat Hollande prenait donc l'engagement « de construire 600 salles de classe durant mon quinquennat, de mettre en place un accompagnement scolaire, un lieu de formation professionnelle et d'apprentissage », tout en ayant conscience de la situation difficile des collectivités locales « que l'on place dans des situations où elles ne peuvent plus faire face pour les accuser ensuite de ne pas être au rendez-vous ». Il déclarait vouloir établir un contrat entre l'Etat et les collectivités locales pour définir les responsabilités.
Mais il était surtout attendu sur le sujet de l'indexation des salaires qu'il promettait pour tous les fonctionnaires de l'Etat, et d'égrainer les destinataires « la Sécurité sociale, de la Caisse d'allocation familiale », et fustigeant Nicolas Sarkozy « qui vient de s'apercevoir en vous proposant également l'indexation, que ce qui n'avait pas été possible, le deviendra ! Le croyez-vous ? », dans une gestuelle et un ton moqueur passages obligés d'un discours de campagne, « il produit de la promesse ! ».
Revenant sur les récurrents conflits ultramarins sur la vie chère, « nous devons faire venir de nouveaux opérateurs, lutter contre les monopoles et avoir une transparence pour les prix qui sont la conséquences de rentes pris par les intermédiaires ». Le carburant en particulier « qui doit suivre un mécanisme simple et spécifique pour l'Outre-mer ».
Sans détailler, ni même évoquer ses 30 engagements pour les Outremers, François Hollande poursuivait sur la construction de 33.000 logements sociaux indispensables d'ici 2012, « avec du foncier débloqué par l'Etat ».
Quant à l'immigration, il avait déclaré lors de la conférence avec la presse locale et nationale, vouloir « poursuivre les contrôles, mais en développant les coopération régionale avec l'Union des Comores qui doivent de leur côté admettre l'appartenance de Mayotte à la République ». Rien de nouveau donc dans ce domaine.
Quant au vote des étrangers adopté en décembre par le Sénat, aucune ambiguïté : « il est hors de question que les étrangers en situation irrégulière puisse voter ».
« Je veux traduire la colère en espérance ! » déclarait-il lors de son déplacement vers son PC au Caribou, entouré d'une horde de journalistes de la presse locale et nationale.
« Nous sommes heureux que François Hollande ait ainsi intégré nos préoccupations tenant à la vie chère, mais rien n'est encore gagné ! » déclarait Salim Nahouda, CGT Ma à l'issue du meeting.
Annette LAFOND - Malango Actualité
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