Trois jours après son retour à Anjouan et cinq jours après la tentative de déstabilisation (pour reprendre le terme officiel consacré au...
Trois jours après son retour à Anjouan et cinq jours après la tentative de déstabilisation (pour reprendre le terme officiel consacré aux événements qui ont suivi l'arrestation du leader des "sans-papiers") vécue vendredi 11 novembre dans l'île, le gouverneur Anissi Chamsidine, s'est exprimé sur le sujet. C'était à l'occasion de l'inauguration, mercredi 16 novembre, du traçage de la route menant à Salamani ya Dzindri, un village enclavé de la région de Pomoni. "Ce qui vient de se passer est l'oeuvre de gens qui n'apprécient pas le climat de paix et de stabilité que nous connaissons depuis un certain temps.
Ils préfèrent mettre en avant une image exécrable de notre pays, pour dissuader les investisseurs de venir", a-t-il dit. Et il a affiché une idée de ceux qui sont responsables de ces actes "séditieux" : "Ce sont ceux-là même qui ont dirigé cette île d'une main de fer hier qui sont de retour. Mais nous implorons Dieu d'afficher au grand jour les personnes, comme celles qu'on vient de démasquer, animées d'une intention nuisible pour le pays". Par "ceux qui ont dirigé Anjouan d'une main de fer", le gouverneur Anissi fait, sans doute, allusion ici au clan de Mohamed Bacar. Cependant, il semble que ce clan – dont l'essentiel des membres constitue les personnes qui ont été exfiltrées vers Mayotte après le débarquement de mars 2008 – connait actuellement un éclatement.
Il est en effet ressorti des prévenus actuellement aux mains de la justice à Moroni, que parmi les instigateurs de la tentative de déstabilisation, figurent les dénommés Ahmed Abdou Madi et Dhoihirou Mohamed, deux des anciens lieutenants en exil à Mayotte de Mohamed Bacar. Mais un autre bras droit du colonel déchu, en la personne de Djaanfar Salim Allaoui alias "Sarkozy" (surnommé ainsi en raison de son penchant pour la répression brutale de tout mouvement mécontent du temps qu'il était ministre de l'intérieur du régime Bacar) a démenti toute implication de son mentor – actuellement mis au chaud au Bénin, selon toute vraisemblance, par les autorités françaises –, dans cette histoire.
A un journal basé à Mayotte (France Mayotte Matin, n°327 du 14 novembre), il dit que "Hier [vendredi 11 novembre, ndlr] j'ai personnellement téléphoné à Mohamed Bacar au Bénin sur ce sujet. Il dément toute implication dans ce conflit naissant. Et il est formel!", raconte Sarkozy. Mais le même homme avoue également être renseigné auprès des Français sur ce qui allait se produire à Anjouan, et cela une semaine à l'avance. "Les services secrets français sont venus de La Réunion pour me rencontrer la semaine dernière. Nous nous sommes vus mercredi dans une chambre de l'hôtel Le Rocher. Ils semblaient être parfaitement au courant de cette histoire et m'ont appris tout ce qui risquait de se passer à Anjouan ! Ils voulaient savoir si nous étions dans le coup et je leur ai expliqué que nous étions en rien concernés par cette histoire", a-t-il textuellement confié au quotidien mahorais.
Si les services secrets français ont été au courant de ce qui allait se passer à Anjouan vendredi dernier, il faudra alors savoir s'ils en ont informé l'Etat comorien. Car autrement, l'on sera en droit de s'interroger sur l'essence même des accords de défense signés en septembre de l'année dernière entre la France et l'Union des Comores. Alwatwan