Les habitants de Mutsamudu ont peut être été surpris de voir, depuis quelques semaines, une équipe d'ouvriers s'activer sur le site...
Les habitants de Mutsamudu ont peut être été surpris de voir, depuis quelques semaines, une équipe d'ouvriers s'activer sur le site de l'Ujumbé en déblayant des gravas et en reconstruisant des murs écroulés. Sans doute certains d'entre eux pensent que ce vieux palais a été racheté par un riche prince d'un Etat pétrolier? Et bien, non! Les promoteurs de cette spectaculaire renaissance sont bien de chez nous. Il s'agit de la mairie de Mutsamudu et d'un groupe de passionnés : le Collectif du Patrimoine des Comores et son antenne de Mutsamudu dirigée par l'ancien vice-président Caabi Elyachrouti Mohamed.
Avant d'arriver à cette rénovation, il s'est passé quelques années de combats, d'espoirs déçus pour au final arriver à ce consensus entre les autorités, les associations, des bailleurs locaux ou étrangers et la population pour le sauvetage de ce symbole de notre histoire qu'est cette massive demeure. Depuis des années, l'Ujumbé n'était plus que l'ombre de lui même. Dégradé, squatté, servant d'espace de jeu aux enfants du quartier, il était honteusement masqué pas les tentes de commerces du quartier. Bref il n'attendait plus que d'être démoli pour laisser la place à quelques lucratives activités. C'est d'ailleurs ce qui a failli se passer quand, las des outrages des hommes et du climat, en mai 2008, l'un de ses murs s'écroula et, dans cette logique, la décision de le raser allait advenir très rapidement.
C'était compter sans la détermination du Collectif du Patrimoine des Comores qui, depuis 2005, s'évertue à faire avancer la cause du classement de notre patrimoine au Répertoire de l'Unesco. Alertée par ses correspondants, une équipe d'experts du collectif vint sur place, constata les dégâts mais ne se contenta pas de faire un rapport. Il fallait donc envisager une protection de l'existant et d'importants travaux de rénovation que ni la ville, ni l'île, ni l'État ne pouvait envisager. La solution vint paradoxalement de l'effondrement partiel de l'Ujumbe. Grâce à cela, le collectif réussit à intéresser le World Monument Funds (Wmf), organisme américain qui, à coté de l'Unesco, a pour objectif de faire connaître les sites remarquables menacés de disparition.
L'Ujumbe eût ainsi les honneurs de la publication de la liste bisannuelle du WMF en octobre 2009. Cette distinction eût pour conséquence de mobiliser les bailleurs : d'abord le fonds des ambassadeurs américain, puis l'Unesco. Un financement partiel des travaux étant acquis, il restait à trouver des maçons en mesure de réaliser ces derniers. Il est apparu que la solution était de faire appel à des artisans de Zanzibar. Au terme de six mois de négociations avec le Stcida, organisme en charge de la préservation du patrimoine de la vielle ville de Zanzibar, au début d'octobre débarquèrent à Mutsamudu quatre techniciens zanzibarite dont un architecte.
Ils constituèrent autour d'eux une équipe de cinq fundis d'Anjouan. Grâce à eux, en quelques semaines, l'Ujumbe commence à revivre et à redevenir le fier témoignage de la riche histoire des sultans d'Anjouan qu'il avait cessé d'être. Dans le futur, il devrait redevenir un lieu de mémoire, à la fois musée et salle de prestige pour des réunions ou des manifestations publiques. Ce n'est malheureusement pas pour tout de suite car, si les financements obtenus permettent de sauver le monument de la dégradation, ils ne permettent pas de réaliser une restauration complète qui fera appel à d'autres compétences que celles actuellement à l'œuvre : peinture, sculpture, travail du stuc, etc. Alwatwan
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