Le maréchal Hussein Tantaoui et l'ex-premier ministre d'Hosni Moubarak, Kamal El-Ganzouri, le 24 novembre. REUTERS/HANDOUT Les mi...
Le maréchal Hussein Tantaoui et l'ex-premier ministre d'Hosni Moubarak, Kamal El-Ganzouri, le 24 novembre. |
Les militaires égyptiens ont nommé Kamal El-Ganzouri premier ministre "avec les pleins pouvoirs", selon la télévision égyptienne. Des télévisions privées égyptiennes avaient déjà annoncé la veille, en début de soirée, que l'ancien premier ministre d'Hosni Moubarak, entre 1996 et 1999, avait été chargé par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) de former un nouveau gouvernement.
Au moment de cette annonce, des milliers d'Egyptiens étaient rassemblés sur la place Tahrir, au Caire, pour une manifestation dite de "la dernière chance" réclamant une fois de plus le départ immédiat du pouvoir militaire. Mohamed ElBaradei, ancien haut fonctionnaire international, a rejoint les manifestants. Ces derniers ne partiront de la place qu'une fois leurs revendications satisfaites, a affirmé l'imam conduisant la prière sur la place. Dans son sermon, il a également réclamé le transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement de "salut national".
Dans le même temps, la Maison Blanche a exhorté à un retour rapide à une gouvernance civile en Egypte. "Nous croyons, et cela est très important, que le transfert complet de pouvoir à un gouvernement civil doit avoir lieu de manière juste et sans exclusive, qui réponde aux aspirations légitimes du peuple égyptien, dès que possible", a indiqué Jay Carney, porte-parole de la Maison Blanche. Les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait au moins 41 morts au cours des derniers jours.
Après une semaine d'occupation de la place Tahrir par des dizaines de milliers de manifestants, le quotidien gouvernementalAl-Ahram titrait en une "Le vendredi de la dernière chance... la stabilité ou le chaos".
A trois jours des premières élections législatives depuis la chute le 11 février du président Hosni Moubarak, un autre quotidien gouvernemental, Al-Akhbar, affirmait qu'il s'agissait du "vendredi du tournant" dans un pays où le gouvernement, démissionnaire depuis lundi, n'a toujours pas été remplacé.
"LE PLUS GRAND TYRAN DU MOYEN-ORIENT"
Sur leur page Facebook, plusieurs mouvements pro-démocratie avaient de leur côté proposé une liste de noms pour la constitution d'un gouvernement de salut national. Ils faisaient notamment mention de Mohamed ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui vise la présidence, ainsi que d'Amr Moussa, ancien chef de la Ligue arabe et lui aussi potentiel président.
Un autre groupe pro-démocratie, celui des jeunes du 6-Avril, a estimé que le CSFA au pouvoir depuis le 11 février "a prouvé que la mission [de gouverner] était trop lourde à assumer pour lui", et rappelé que "c'est la place Tahrir qui a renversé le plus grand tyran du Moyen-Orient".
L'armée a toutefois écarté une nouvelle fois l'hypothèse d'un départ immédiat du pouvoir, des hauts responsables militaires assurant que cela reviendrait à "trahir le peuple". L'armée a annoncé mardi une présidentielle avant la fin juin 2012, par laquelle elle doit remettre le pouvoir exécutif à un chef d'Etat élu. Les militaires ont également confirmé que les élections législatives se tiendraient bien à partir de lundi, malgré les craintes qu'elles ne soient affectées par la crise actuelle, la plus grave à laquelle l'armée fait face depuis février.
"LE DROIT DES MARTYRS"
Des affrontements ont été signalés au cours des derniers jours notamment dans les villes de Port-Saïd (Nord), Suez, Qena (Centre), Assiout, Assouan (Sud) et à Marsa Matrouh (Ouest). Outre le retour à une gouvernance civile, les manifestants ont également placé ce vendredi sous le slogan "le droit des martyrs", pour exiger la poursuite des responsables de la mort des 41 personnes.
La police a muré la rue Mohamed-Mahmoud, menant au ministère de l'intérieur et théâtre des heurts les plus violents. Par ailleurs, Reporters sans frontières a déconseillé aux médias internationaux d'envoyer en Egypte des femmes journalistes, après une série d'agressions sexuelles.
COMMENTAIRES