La transition difficile qu’a connue la présidence comorienne pourrait faire gonfler la masse salariale des fonctionnaires qui absorberait...
La transition difficile qu’a connue la présidence comorienne pourrait faire gonfler la masse salariale des fonctionnaires qui absorberait plus des trois quarts des recettes publiques, « ce qui dépasse la capacité budgétaire de l’Union », a déclaré le Fonds monétaire international (FMI) à l’issue d’une récente mission dans l’archipel de l’océan Indien.
Les élections présidentielles ont eu lieu en décembre 2010 et ont été remportées par l’ancien vice-président des Comores, Ikililou Dhoinine, qui prendra officiellement ses fonctions le 26 mai 2011.
Un des systèmes de gouvernance le plus complexe au monde
La longue période de transition est le fruit des réformes du système de gouvernance, qui est considéré comme étant l’un des plus complexes au monde, bien que la population de l’archipel n’est que d’environ 800 000 habitants.
Gouvernement semi autonome
Les accords ont résulté en la création d’un gouvernement semi-autonome avec un président à la tête de chacune des trois îles – Grande Comore, Moheli et Anjouan. En outre, un système de présidence tournante a été instauré pour le gouvernement fédéral de l’Union.
Quatre assemblées parlementaires et quatre présidents distincts et de nombreuses autres prérogatives font qu’il est devenu très onéreux de gouverner l’archipel. Selon certaines estimations, les dépenses administratives d’un des pays les plus pauvres de la planète absorberaient 80 pour cent du budget annuel du gouvernement central.
Peu d’emplois formels en dehors de la fonction publique
D’après le site web des Perspectives économiques en Afrique, il n’existe pas de chiffres officiels du chômage aux Comores. « Le sous-emploi est sans doute la norme, car il existe peu d’emplois formels en dehors de la fonction publique. » Près de 45 pour cent de la population vit avec un dollar par jour ou moins.
Une « conséquence involontaire » des accords politiques a été la tenue d’élections annuelles, car les assemblées parlementaires et les mandats présidentiels n’étaient pas harmonisés, explique Opia Kumah, le coordinateur résident des Nations Unies aux Comores.
Harmonisation des élections
Le scrutin de 2010 a harmonisé les élections. En effet, sans ce scrutin, à partir de 2011, il y aurait eu des « élections chaque année jusqu’en 2019 », a poursuivi M. Kumah.
Outre les coûts et les perturbations liés aux jours de vote, les responsables du gouvernement font campagne pour leurs partis respectifs des mois avant le jour du scrutin, réduisant ainsi l’efficacité du gouvernement et ravivant les tensions politiques.
Harmonisation des mandats
Le président de l’île d’Anjouan a convenu de ne remplir que la moitié de son mandat de cinq ans, et les présidents des deux autres îles ont, quant à eux, réduit leur mandat de 18 mois, afin que tous les mandats soient harmonisés à l’avenir.
M. Kumah a reconnu le « courage » des hommes politiques du pays, qui sont prêts à « sacrifier » leur mandat, afin de guider leur pays alors que celui-ci connaît une évolution politique difficile.
Présidence tournante
Aucun représentant de Mohéli n’a encore occupé la présidence tournante de l’Union, tant et si bien qu’au début 2010, des tensions ont éclaté à Mohéli, car l’île pensait être privée de son mandat qui avait été confié précédemment à la Grande Comore et à Anjouan.
Les habitants de Mohéli sont parvenus à un compromis : des élections présidentielles auraient lieu en 2011 et le mandat du président sortant de l’Union des Comores Ahmed Abdallah Mohamed prendrait fin entre le 1er janvier et le 1er juin 2011.
Mise en garde
Les prochaines élections législatives sont prévues pour 2014 et les Comoriens éliront leurs nouveaux gouverneurs et leur nouveau président en 2015. Le système de présidence tournante entre les trois îles sera conservé.
Les dépenses de l’Etat en faveur des secteurs de la santé et de l’éducation en 2010 représentaient près de 5,9 pour cent du produit intérieur brut (PIB) et selon les prévisions, elles devraient atteindre les 6,1 pour cent en 2011.
Part très importante du FMI
D’après les chiffres avancés par le FMI, les envois de fonds représentent plus de 25 pour cent du PIB de l’île. Toutefois, des niveaux de transferts si élevés « ont aidé à sécuriser des importations beaucoup plus importantes que permises par une base d’exportation étroite, mais ne sont pas parvenus à dynamiser l’activité économique. »
A l’issue de la mission du FMI aux Comores (du 19 mars au 2 avril 2011) qui avait pour but de mener la troisième revue des résultats obtenus dans le cadre du programme économique appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC), le chef de mission du FMI pour les Comores, Mbuyamu Matungulu, a déclaré que la croissance avait accru très légèrement pour passer de 1,8 pour cent en 2009 à 2,1 pour cent en 2010, mais que l’inflation avait augmenté de près de sept pour cent, en grande partie en raison des prix élevés des importations de vivres et de carburant.
« La longue période d’élection et de transition semble avoir détourné l’attention des réformes. Les récentes mesures prises visant à gérer la masse salariale ont non seulement été remises en cause, mais ont entraîné des arriérés de paiement et des retards dans la réforme des entreprises publiques », a-t-il précisé. « Si la politique des salaires n’est pas redéfinie de toute urgence, la masse salariale pourrait atteindre 11 pour cent du PIB en 2011 et absorber 76 pour cent des recettes de l’Etat, ce qui dépasse la capacité budgétaire de l’Union », a estimé Mbuyamu Matungulu.source:surlefeu
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