Le 10 juin prochain, les électeurs et électrices de Ngazidja vont élire, pour les cinq ans à venir, celui qui aura la charge de présider à...

Cela, de par votre attachement profond à vos racines vous concerne et vous engage.
Il viendra bientôt, Inch Allah, le temps où vous pourrez, comme tant d'autres citoyens au monde, exercer vos droits politiques, même en étant éloigné de votre pays.
Il n'empêche qu'aujourd'hui, votre influence dans cette élection reste intacte. Et c'est la raison pour laquelle j'ai décidé, en même temps que je m'adresse aux électeurs et électrices de l'Île, de faire appel à votre soutien afin qu'ensemble nous construisions des lendemains meilleurs pour nos enfants.
Ces cinq dernières années, les dirigeants de notre pays, ceux des Îles comme ceux de l'Union, n'ont cessé de se tirailler pour des questions de compétences. Pendant ce temps, la population s'est plus appauvrie. Le niveau de l'éducation a encore régressé. La santé de la population s'est davantage fragilisée. Et la jeunesse, acculée par l'échec scolaire et le chômage s'est désemparée.
La faillite des Comores est-elle une fatalité ?
Je réponds non ! Il y a dans notre pays, particulièrement à Ngazidja, une intelligence, des compétences et un savoir-faire, capables d'éclairer le pays, le sortir de l'impasse et lui redonner espoir.
Pour cela, il faut un président capable de dépasser les clivages politiques pour apaiser, rassurer et rassembler toutes les bonnes volontés.
Les problèmes de notre pays ne sont pas seulement politiques. Ils sont surtout économiques et sociales. Et ils ont besoin de gens d'expérience, de compétence et de sagesse pour les résoudre.
C'est d'abord à la paupérisation de la population que je vais m'attaquer en premier : cette situation insoutenable qui avilisse la population. Combien sont les familles qui ne mangent pas à leur faim ? Combien sont celles qui n'arrivent pas à se soigner lorsqu'elles sont atteintes par la maladie ? Combien sont celles qui n'arrivent pas à envoyer leurs enfants à l'école faute de pouvoir assumer leur scolarité ?
À ces situations-là, il faut agir de suite pour que les enfants, au retour de l'école, puissent trouver à manger et garder le moral. Il faut agir de suite pour faciliter l'accès aux soins primaires et aux médicaments d'urgence. Il faut agir de suite pour faciliter la circulation des personnes et des biens, remettre d'aplomb l'eau et l'énergie, et endiguer les déchets, sources de bien de maladies dangereuses.
C'est ensuite au désarroi de la jeunesse que je vais m'employer ensuite pour offrir rapidement à chaque jeune un métier professionnel afin qu'il puisse tirer profit de la relance prochaine du tourisme, des travaux publics, des transports, de l'agroalimentaire, de la pêche etc. La formation professionnelle sera mon chantier prioritaire.
C'est enfin à la relance des activités économiques sans lesquelles il n'y aura pas de création de richesses nouvelles pour soutenir les actions sociales que je vais y consacrer le reste de mon temps. Auparavant, il faudra réhabiliter les quelques infrastructures existantes. Car, voyez-vous aucun investisseur sérieux et crédible n'acceptera d'investir dans notre pays si un minimum d'infrastructures n'existe.
S'agissant de la relance du secteur privé : tout sera mis en œuvre pour stimuler la création d'entreprises, sécuriser l'investissement et le patrimoine, assainir les mécanismes de passation des marchés publics, lutter contre la contrebande et la corruption, soutenir l'exportation, subventionner les activités industrielles.
Dans toute cette dynamique, la diaspora, à travers ses organisations représentatives sera sollicitée pour apporter son concours. Et à travers les organes consultatifs prévus par la constitution de l'île, son action sera revalorisée.
Je suis en outre conscient des difficultés que rencontre chacun d'entre vous lorsque vient le moment pour vous de prendre vos congés annuels au pays : pénurie de vols, tarifs exorbitants, difficultés pour dédouaner les colis et même surenchère des prix des produits de consommation courante et des matériaux de construction. J'y mettrai un terme.
Mieux encore, je m'emploierai à mettre en place un mécanisme et des structures pour favoriser et encourager l'insertion des jeunes diplômés issus de l'émigration dans l'économie nationale. Les activités de la Chambre de commerce franco-comorienne seront soutenues. Le projet de la « Maison des Comores », à Marseille, sera relancé et concrétisé. Des mécanismes pour faciliter les transferts d'argent, stimuler l'épargne-logement et favoriser le crédit habitat seront mis en œuvre avec les nouvelles banques nationales.
Je n'oublie pas l'épineux problème de l'Etat-civil qui empoisonne la vie de beaucoup de nos compatriotes en France. Je m'engage en étroite collaboration avec les autorités françaises et celles de l'Union des Comores à l'assainir de manière à rendre à chacun d'entre-vous la vie facile en France.
Mes cher (e) s compatriotes.
Il ne fait aucun doute que si nous sommes unis et solidaires, nous saurons surmonter nos difficultés. Notre pays n'a pas besoin de miracle pour s'en sortir. Juste un peu de sérieux et de bon sens. Cela doit commencer par les dirigeants et s'étendre ensuite à tous les Comoriens.
Longtemps, j'ai hésité avant d'accepter cet engagement. Mais, pourrais-je faire autrement ? Pourrais-je rester indifférent au sort de mon pays alors que je me sens encore en mesure de lui servir. Dès lors, comment pourriez-vous rester insensible à mon appel pour qu'ensemble, hommes et femmes, à Ngazidja et au sein de la communauté expatriée, nous sortions notre pays du gouffre dans lequel la bêtise humaine l'a plongée. Je vous en remercie.
Moroni, le 13 mai 2007