Un mépris de très longue date. Tous ces prétendus connaisseurs ajoutent quelques phrases (souvent les mêmes) et des chiffres de comparaison pour montr
Un mépris de très longue date
Les habitants de l’île de Maoré résident dans le département le plus pauvre de France. C’est ainsi que s’expriment les différents élus français ainsi qu’une grande majorité des journalistes. Tous ces prétendus connaisseurs ajoutent quelques phrases (souvent les mêmes) et des chiffres de comparaison pour montrer que leurs propos sont sérieux et dignes de confiance. Juste après avoir endormi celles et ceux qui les écoutent, ils rajoutent que tout autour de l’île hippocampe, les populations des autres pays aux alentours, sont plus miséreux. Ces sûrs d’eux enchaînent alors avec des chiffres qui, espèrent-ils peut-être, apaiseront les hommes et les femmes habitant l’île au lagon.
Cette manière d’avantager quelques uns au détriment des plus nombreux a été et reste un moyen et une stratégie des dominants pour garder leurs privilèges. Vous avez certainement remarqué que pour tous ces profiteurs, c’est le département qui est qualifié de pauvre, mais pas ses habitants. La déshumanisation de la pauvreté qui est ici palpable, révèle un long et réel glissement d’une partie des dirigeants vers le chacun pour soi, la concurrence à outrance et surtout la stigmatisation des hommes et des femmes qui n’auraient pas réussi.
La solidarité quotidienne, la vraie, est remplacée par l’égoïsme de ceux et celles qui profitent d’un système et qui justifient les inégalités par leur meilleure intelligence et leur travail. Ont-ils vraiment travaillé si ils ont suivi un cursus scolaire totalement fermé à la majorité de la population et qui reproduit les inégalités ? Leur légitimité auto-proclamé n’est basée que sur sur la répétition de chiffres et de phrases (apprises par cœur ) au cours d’études tracées d’avance vu qu’ils sont nés là où il faut.
Dans l’élan de solidarité exceptionnelle envers les habitants de Maoré, les mêmes dirigeants occupent les antennes, parlant comme ils savent bien le faire avec un trémolo dans la voix. Beaucoup d’électeurs visés se laissent embobiner, mais le réel revient très vite à la charge. Un concours s’installe sur qui prononcera le premier, les propos les plus démagogiques, plus bêtes ou plus ignobles. En voici quelques exemples :
- un dirigeant d’un parti raciste et xénophobe dira sans sourciller qu’il soutient ses frèsres mahorais envahis et violentés par des clandestins arrivés irrégulièrement de Ndzouani ( Anjouan pour les colons ). Moi qui suit originaire de l’île étoile et qui ai une sœur qui habite l’île hippocampe, suis consterné par un si grand cynisme.
- un président de la République française qui s’énerve et s’adresse à des sinistrés qui réclament de l’aide, que tous ces malheureux devraient être contents de la présence de la France, ce qui les protège de conditions beaucoup plus merdique.
Je me permets d’annoncer que l’auteur de ce dernier propos ignobles, ne mérite pas la place qu’il occupe.
Puis, après deux jours de réflexion, étant assez vieux pour avoir vécu sous la colonisation, j’ai compris que ce président ne faisait que perpétuer le mépris de ceux et celles qui sont persuadés qu’ils sont les meilleurs et donc au-dessus de tous les autres. Mais les meilleurs en quoi ?
L’angle de défense de ce président est encore plus surprenant et funeste. J’avais des militants devant moi et ils ont insulté la France, dira-t-il le lendemain. Quelle misère !!!
Des militants ne seraient-ils pas des êtres humains qui souffrent comme les autres sinistrés ?
La course vers l’argent a déshumanisé de nombreux êtres humains qui, feignant de temps en temps d’aider les victimes de catastrophes d’origine naturelle ou découlant de choix économiques des nantis. Ces profiteurs qui en plus, ont conquis le pouvoir politique, s’affichent comme des Zorro, sauveurs et donneurs de leçons. Ils ne s’estiment responsables de rien, pensant et affirmant que eux avaient réussi, et ce sont tous les autres qui sont incapables de comprendre le monde mortel qui leur est imposé par une infime minorité de nantis.
Soidriddine Mohamed
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