Lettre ouverte de Me Said Larifou à Azali Assoumani. La situation sociale particulièrement préoccupante aux Comores me rappelle un remarquable article
LA RENTRÉE UNIVERSITAIRE : SUPPRESSION DES FRAIS D'INSCRIPTION
LETTRE OUVERTE de Me Saïd LARIFOU, Président du RIDJA-PACTEF à MONSIEUR AZALI ASSOUMANI Chef de l'Etat de l'Union des Comores
C'est en ma qualité de président du RIDJA-PACTEF, une organisation politique panafricaniste, connue pour ses actions en faveur de l'épanouissement de la jeunesse africaine et comorienne en particulier, que j'ai pris l'initiative de vous interpeller pour trouver une solution urgente aux difficultés rencontrées par les familles dans le paiement des frais d'inscription de leurs enfants à l'université des Comores pour l'année universitaire 2024-2025 et solliciter, en raison de la grave crise sociale qui affectent la population comorienne, de les dispenser du paiement de ces frais pour la prochaine année scolaire à venir et des frais de timbres des passeports pour les bacheliers devant suivre leurs études à l étranger.
La situation sociale particulièrement préoccupante aux Comores me rappelle un remarquable article de presse publié dans le journal al watwnan par la journaliste Samynia Bounou sur les carences de l'éducation nationale comorienne et je constate que le rentrée 2024 va s'ouvrir sous les mêmes hospices avec une défaillance chronique des pouvoirs publics à maintenir sinon à amplifier la dégradation du système éducatif.
La crise qui affecte l'éducation et l'enseignement aux Comores se traduit sous forme de discrimination sociale en ce sens que, selon des chiffres non officiels, plus 80% de la population scolaire seraient scolarisés dans le secteur privé pour l'éducation et la formation de nos jeunes. Le système éducatif comorien favorise l'exclusion sociale et citoyenne.
Pourquoi depuis des décennies, l'Etat comorien ne prend en charge que les salaires des enseignants du public même avec des retards de paiements
Les villes et villages doivent prendre le relais en finançant via la "tontine " l'édification d'écoles et collèges se substituant à l'État défaillant dans un domaine pourtant régalien.
L'absence d'une vraie politique d'accompagnement aux élèves et étudiants comoriens en ce début de 21eme siècle est inacceptable, cette défaillance de l'Etat comorien compromet sérieusement l'avenir des générations de comoriens et engage la responsabilité des pouvoirs publics. L'État Comorien ne peut, dans ses interventions, prétendre bâtir les Comores de demain, garantir, comme le dispose l'article 29 de la constitution de l'Union des Comores « à tous les citoyens le droit à l'Instruction, à l'éducation, à l'enseignement et a la culture » alors qu'il n'apporte aucune assistance ni soutien aux familles des enfants et jeunes scolarisés.
La constitution de l'Union des Comores prévient que l'École est obligatoire alors que nombreux enfants et élèves ont été contraints à renoncer à l'Ecole faute de moyens.
Comment dans un pays qui se veut ambitieux et engagé pour sa jeunesse oblige les lycéens et les étudiants à payer des frais d'inscriptions, des fournitures scolaires, des inscriptions aux examens et à payer leurs diplômes ?
Que dire de l'enseignement supérieur où les étudiants n'ont aucune bourse susceptible d'alléger le fardeau financier des familles, pas de mutuelle ni de Crous ni un service de transports adaptés aux besoins spécifiques des étudiants.
En clair, il existe aux Comores, l'éducation pour les nantis et privilégiés, souvent liés au pouvoir, et les autres, les laissés pour compte, les va nu pieds, la plèbe la charge à payer.
Que dire du suivi médical de nos élèves qui devrait être assumé par l'Etat tout comme la médecine du travail qui est un devoir régalien de l Etat au profit de sa Nation.
Une fois de plus notre pays abandonne sa population et notamment sa jeunesse à son propre sort.
Il est temps désormais de poser ce constat malheureux et d'y remédier par, enfin, une prise de conscience des pouvoirs publics qui sacrifient sa jeunesse au profit d'exigences non prioritaires qui ,au fil du temps, paraîtront superficielles et inutiles.
Car laisser une jeunesse en déshérence accentuera l'exclusion sociale avec des conséquences immédiates et inévitables sur la sécurité, la paix sociale et conduira notre jeunesse à l'émigration vers des cieux plus accueillants et n'incitera nullement à nos compatriotes de la diaspora à venir développer dans nos îles des investissements n'ayant pour la satisfaire une population inculte et soumise ne pouvant apporter, comme il se doit , une plus value à quel titre que ce soit.
A quelque semaines de la rentrée scolaire et universitaire, je fais appel à votre sens de responsabilité pour faire en sorte qu'a titre exceptionnel et pour l'année 2024- 2025, les bacheliers, les étudiants soient dispensés des frais d'inscription et des timbres fiscaux pour l'émission des passeports pour les étudiants inscrits dans des universités à Etranger.
Espérant avoir réussi à vous sensibiliser sur ces sujets qui préoccupent les parents d'élèves et d'étudiants comoriens.
Je vous prie de Croire Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Dubaï, le 30 Août 2024
Me Saïd LARIFOU, Président du RIDJA-PACTEF
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