France : Mohamed Issouf et Loukman Abdoul condamnés à de la prison ferme. La substitut du procureur de la République ira dans le même sens que la juge
Deux jeunes Mahorais derrière les barreaux suite à une agression en centre-ville de Roanne
Les deux jeunes hommes ont été condamnés à 20 et 12 mois de prison ferme, lors d'une audience de comparution immédiate, ce mercredi 31 juillet.
Présentés aux juges du tribunal correctionnel de Roanne mercredi 31 juillet en début d'après-midi, les deux jeunes hommes finissent par s'excuser à la barre des faits qui leur sont reprochés. "Des excuses fausses et d'opportunité. Elles auraient été entendues si le récit des prévenus avait été cohérent", s'insurge Maître Aurélien Dumas-Montadre, l'avocat des deux victimes. Car la version des faits donnée par les deux prévenus est bien éloignée de celle de leurs victimes, mais aussi des différents témoignages et des images de vidéosurveillance.
Roué à terre de coups de pieds et de poings
Jeudi 25 juillet peu avant minuit, un couple de Roannais âgé d'une vingtaine d'années quitte les Jeudis Live de la place du Marché, en centre-ville de Roanne. Alors qu'ils marchent dans la rue piétonne avec des amis, trois personnes se trouvent derrière eux : une jeune femme avec un chien et deux jeunes hommes. Une dispute semble animer la jeune femme et l'un des deux hommes. C'est à partir de cet instant que les versions divergent.
Occupe-toi de tes affaires. Soumise, parle à ton chien !
La jeune femme du couple se retourne pour demander si tout va bien. En réponse, elle reçoit une pluie d'insultes de la part des deux hommes : "Occupe-toi de tes affaires. Soumise, parle à ton chien !". Entre autres. Sentant le ton monter et la situation s'envenimer, la jeune femme saisit son téléphone pour appeler la police. L'un des deux jeunes hommes lui arrache l'appareil pour le jeter à terre. Le compagnon de la jeune femme tente alors d'intervenir. Il reçoit deux gifles de la part d'un des hommes, avant d'être mis à terre par une balayette. Il est ensuite roué de coups de poings et de pieds par le duo.
Des images de vidéosurveillance à charge
Les policiers interviennent en moins de cinq minutes et retrouvent les deux jeunes hommes, qui ont quitté les lieux de l'agression, vers le tribunal de Roanne, où ils sont interpelés, l'un avec un taux d'1,46 g d'alcool dans le sang, le second avec 0,54 g. De la résine de cannabis, 17 g répartis dans de petits sachets, est retrouvée dans le sac de la jeune femme qui les accompagnait. Tous trois sont placés en garde à vue.
"Des témoignages de quatre autres personnes, mais aussi les images de la vidéosurveillance de la Ville confirment la version des victimes, mais vous persistez dans votre version."Sabine Kadem (Présidente de l'audience)
Les deux jeunes hommes livrent alors leur version des faits. "Elle s'est retournée et a tenu des propos racistes. Cela m'a énervé et j'ai pris son téléphone pour le jeter à terre. Je n'ai pas frappé son copain, je l'ai défendu même", pour Mohamed Issouf, 21 ans. "Je lui ai donné deux gifles, mais je ne l'ai pas frappé à terre, c'est lui qui nous a provoqué", pour Loukman Abdoul-Baanthi, 24 ans. Des déclarations qu'ils maintiennent tous les deux devant les juges du tribunal, ce qui irrite quelque peu la présidente de l'audience : "Des témoignages de quatre autres personnes, mais aussi les images de la vidéosurveillance de la Ville confirment la version des victimes, mais vous persistez dans votre version". Elle dénonce des "faits à caractère anti-social hyper alarmants".
Des casiers judiciaires déjà chargés
Mohamed Issouf, cinq condamnations au casier judiciaire pour des menaces et outrages à personne dépositaire de l'autorité publique, vols, violences sur ex-conjoint, convoqué devant la Justice en février prochain pour des envois de messages malveillants, venait, la veille, de se voir retirer son bracelet électronique relatif à un aménagement de peine. Loukman Abdoul-Baanthi, pour sa part, compile quatre condamnations liées à des stupéfiants. Inquiets de rester derrière les barreaux, où ils ont été placés au terme de leur garde à vue, tous deux réclament clémence et aide. "La Justice vous a déjà apporté cette aide. Et on vous retrouve là", intervient la présidente de l'audience.
Des faits à caractère anti-social hyper alarmants.
La substitut du procureur de la République ira dans le même sens que la juge, reprochant au duo "de minimiser les faits de violence". Elle requiert, à l'encontre de Mohamed Issouf, 20 mois de prison et son maintien en détention, une peine assortie de l'interdiction de contact avec les victimes et de porter une arme ; à l'égard de Loukman Abdoul-Baanthi, elle demande 12 mois de prison et son maintien en détention, ainsi que les mêmes interdictions.
20 mois et 12 mois de prison ferme
L'avocat des deux jeunes prévenus, Maître Hugues Roumeau, a bien du mal à soutenir la version de ses deux clients. Il explique leur agissement de cette soirée par leur jeunesse à Mayotte. "Ils n'ont pas grandi dans le cadre que l'on connaît en métropole. Certaines façons de faire étaient tolérées là-bas. La détention risquerait de les perdre définitivement et d'alimenter leur sentiment de victimisation", plaide-t-il.
Après délibération, les trois juges ont choisi de suivre au mot les réquisitions du Parquet. Les deux jeunes hommes ont été incarcérés au terme de l'audience.
Pascal Jacquet ©LePays
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