Azali et l’hôpital El-Maarouf, une histoire d’avenir ! Avec 42 000 m2, 4 blocs, 7 niveaux, 2 ascenseurs, et une rampe centrale, le nouvel hôpital El-M
Azali et l’hôpital El-Maarouf, une histoire d’avenir !
Élu pour la première fois en 2002 après son accès au pouvoir à la suite d’un coup d’État, le 30 avril 1999 sur fond de crise séparatiste, Azali Assoumani devient en 2002, à 43 ans le troisième jeune président de l’Histoire des Comores, après Hamadi Madi Boléro (37 ans) et Ali Soilihi Mtsachiwa (39 ans). Revenu délicatement au pouvoir en 2016, lui qui l’avait quitté par les honneurs, un 26 mai 2006, ce militaire de carrière a depuis mené plusieurs réformes institutionnelles qui ont été sources des élections anticipées de 2019, puis celles de janvier 2024 à l’issue desquelles il est réélu dès le premier tour. À 65 ans, il devient ainsi, depuis le 26 mai 2024 le seul président comorien à avoir occupé à plusieurs reprises le fauteuil de Beit-Salam. De ce long parcours, j’ai retenu un projet politique parmi tant d’autres, mais lequel m’importe assez : la réinvention du Centre hospitalier Universitaire El-Maarouf. Analyse d’une offre publique hors-normes, de ses enjeux, de ses perspectives managériaux, stratégiques, socio-politiques, économiques, et historiques.
Le bâtiment en soi, un géant culbutant
Avec 42 000 m2, 4 blocs, 7 niveaux, 2 ascenseurs, et une rampe centrale, le nouvel hôpital El-Maarouf est le plus grand bâtiment hospitalier de la région, mais le plus grand bâtiment tout court dans le pays. Sa taille peut faire des jaloux matériels aux côtés des centaines d’autres bâtiments riverains qui paraissent désormais plus courts comparables à la taille des fourmis. C’est en ce sens que sa taille peut déranger, son ossature aussi. Ces traits physiques assez imposants dans un quartier Ambassadeur dense semblent, non pas écraser l’Histoire du site issu de l’époque coloniale, en 1954, mais bousculer l’ordre architectural local. C’est un géant culbutant dans le sens où il donne l’impression de chasser tout ce qui le côtoie pour s’y faire bonne place.
Un projet ambitieux inégalable
Le projet est coûteux : 119 913 599 €. Soient plus de 58 milliards de KMF. Si j’ai retenu ce projet politique azaliste parmi tant d’autres, c’est pour l’unique et simple raison que ce projet donne sens à la politique même ; sinon comment allions-nous expliquer un retour au pouvoir du président Azali après 2007, si ce n’est avec un projet politique qui tienne compte du passé et des perspectives à venir des Comoriennes et Comoriens ? Or parmi celles-ci figurent essentiellement les domaines de la Santé, des Transports et des Énergies. La création du Centre hospitalier Universitaire El-Maarouf répond ainsi à une problématique populaire chère aux Comoriens. Ce retour aux affaires du Chef de l’État s’en est donc inspiré lui qui quittait rarement le pays quand il était dans l’ombre. Cependant, il ne suffit pas qu’à la place des vieux bâtiments, héritage de la colonisation s’en érige un autre gros : il lui faut aussi et surtout un management pointu.
Promouvoir une qualité et une sécurité des soins des Comoriens avant tout
Pour écrire cet article, j’ai dû m’étaler longuement sur l’un des documents phare de la Conférence de Paris (CPAD) des 2 et 3 décembre 2019, ce qui permet une analyse beaucoup plus scientifique. La création et le management constituent les fondamentaux pour promouvoir une qualité et une sécurité des soins. L’enjeu est bien là. Par sa nouveauté, le nouveau CHU El-Maarouf inaugure la voie des Comores sur laquelle la région, l’Afrique et le monde entier attendent voir s’esquisser tout un panel de choses relatives à l’acquisition de l’expertise dans le domaine de la création et le management en matière de Santé publique. À la loupe, ils nous observeront sur nos capacités de création, programmation, conception, construction, réalisation, équipement, maintenance, exploitation, gestion des informations relatives à la qualité et la réglementation des infrastructures hospitalières…etc. Il faut dire que le Comorien contraint jusqu’ici de quitter le territoire pour aller se soigner ailleurs faute d’expertise locale est le premier à observer et à prouver les qualités et sécurité des soins au sein du nouvel hôpital. Ainsi se pose aussi l’enjeu managérial.
Un projet managérial et de formation avant toute chose
Prévu dans le chapitre « Ressources Humaines » du projet, ce volet est vital. Il prévoit « 2121 agents répartis ainsi : 1544 à former et à recruter, y compris 155 médecins et 1 millier de paramédicaux ». Ce pôle est renforcé par un autre nommé « Ancrage universitaire » embrassant « l’Enseignement, la Recherche, l’Innovation, accueil d’internes, encadrement de médecins et l’ouverture d’une faculté́ de médecine ». C’est dire que le projet en soi est beaucoup plus pensé et mûri mais qu’il faut un suivi sans faille, aucune et une bonne gouvernance exemplaire permanente dans la durée.
Enfin, Azali et l’hôpital El-Maarouf, une histoire d’avenir est ce projet social combien vital pensé et bien réfléchi pour les Comoriennes et Comoriens. Je dirais sans prendre trop de risque que c’est la plus grosse réalisation de l’Histoire post-coloniale des Comores. Certains n’y croient toujours pas, se demandant si les images sur le bâtiment correspondent toujours à la réalité. On peut même parier que des riverains dans le quartier Ambassadeur peuvent jurer sur la non-existence du bâtiment. Après tout, ce qui importe aux Comoriens, c’est le rôle que jouera cette Haute institution publique sanitaire dans la qualité, la sécurité des soins des Comoriens, des qualités et sécurités qui dépendront aussi des bonnes gestion et organisation futures des déchets, de l’amélioration des conditions de travail des personnels et de l’accueil des patients et des visiteurs.
Abdoulatuf BACAR
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