Une République bananière à Paris. Dimanche 7 juillet, la gauche, regroupée dans le Nouveau Front Populaire constitué de LFI, du PS, du PC et des Ecolo
Une République bananière à Paris
Dimanche 7 juillet, la gauche, regroupée dans le Nouveau Front Populaire constitué de LFI, du PS, du PC et des Ecologistes, a obtenu 182 sièges de députés, devant la coalition présidentielle Ensemble (163), le RN associé aux transfuges de LR emmenés par Eric Ciotti (143) et le LR « canal historique » (39). Certes les Français n’ont accordé la majorité absolue à aucun courant politique mais ont tout de même exprimé leur préférence pour le NFP et son programme en connaissance de cause.
Je fus estomaqué par le culot de l’ancien ministre LR, Xavier Bertrand, qui réclame pour sa famille politique arrivée 4ème (et pour lui-même) le poste de Premier ministre et juge « complètement délirant le programme du NFP ». Je m’étonne que la journaliste Caroline Roux ne lui ai pas demandé pourquoi le programme qu’il pense si bien inspiré de LR ne l’a pas placé en tête du choix des électeurs.
Les discours des leaders de la droite et du centre, si tant est qu’il existe un centre en France comme le refusait François Mitterrand lorsqu’il déclarait « le centre, variété molle de la droite », convergent vers le même objectif : écarter la gauche de la direction du gouvernement.
Ils répètent à l’envi que la seule motivation du vote des Français le dimanche 7 juillet, c’était d’empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir. On a envie de leur demander pourquoi les Français ont choisi de glisser dans l’urne des bulletins LFI plutôt que des bulletins Ensemble ou ce qui reste de LR alors que les 3 blocs poursuivaient, du moins en apparence, le même objectif. La réponse est qu’en plus de s’opposer à la prise du pouvoir par Bardella et Marine Le Pen, les Français ont été beaucoup plus séduits par le programme du NFP que par les propositions des autres formations politiques.
Une chanson tourne en boucle dans les médias : la gauche ne dispose que d’une majorité relative. Soit ! Macron avait-il une majorité absolue dans la précédente législature ? Non et pourtant il avait confié successivement les clés de Matignon à 2 personnalités de son camp et nommé des gouvernements composés exclusivement de macronistes.
Au lieu d’accepter la démission du chef de la majorité relative sortante et de nommer un Premier ministre issu du bloc arrivé en tête lors des législatives, Macron joue la montre en espérant une dislocation du NFP avec 2 objectifs clairement affichés et partagés par tous les leaders de la droite et de sa variante molle : l’excommunication de LFI, principal parti de la gauche et la formation d’un gouvernement exclusivement de droite. Pour cette dernière et leurs médias, LFI est un parti d’extrême gauche bien que le Conseil d’Etat, plus haute juridiction de l’ordre administratif, réfute ce classement.
Le RN, quant à lui, a bien été classé dans la catégorie « Extrême droite » par les Sages du Conseil d’Etat. Ce qui décrédibilise donc la posture qui consiste à renvoyer dos à dos le RN et LFI. Macron s’amuse à tracer « un arc républicain » dont ne feraient pas partis les Insoumis. Il ferait mieux de s’expliquer devant les Français sur les dîners partagés par son conseiller Thierry Solère avec les leaders de l’extrême droite Marine Le Pen et Bardella en présence de son ancien Premier ministre Edouard Philippe et son ministre des Armées Sébastien Lecornu.
Macron n’a pas le courage d’assumer les conséquences de son « expérimentation hasardeuse », pour reprendre les mots de l’ancien Premier ministre Jospin au sujet de la dissolution ratée de 1997 provoquée par Chirac. Il a décidé d’ignorer le vote des millions de Français qui ont choisi librement d’accorder leur préférence au programme de LFI au détriment des propositions de la coalition présidentielle Ensemble, du RN et de LR.
Ma conclusion, c’est que le réchauffement climatique est une réalité : il pousse désormais une République bananière à Paris, en pleine zone tempérée.
Abdourahamane Cheikh Ali
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