La Banque Centrale des Comores (BCC) doit-elle baisser les taux d’intérêt ? S'agissant de la lutte contre la cherté de nos produits alimentaires, la s
La Banque Centrale des Comores (BCC) doit-elle baisser les taux d’intérêt ?
D'aucuns se demandent pourquoi la BCC ne baisse pas les taux d'intérêt. Je suis d'avis qu'il faut desserrer la vis monétaire pour les prêts destinés aux investissements. Par contre, une baisse des taux d'intérêt pour les crédits à la consommation serait contreproductive.
Baisser les taux d'intérêt des crédits à la consommation, c'est permettre la circulation d’une plus grande quantité de monnaie. C’est donc alimenter l'inflation d'autant plus que l'offre n'est pas abondante (j'utilise un euphémisme). Ce qui n'est pas bon pour notre portefeuille et va à l'encontre de l'un des objectifs de la BCC.
S'agissant de la lutte contre la cherté de nos produits alimentaires, la solution pérenne ce n'est pas d'injecter plus de monnaie dans le circuit mais plutôt d'augmenter la production locale.
Nos exportations sont insignifiantes et nous importons presque tout y compris des oignons et du citron malgré tous les séminaires du ministère de la production. Dans ces conditions, une baisse des taux d'intérêt aurait également pour conséquences de creuser davantage le déficit commercial et de diminuer considérablement nos réserves de change. Je m'explique. Nos commerçants financent leurs importations en achetant des devises (euros, dollars) avec des francs comoriens. A une grande échelle, cette opération engendrerait une appréciation de la valeur du franc comorien par rapport à ces devises, surtout par rapport à l'euro. Ce qui va à l'encontre de l'autre objectif de la BCC qui est d'assurer un taux de change fixe entre l'euro et le franc comorien.
Une appréciation de la monnaie comorienne rendrait moins chères les importations dans la mesure où Il faudrait moins de francs comoriens pour acquérir les euros ou les dollars nécessaires pour acheter nos produits à l'étranger. Cette perspective ne serait pas forcément une bonne chose pour notre pays. En effet, lorsque nous pourrons acheter à très bas prix, du fait de la forte valeur de notre monnaie, des bananes, du manioc, des ignames, des citrons et des oignons en Tanzanie et à Madagascar, nous serons encore plus paresseux et encore moins de Comoriens travailleront la terre.
Nous aggraverions une dépendance alimentaire qui mettrait gravement en cause notre survie en cas d'évènements empêchant les échanges commerciaux avec nos partenaires (crise diplomatique, guerre, cataclysmes naturels affectant notre zone ou les pays d'importation). Cette appréciation de la monnaie comorienne renchérirait les exportations, les rendant encore moins compétitives. Il faut noter que nous avons déjà une monnaie trop forte et surévaluée par rapport à notre économie.
Comment expliquer qu'un euro vaut 491.28 francs comoriens et qu'il vaut 655,02 francs CFA en Côte d'Ivoire, en d'autres termes que 1000 francs CFA valent 1,52 euros et que 1000 francs comoriens valent 2,03 euros, alors que le PIB de la Côte d'Ivoire (70,02 milliards USD en 2022) est 56 fois plus important que celui des Comores (1,24 milliards USD en 2022) ?
Abdourahamane Cheikh Ali
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