Grand mariage du professeur et philosophe Ismaël Ibouroi ou la belle fin d'un suspens autour du don. Pour Fundi Ismaël, le Âda, ce n'est qu'un don, un
GRAND MARIAGE DU PROFESSEUR ET PHILOSOPHE ISMAËL IBOUROI OU LA BELLE FIN D'UN SUSPENS AUTOUR DU DON
« Donner-recevoir-rendre » a-t-il écrit Marcel Mauss l'auteur de "Essai sur le don" (1925). Cet ouvrage est la dernière parmi les nombreuses lectures que le professeur et philosophe Ismaël Ibouroi Mramgou a longtemps combinées et confrontées à la veille de son grand mariage arrivé à terme ce lundi 14 août 2023. Très proche de lui, je l'ai vu lire ce livre et le relire, en souligner ou surligner de nombreux passages marquants. Mais qu'y a-t-il de commun ou de particulier entre le grand mariage événement du professeur et l'ethnologue français Marecel Mauss ? - Le Don surtout ! Autrement dit, l'acte de donner. Marcel Mauss est connu pour ses positions théoriques claires sur le "don et le contre don". Il est considéré comme étant le théoricien du don. Le grand mariage aux Comores prend justement sens avec cette action de "donner". Rétour sur un mariage pas comme les autres...
Pour Fundi Ismaë, le Âda, ce n'est qu'un don, une condition du lien social entre ceux avec qui on partage des valeurs fortes !
Il y a presque un an, j'ai publié sur cette plate-forme, le 31 août 2022 un article sur le Âda intitulé "Le âda, l'inévitable contrainte" soulignant les valeurs sociales et culturelles que met en avant la pratique pour le vivre-ensemble des Comoriens entre eux.
Le âda est aussi cette pratique qui tourne autour du don. En donnant, on le fait pour ceux qu'on aime et avec qui on partage des valeurs fortes. En le faisant, on rend forts et renforce les liens sociaux entre nous-mêmes. En donnant, on est paradoxalement prêt à recevoir et à rendre par la suite. C'est ce que Marcel Mauss appelle la triple obligation : donner-recevoir-rendre. De cette obligation triangulaire naît la solidarité point important pour un contrat social.
Cette triple contrainte est alors basée sur la réciprocité. Elle crée un effet social important que tout le monde partage en permanence, ce que l'on nomme en sociologie "le lien social". Malgré la dépendance que suscite ce dernier, il établie ce que Rousseau a appelé le "contrat social". Le âda détient ainsi cette force commmune du don créant les relations qui unissent les Comoriens entre eux.
Un grand mariage achevé sans fautes
Je suppose que le grand mariage de Fundi Ismaël et Rahama soit une œuvre chorale où toutes les voix s'y sont combinées. Ces voix ont entonné ensemble cette belle mélodie du lundi 14 août 2023 à Moroni-Sahara, à la résidence du couple où plusieurs centaines d'invités se sont rendus escortant en fanfare le marié.
Tout était en parfaite harmonie ; un orchestre de jeunes religieux habillés en rouge-blanc ont rythmé, animé et accompagné la foule nombreuse composée d'hommes. Ils sont habillés en menteaux ornés (djoho), en djuba, dragila ou vestes ont été accueillis dès l'entrée par des femmes bien habillées à la traditionnelle elles aussi, assises ou debout dansant et reprenant le refrain du chant religieux "Twalaan l'badroun ãnlayinaa". Le boinaharussi vêtu du célèbre menteau noir orné (djoho) et du couvre-chef royal teinté de trois couleurs dominantes , le bleu, le rouge et le jaune.
Du Shundu-wantsi aux coulisses du lundi 14 août
Arrivés sur place, ce fût le temps des discours connus sous l'appellation trop artistique le "Shundu-wantsi". Fundi Ismaël adore ce moment-là. Il me le dit souvent. Deux grands orateurs y ont été associés. L'un a parlé pour l'époux alors que l'autre représentait la mariée. Ils ont bien tous les deux assuré leurs fonctions car éloquents, chose importsnte attendue en pareilles circonstances : Said Salim et Ahmed El-Barouane.
Des éloges faits sur les deux familles, on aura presque tout appris d'elles : l'amour réciproque du couple, leur nature d'homme et femme posés et dévoués pour le bien-être de leur entourage, la volonté partagée d'être toujours disposés pour autrui, et surtout les étapes de la vie que le couple a franchies pour arriver là aujourd'hui : leurs enfants revenues actives car formées, amour envers leurs proches et les autres...
On aura appris l'anecdote que Fundi Ismaël a tout fait pour les siens à Foumbouni (frères et sœurs ) avant de le faire pour lui aujourd'hui. Depuis très longtemps, il a tenu à faire le grand mariage en cédant de grosses sommes à la ville de Foumbouni mais on lui a toujours refusé jugeant la forme inappropriée. À chaque refus, le don a été réorienté à des projets d'intérêt commun : route, mosquée, éclairage public...
Belle cerise sur le gâteau !
Nombreuses délégations qui se sont rendues à Foumbouni dans le madjliss, jeudi 10 août ont été prises en charge dans leurs propres localités comme à Koimbani, Mbéni, Moroni, Mitsamihouli et tant d'autres ou dans d'autres mocalites comme Mandzisani ou plusieurs délégations y ont été accueillies avant de se rendre à Foumbouni.
Ce dimanche 14 août 2023, on aura tout appris ce qu'est Ismaël Ibouroi, le philosophe, le traditionnel modèle le plus moderne de sa génération. Cerise sur le gâteau du dimanche ? - Dans les coulisses du dimanche 14 août, le délégué à la Defense Youssoufa Mohamed Bélou s'est présenté à Sahara vêtu à la normale sans son djoho. Le Dieu architecte n'a-t-il pas fait de lui le cow bail du dimanche pour tout finir en beauté ? Il a été banni sur place par la puissante classe du Mila-nantsi. Chose qu'il a acceptée. Il s'y est soumis et a dû payer la dette qui sera attribuée spontanément à l'Inya Fwambaya représentée par Ntsoudjini (Philosophe Djaffar Mmadi).
Abdoulatuf BACAR
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