Les Sans-Patrie : la fabrication du mahorais-pieuvre-mime. La question de notre appartenance à une patrie semble avoir plus occupé les nuits de Abdall
Les Sans-Patrie : la fabrication du mahorais-pieuvre-mime
Mayotte, il faut que la population le sache car cela est lourd de sens, est actuellement inscrite et reconnue dans deux constitutions différentes : La constitution comorienne (de force) et la constitution française (par choix).
Les élus ne semblent pas choqués outre-mesure, nos deux députés qui ont travaillé de près avec le Quai d’Orsay—n’ont jamais mis de pression pour que notre île soit retirée de cette constitution.
Pourtant, la question de la Patrie se pose pour moi: dans quelle patrie sommes-nous ? Tout est français autour des nous, mais dans les textes—pas que... Ceci est d’autant plus troublant qu’aux Jeux des îles qui n’existeraient pas sans les financements de la France, les athlètes mahorais sont « apatrides »—sans que cela n’émeuve grand monde.
Macron-candidat lui-même n’était pas trop sûr lorsqu’il déclarait que la question n’était pas facile, qu’elle était plus complexe, préférant annoncer que le « statu quo n’est plus tenable. » Il s’en était ensuite expliqué: il pense qu’il faut augmenter l’aide au développement. En gros il faut développer le pays qui nous colonise. Il aura plus tard quelques doutes sur la capacité du statut de département à nous rendre heureux. Dieu merci, face à la Russie il a clarifié la situation de notre île qui n’a absolument rien à avoir avec la Crimée.
Mais soit.
La question de notre appartenance à une patrie semble avoir plus occupé les nuits de Abdallah Ahmed Sambi que nos gouvernements successifs. Sambi, allant au bout de la logique, Mayotte étant dans les deux constituerions, a proposé une co-gestion de Mayotte: une location, un bail signé avec la France, une « occupation » définie avant la « restitution » façon Hong-Kong.
Utopique ?
Je ne sais pas. Mais ce dont je suis sûr c’est que Mayotte est dans la constitution de deux pays différents - donc soit sans-patrie, ou avec deux patries. Si les élus ne disent rien, et ils continuent de ne rien dire sur ce point, alors une coutume s’installe, une situation de crée qui deviendra inextricable.
Nos enfants d’ailleurs commencent à ne plus trop saisir la notion de Patrie: les sportifs, à force d’être privés des symboles de leur pays chaque année, comme dans une sorte de lavage de cerveau, finissent par ne plus rien ressentir à ce sujet. Beaucoup d’entre eux choisissent « leur » autre patrie: les Comores, et tiennent à peu près le même discours: « échec de la France de leur offrir un avenir sportif, les Comores sont une chance. » Ils deviennent chromatophores: ils choisissent leur couleur pour se camoufler selon l’environnement et le contexte.
On les détache de l’Amour de la Patrie: le développement est plus important, le sport est plus important. Il y a toujours une question plus importante que celle de l’identité, de la souveraineté française à Mayotte. Voilà ce qu’on nous assène pour obtenir notre silence.
Se taire est une trahison. Les élus ne peuvent pas continuer à se taire sur ce sujet. Les mahorais doivent exiger que cette question de constitution soit réglée.
Yazidou Maandhui
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