Quelle tristesse ! Nos chemins se sont croisés en mars 2015 au journal Al-fajr où j’ai posé mes valises après six mois de stage à Kar...
Quelle tristesse !
Nos chemins se sont croisés en mars 2015 au journal Al-fajr où j’ai posé mes valises après six mois de stage à Karibu Hebdo. Je l’ai découvert rebelle, irrévérencieux, prêt à tenir tête à la hiérarchie qui souvent lui reprochait de « taper fort ». En vain puisqu’il n’était que ce qu’il était : une tête brûlée. Ses papiers souvent subissaient des véritables coups de bistouris pour les « adoucir ».
Quand le journal paraissait avec cet article édulcoré, insipide, l’auteur, lui, publiait l’original sur sa page Facebook avec la fougue qu’on lui connaît. N’en déplaise !
Quand le journal paraissait avec cet article édulcoré, insipide, l’auteur, lui, publiait l’original sur sa page Facebook avec la fougue qu’on lui connaît. N’en déplaise !
Au mois de juin 2017, le journaliste avait écrit un article à charge contre l’ancien ambassadeur de France à Moroni, Robby Judes. L’article publié sur internet en dehors du quotidien sera la cause de sa démission le mois suivant. Le Quai D’Orsay avait en effet demandé à l’État comorien des « mesures » contre l’auteur du pamphlet. Si Moroni a préféré ne pas en faire toute une montagne, il n’en reste pas moins que la direction d’Al-fajr a pris position contre son journaliste, estimant qu’elle « ne peut jamais s’associer à des agissements qui s’écartent de sa vocation principale ».
Le journaliste aura beau expliquer à sa hiérarchie qu’un article publié à l’extérieur n’engageait en aucun cas la responsabilité du journal pour lequel il travaille. De guerre lasse, il a préféré déposer sa démission début juillet et faire le choix difficile de mettre une croix sur le journalisme, le cœur en bandoulière car c’était le métier qui lui a donné un nom.
Dans le cadre de cette reconversion professionnelle, il a atterri au ministère de la jeunesse et des sports de Salim Hafi en tant que communicant, avant de rejoindre le ministère des finances quelques temps après un remaniement technique du gouvernement. Ses performances ne se sont pas démenties puisque en donnant le meilleur de lui-même il a su rendre visibles et lisibles les actions du ministère de Said Ali Chayhane...
Dans le cadre de cette reconversion professionnelle, il a atterri au ministère de la jeunesse et des sports de Salim Hafi en tant que communicant, avant de rejoindre le ministère des finances quelques temps après un remaniement technique du gouvernement. Ses performances ne se sont pas démenties puisque en donnant le meilleur de lui-même il a su rendre visibles et lisibles les actions du ministère de Said Ali Chayhane...
Le communicant n’a pas profité de son petit confort pour devenir hautain et distant envers ses anciens confrères. Il s’est imposé en un incontournable avocat des médias auprès de son ministère. Le paiement régulier des factures des annonces publicitaires en témoigne. La dernière fois qu’on s’était vus, c’était au bureau du directeur de publication de La Gazette des Comores le 25 janvier. J’ai tapé l’incruste pendant que lui il était sur le point de partir après des échanges avec notre supérieur et la responsable commerciale : « Mais qu’est-ce que tu viens foutre ici toi ? Ici il n’y a pas de Pall Mall (marque de la cigarette que je fume) », me lançait avec humour celui qui était venu, à juste titre, régler une facture.
Quand il était à Paris en décembre dernier dans le cadre de la Conférence des Partenaires, j’avais fait part à mon ami de la dépression qui me happait durant les huit mois que j’ai passés dans La Ville Lumière. Je le mettais en garde contre ces « proches » qui viennent telle une meute auprès du « newcomer » pour lui demander de se marier pour obtenir des papiers français, le dissuader de rentrer parce que les Comores sont « maudites »...
Nakidine Hassane, puisqu’il s’agit de toi, tu m’avais donné une réponse que je ressasse depuis que la vie a décidé de ton départ. Et pour une bonne raison. Tu m’avais dit qu’en aucun moment tu ne pouvais t’offrir le luxe de rester en France car…ta femme et ton fils ne pouvaient supporter ton absence. Voilà que le destin a fait brutalement et prématurément voler en éclats tes convictions et principes. Depuis le matin de ce vendredi 31 janvier, tu t’absentes à tout jamais. Les bras m’en tombent. Et pas que les bras, le cœur aussi. C’est dur à accepter !
Ton pote Toufé
(Paru dans La Gazette des Comores de ce 3 février)
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