Il s’appelait Ibrahim Ali. Il était un jeune Marseillais de 17 ans comme tant d’autres. Il est mort un 21 février de l’année 1995, terras...
Il s’appelait Ibrahim Ali. Il était un jeune Marseillais de 17 ans comme tant d’autres. Il est mort un 21 février de l’année 1995, terrassé par une balle de 22 long rifle, en raison de sa couleur de peau. D’origine comorienne, le lycéen sortait d’une répétition avec son groupe B-Vice pour préparer un spectacle contre le sida. Il courait avec ses amis dans l’espoir d’attraper le dernier bus en direction de la Savine (15e).
Chétif pour son âge, sourire discret sur les photos d’époque, Ibrahim Ali a été "tiré comme un lapin" disent les témoins, lâchement, dans le dos, par un militant du Front national, Robert Lagier, aidé de ses deux complices, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio. Le trio venait de coller des affiches à la gloire de Jean-Marie Le Pen sur un mur de ciment du Carrefour des quatre Chemins (15e), bardé du slogan "Avec Le Pen, 3 millions d’émigrés rapatriés".
Soutenus moralement et financièrement par des élus locaux et nationaux du FN (devenu RN), les tueurs seront condamnés aux assises, trois ans plus tard, (quinze ans pour Lagier, dix ans pour d’Ambrosio, deux ans pour Giglio) au cours d’un procès accablant où la responsabilité du FN sera clairement établie : "Ce comportement criminel a été conforté par l’idéologie sécuritaire, raciste et xénophobe à laquelle adhéraient les accusés", tranchera le verdict.
Comme chaque année, aujourd’hui à 12 h 30, ses amis, des citoyens et des militants de gauche, pour la plupart, appellent à un rassemblement en sa mémoire au carrefour des Aygalades (15e). Vingt-cinq ans plus tard, malgré de multiples sollicitations et mobilisations, ils n’ont toujours pas obtenu de la municipalité Gaudin qu’une rue porte le nom de cet enfant de Marseille tué par la haine.
Par Laurent D'Ancona ©La Provence
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