«Immigration et délinquance Voici un texte que vous ne lirez pas sur Flash Infos Les émeutes à Koungou ont donné l’occasion au pr...
«Immigration et délinquance
Voici un texte que vous ne lirez pas sur Flash Infos
Les émeutes à Koungou ont donné l’occasion au préfet Jean-François Colombet de faire le lien entre immigration et délinquance, un tournant dans le discours des représentants de l’Etat à Mayotte.
C’est un sujet tabou en politique. Le rapport entre immigration et délinquance est des plus explosifs. Selon la thèse défendue, on est accusé d’être soit un raciste pur et dur théorisant sur les prédispositions génétiques à la criminalité, soit un bien-pensant incapable de voir la réalité des chiffres. Résultat, impossible d’avoir un débat serein, étayé par des faits concrets. Pourtant, des statistiques officielles existent. Elles sont basées sur les condamnations par la justice et non sur les infractions constatées par la police.
Sans être totalement fiables, elles excluent a priori tous les soupçons de contrôles au faciès et d'arrestations arbitraires à l’encontre des étrangers et autres personnes issues de l’immigration. Plus encore, elles permettent de ne retenir que les condamnations relevant de la justice pénale, ce qui exclut une large part des infractions concernant les sans-papiers qui relèvent le plus souvent de la justice administrative. Et ces statistiques prennent en compte un critère objectif : la nationalité (mais aussi le sexe, l’âge...) et non l’origine ethnique, critère difficile à mesurer.
Une situation de déracinement
Que disent ces chiffres ? D’une part, il y a bien une sur-représentation des étrangers dans la délinquance. C’est le cas en métropole, mais le phénomène est plus marqué dans les départements et territoires d’outre-mer, notamment à Mayotte où la population étrangère est majoritaire, où l’on recense, officieusement, 70 bidonvilles sur l’ensemble du territoire, et 17 bandes de jeunes qui sévissent principalement en zone urbaine.
La xénophobie et le racisme trouvent dans cet imaginaire collectif un très puissant terreau. Et certaines forces poli-tiques ont toujours manipulé cet imaginaire, principalement à l'extrême droite. Le fond de ce discours consiste à dire que les pratiques délinquantes, surtout celles des jeunes, s'expliquent par « quelque chose » en rapport avec leurs ori-gines étrangères : tel ou tel aspect de leurs mœurs, de leur culture, de leurs modèles conjugaux ou familiaux, de leurs religions, ou encore leur situation de « déracinement ». Ce raisonnement est particulièrement prégnant à Mayotte qui subit une immigration comorienne massive, particulièrement invasive s’agissant des ressortissants anjouanais, les plus nombreux sur le territoire, sans compter une immigration malgache et africaine en forte hausse ces dernières années.
Une délinquance dite "de pauvre"
Selon différentes études menées au niveau national, la structure de la délinquance étrangère ne diffère guère de la délinquance des nationaux et parmi les infractions où les étrangers sont le plus représentés figurent : consommation et trafic de drogues, vols à l’étalage, à la tire, proxénétisme, coups et blessures, destructions et dégradations de biens pu-blics, outrages et violences à personnes dépositaires de l’autorité publique… Or, ce sont justement ces infractions qui enregistrent les taux les plus élevés d’élucidation par la police et la gendarmerie.
Nombre de délits constatés sont appa-rentés à une délinquance dite "de pauvre" et à la dégradation de la situation des quartiers pauvres : il faut alors mesurer la corrélation entre conditions socioéconomiques et type de délits commis. Un calcul exact de la représentativité des étrangers dans la délinquance ne devrait tenir compte que de la proportion des étrangers légaux par rapport au reste de la population et exclure les étrangers en transit ou en situation irrégulière. Par ailleurs, une même personne peut être interpellée plusieurs fois pour le même délit notamment dans les cas de vols ou de consommation de drogue.
Un tournant dans le discours préfectoral
L’idée de l’existence d’un lien entre immigration et délinquance a fait son chemin au sein des débats publics sur l’insécurité. Pour ce faire, des sociologues ont procédé au dépouillement quantitatif des « dossiers administratifs » de mineurs détenus. Ces dossiers sont constitués par les centres de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Individuels, ils contiennent des informations sur les caractéristiques sociales du mineur (sexe, âge, niveau scolaire), sur sa personna-lité, son foyer (situation matrimoniale des parents, niveau et provenance des revenus, par exemple), ainsi que sur les procédures pénales passées et présentes impliquant le mineur en question, tout comme la « prise en charge éducative » par les services de la PJJ dont il est l’objet.
La population mahoraise n’a donc pas tort de cibler l’immigration « sauvage », incontrôlée, comme principale cause des violences, de la criminalité et de la déstabilisation de l’île. Le préfet Jean-François Colombet le reconnaît d’ailleurs implicitement, en déclarant publiquement, sans citer leur nationalité et leur origine, que parmi les sept per-sonnes interpellées après les émeutes de Koungou, il y avait « un Mahorais et six étrangers ».
Zaïdou Bamana»
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