La barque portée disparue avec 16 personnes à bord a connu un dénouement heureux car les rescapés ont été repêchés au large de Mahajunga ...
La barque portée disparue avec 16 personnes à bord a connu un dénouement heureux car les rescapés ont été repêchés au large de Mahajunga à Madagascar. Une nouvelle qui a ému toutes les familles et proches ainsi que l'ensemble des moheliens.
Cependant cet épisode marque les limites d'un système défaillant qui laisse la porte grande ouverte à la mise en danger de la vie d'autrui. Tout le monde sait que les gens prennent ces embarcations de fortune par dépit car prendre l'avion entre les îles est inaccessible pour la très grande majorité des comoriens, en plus le port de Mboingoma étant inaccessible pour beaucoup de bateaux de cabotage car très dangereux pour ces derniers. Ici aussi le confort, la durée du voyage et le prix ne sont pas encourageants.
Ce système de repli est mis en place et devenu très en vogue depuis des années. Même les dirigeants de ce pays n'hésitent pas à braver la mer à bord de ces kwassas avec fière allure oubliant les causes qui poussent les moheliens à mettre leurs vies en danger. Pire encore ce mode de transport est officialisé depuis par la présence sur les plages de départ ( Hoani pour Ngazidja et Fomboni pour Anjouan) de policiers et douaniers qui viennent racketter les passagers et armateurs. Racketter car aucune disposition légale n'existe pour fixer ces taxes, aucune ligne budgétaire n'existe nulle part et tous les fonds ne sont pas versés au trésor public.
Bon gré mal gré, les gens ne pouvant faire autrement, se posent les questions sur la sécurité de ces circuits de transports. L'aventure de ces 16 passagers n'est pas la première et ne sera pas sans doute la dernière. Beaucoup de personnes ont perdu la vie durant ces traversées à risque, des bateaux qui chavirent, des bateaux en panne de carburant ou avec des moteurs qui tombent en panne qui partent à la dérive et des bateaux qui supportent mal les mers agitées. Malheureusement il n'existe aucun dispositif de secours en cas d'avaries. C'est le sauve qui peut, la débrouillardise et attendre la providence divine. Les naufragés ont signalé par téléphone leurs pépins en pleine mer mais faute d'organisation et d'un dispositif de secours, il a été impossible de leur venir en aide.
- Pourquoi à Moheli il n'existe pas de bateaux pour la garde côte ? Il a fallu le courage des pêcheurs et de quelques civils pour entamer des recherches et là encore l'appui des autorités a été des plus désordonnés.
- Le pays ne dispose d'aucun moyen aérien adéquat pour survoler les zones de naufrage. Il faut affréter un avion des compagnies privées pour quelques heures de survol à haute altitude avec un coût très élevé.
- Triste de constater que dans ces drames humains dans cette région, la coopération régionale est inexistante. Pourquoi ne pas faire appel aux moyens dont disposent Mayotte, Madagascar, Tanzanie... une fois l' alerte lancée.
- Le manque d'équipe organisée ou de professionnels pour les recherches témoigne du désordre général qui règne dans ce pays . Il n' y a eu aucune cellule de crise mise en place pour coordonner et aiguiller les recherches . On se rappelle qu'un des pêcheurs qui a participé aux recherches a indiqué avoir vu des traces d'objets appartenant à l'embarcation 3 ou 4 jours après la disparition. Ces traces étaient plus proches de Madagascar que des Comores. Cette information est passée inaperçue et non traitée. Il a fallu plus de 10 jours supplémentaires pour qu'on les trouve au large de Madagascar.
- Ces bateaux ne disposent pas de balises de localisation, ni traceurs, ni fusées de détresse. Pourquoi les racketteurs pardon autorités n'ont pas pensé à exiger ces outils de prévention qui pourraient être salutaires.
En attendant les réponses, le trafic continue de plus belle comme si rien n' était. C'est ainsi que va la vie dans ce pays où l'insouciance et la fatalité sont des modèles de gouvernance.
Djamal Eldine Issoufa
Djamal Eldine Issoufa
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