Au soir de sa vie, Ali Mroudjaé s’efforçait de prendre du recul par rapport à l’action des hauts responsables comoriens dont il a fait pa...
Au soir de sa vie, Ali Mroudjaé s’efforçait de prendre du recul par rapport à l’action des hauts responsables comoriens dont il a fait partie. Et quand il analysait les causes de l’indépendance inachevée et de la trop grande fragilité de l’Etat comorien, il n’hésitait pas à pointer les responsabilités.
« Nous avons commis une erreur : celle d’avoir sous-estimé la volonté de la France » de morceler les Comores, m’a-t-il confié en me recevant chez lui à Pangadjou.
« Nous avons commis une erreur : celle d’avoir sous-estimé la volonté de la France » de morceler les Comores, m’a-t-il confié en me recevant chez lui à Pangadjou.
Déja le coup d'Etat du 3 août 1975 , un mois seulement après la proclamation de l’indépendance, "a bénéficié du soutien actif de hauts fonctionnaires français sur place... Même Ali Soilih avait été trompé..."
Il insiste : " Nous avons sous-estimé la diplomatie française au regard des différents soutiens qui se manifestaient à l’égard de l’Etat comorien. Or elle s’est révélée particulièrement forte. Elle a employé des moyens inimaginables en vue parvenir à ses fins ...".
"Et puis, c’est vrai aussi qu’on a surestimé l'OUA. Nous, on croyait à l’idéal de démocratie et de liberté. On croyait à des valeurs comme l’honnêteté et la parole donnée.Mais l’humanisme français, qui est par ailleurs une réalité, a été totalement absent dans le cas des Comores. "
" Ici, La diplomatie française a pris le contre-pied de toutes les valeurs universelles non seulement pour détacher Mayotte du reste des îles mais aussi pour affaiblir systématiquement les Comores indépendantes. Ce sont des faits historiques vérifiables..."
« Elle n’a pas hésité à soutenir de mauvaises personnes pour réaliser ses objectifs. Cela aussi c'est la vérité. »
Pour l'ancien membre du parti "Blanc", l’opération de cession de la société d’Electricité EEDC à une grande société française qui n’a jamais tenu ses promesses, tenait de cette volonté visant in fine l’affaissement de l’Etat des Comores.
« Faut-il rappeler que c’est le président français lui-même, Jacques Chirac, qui avait appelé Taki pour lui proposer de céder l’EEDC à cette société en vue de régler les problèmes de l’Energie ». Il est vrai que ce partenariat a été décevant pour les Comoriens .
De son point de vue donc : « la puissance coloniale n’a donné aucune chance aux Comores ». Mais il admet que cela n’excusait pas tous les ratages de l’Etat comorien. Evidemment.
Par Ali Moindjié
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