Crédit Photo © Huey Percy Newton De l’échec de la manifestation à l’urgence de restructurer la diaspora Hier dimanche 14 avril, que...
Crédit Photo © Huey Percy Newton |
De l’échec de la manifestation à l’urgence de restructurer la diaspora
Hier dimanche 14 avril, quelques groupes des migrants comoriens ont manifesté. Il est très difficile de comprendre le modèle démocratique qu’ils veulent proposer. La rue n’a jamais gouverné. Quand elle gouverne, c’est souvent le signe d’un déclin et du chaos. Dans une démocratie, c’est auprès des institutions qu’il faut contester.
Vouloir qualifier de dictature un pays qui organise des élections libres auxquelles l'opposition a participé, qui observe la liberté d'expression, qui autorise des missions d'observation électorale et engage des forums citoyens de consultation semble grotesque. Bien heureusement, la grande majorité de la diaspora comorienne ne s’est pas ralliée à cette manipulation. Les manifestations en ordre dispersé n’ont pas convaincu plus d’un. La faiblesse numérique, le manque de cohérence et de la clarté du discours expliquent l’échec cuisant de ces mobilisations initiées par cette diaspora minoritaire très politisée et éloignée de vrais enjeux du moment.
Cependant, toute radicalisation est une menace à la démocratie. Parce qu’elle correspond à une sortie nette des cadres routiniers de la politique. Il faut bien entendre le message sinon la signification de cette radicalisation.
On a vu la sortie d’une vidéo où l’on détaille sans vergogne un plan apocalyptique contre leur propre pays. Et si l’on voit qu’une partie de la diaspora descend dans la rue de France, ne dit mot sur ces tentatives d’opérations extrémistes, ne condamne pas les propos haineux de leurs porte-parole, cela devrait attirer notre attention. Parce qu’elle n’augure rien de bon dans l’avenir de la démocratie au sein de notre diaspora. Il s’agit là d’un constat d’une intégration moins affirmée.
Plus que jamais, la restructuration de la diaspora devient de plus en plus nécessaire et urgente. L’entrée en radicalité est principalement l’effet des réseaux sociaux qui affaiblissent le rôle des leaders légitimes et charismatiques donnant lieu à des groupes dispersés sans hiérarchie. La démultiplication des nouveaux leaders traversés par la rivalité mimétique et habités par la recherche d’une notoriété à travers la publication des selfies sur leurs murs accentue le risque d’engrenage et de mobilisation sans revendications claires.
Mais ce manque de clarté dans le discours de ces groupes diasporiques révèle le besoin d’être entendus, et représentés dans les instances de prise des décisions.
La nouvelle Constitution du 30 juillet 2018 accorde heureusement une importance particulière à la diaspora. Que ça soit dans le domaine politique ou économique. La diaspora est un vecteur de développement. La nôtre peut continuer à contribuer au rayonnement culturel de notre pays. Mais, à condition qu’elle soit dotée d’une structure représentative et des leaders légitimes porteurs d'un discours de sérénité, capables d’engager un dialogue serein avec les autorités du pays d’origine et du pays d’accueil.
Aux autorités de renforcer le dialogue inclusif avec la diaspora pour mettre en place des institutions légitimes dont la vocation serait d’accompagner les migrants comoriens dans leurs démarches administratives, leurs projets d’investissement économique et culturel. Et surtout de les inviter à participer au débat public.
C’est comme cela que l’on peut éviter l’apparition des faux leaders opportunistes très dangereux pour notre démocratie. C’est comme cela que l’on peut faire de notre diaspora un levier pour le rayonnement international des Comores. C’est comme cela qu’elle pourrait inspirer un modèle de références en matière de démocratie.
Msa Ali Djamal, ancien DG de l'ORTC
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