Quatre questions à Ali Mmadi, un des organisateurs des manifestations des comoriens à Marseille. Entretien. 1. Vous faites partie des ...
Quatre questions à Ali Mmadi, un des organisateurs des manifestations des comoriens à Marseille. Entretien.
1. Vous faites partie des organisateurs des manifestations à Marseille depuis fin mars. Aujourd'hui, les pro-Azali veulent eux aussi manifester. Êtes vous au courant ?
Nous avons appris cela bien sûr. Mais nous sommes en France, un pays démocratique où les libertés sont respectées. C'est pourquoi nous manifestons chaque week-end sans aucune difficulté, pour dénoncer la dictature imposée à nos concitoyens.
Nous demandons aux autorités comoriennes de laisser le peuple s'exprimer là-bas aussi pacifiquement, et dire leur mécontentement face à ce régime de la régression. Alors si les partisans d'Azali veulent manifester ici c'est leur affaire.
Ce que je regrette c'est le fait que celui-ci soit obligé de faire jouer la corruption avec l'argent détourné des caisses de l'État. Nous, on a fait appel au peuple et il a répondu présent parce qu'il juge juste et nécessaire le combat que nous menons. Le gouvernement Azali n'a pas d'argument pour rallier le peuple, il choisit donc les méthodes que nous dénonçons haut et fort depuis bientôt un mois, à savoir le mensonge et la corruption.
2. Pensez-vous qu'il y aura du monde dans cette manifestation ?
Je n'en sais rien, et cela ne me regarde pas. Qu'il y ait du monde ou pas, cela n'aura aucune incidence sur l'engagement qui est le nôtre. Par contre, nous sommes pressés de connaître qui sont nos compatriotes de la diaspora qui sont prêts à vendre leurs âmes à la dictature d'Azali. Nous connaissons quelques opportunistes qui négocient des petits postes par-ci par-là, mais chacun agit en fonction des valeurs auxquelles il croit. S'ils sont prêts à manifester en faveur d'un pouvoir qui tue sa population, fraude les élections, bafoue les libertés et insulte les Comoriens de France, contre des fausses promesses ou quelques billets de banque, cela ne regarde que leur conscience.
3. L'acte 4 est prévu ce lundi à Marseille. Vous allez manifester jusqu'à quand ?
Nous savons qu'il s'agit d'un combat de longue haleine. Lutter contre un pouvoir qui a réussi à mettre l'armée et la justice sous ses ordres, ce n'est pas simple du tout. Ça prendra du temps et on est conscients. C'est la raison pour laquelle nous demandons à la population comorienne d'être patiente, et de ne pas se résigner. Elle doit se mobiliser jusqu'au bout. Azali n'a pas été élu démocratiquement, il ne peut donc pas prétendre gouverner légitimement notre pays.
4. Emmanuel Macron a adressé un message de félicitations au président Azali. Que dites-vous?
Nous sommes déçus, bien entendu. Mais cela n'apporte aucune légitimité à son pouvoir. La souveraineté appartient au peuple qui aurait dû s'exprimer le 24 mars dernier. Cette expression démocratique lui a été privée par M. Azali et son armée. Donc pour nous il n'y a pas eu d'élections aux Comores.
Les Comoriens de France qui se mobilisent fortement chaque semaine contre ce pouvoir tyrannique regrette que la France ait choisi de reconnaître Azali comme président élu. Nous le feront savoir à toutes les occasions.
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