Azali Assoumani lors de la campagne présidentielle dans l'archipel des Comores en février 2019. (YOUSSOUF IBRAHIM / AFP) Les résult...
Azali Assoumani lors de la campagne présidentielle dans l'archipel des Comores en février 2019. (YOUSSOUF IBRAHIM / AFP) |
Les résultats officiels de la présidentielle annoncent la victoire du président sortant avec 60,77% des suffrages. Cette élection est contestée par l’opposition et très critiquée par les observateurs. Portrait en 5 points d'un homme qui s’accroche au pouvoir.
1- Azali, le militaire
Né en 1959 sur la Grande-Comore, l'une des 4 îles de l'archipel des Comores, Azali Assoumani choisit à 18 ans la voie militaire. Après une formation au Maroc et en France, il gravit les échelons au sein de l’armée comorienne, qu’il finit par diriger en 1998. Mais le colonel est critiqué par ses détracteurs, qui lui reprochent d’avoir abandonné ses hommes lors d’une attaque du mercenaire français Bob Denard en 1995. "Tenez bon, je vais chercher des renforts", leur aurait-il dit avant de se réfugier à l’ambassade de France de Moroni, comme le rapporte l’AFP. Des accusations qu'il réfute en bloc.
2-Azali, le putschiste
C’est à la faveur d’un coup de force que le chef d’Etat-major s’accapare le pouvoir en 1999. Une pratique courante sur l’archipel secoué par une série de putschs depuis son indépendance en 1975. Un forcing par les armes pour "éviter la guerre civile" en pleine crise séparatiste d’Anjouan. Le colonel-président reste trois ans à la tête de l’Etat, chapeaute un processus de réconciliation nationale et fait adopter une nouvelle Constitution. Le texte accorde une large autonomie aux trois îles et garantit l'alternance avec une présidence tournante.
3-Azali, le président élu
Après cette première expérience politique, l’officier quitte son uniforme militaire et brigue le fauteuil présidentiel de manière démocratique en 2002. Une fois élu, il se contente d’un mandat et refuse de jouer les prolongations si répandues en Afrique. Le président sortant organise un scrutin qui permet la victoire d’un opposant.
Dans un livre d’entretiens paru en 2009 sous le titre de Quand j'étais président, Azali Assoumani mettait en avant son "obsession de quitter dignement le pouvoir", comme le soulgnait Jeune Afrique. "La plupart (...) ne croient en la démocratie que lorsqu'elle peut les conduire au pouvoir", disait-il en réponse à ses détracteurs.
4-Azali, l’homme de foi
Azali Assoumani affiche ouvertement sa foi. Il s’est même autoproclamé imam en 2016. Il lui arrive encore de diriger la prière le vendredi dans la mosquée, surtout en période électorale afin que "soit désignée la candidature la plus bénéfique" pour le pays. "Il est convaincu que ce qui lui arrive est d’ordre divin", souligne à l’AFP l’un de ses conseillers. Pour Azali, l’islam est un élément fondateur de la Nation, qui doit participer à la promotion de la paix et de la sécurité.
5- Azali, l’homme de la démocrature ?
En 2016, l’ex-putschiste retrouve le palais présidentiel après une élection contestée marquée par des incidents. L’homme qui se présente comme "un profond démocrate" dissout la Cour constitutionnelle et modifie la Constitution pour pouvoir se représenter. Azali Assoumani fait arrêter de nombreux opposantset met hors-jeu ses principaux rivaux politiques. L’opposition dénonce une "dictature".
On pourrait parler plus exactement d'une démocrature, "une dictature déguisée en démocratie par l’organisation d’élections non libres, contrôlées et/ou frauduleuses (…) d'un régime qui joue à la démocratie, en se jouant de l’acte électoral ", selon la définition de la philosophe et politologue Renée Fregosi.
Eléonore Abou Ez
Rédaction Afrique France Télévisions
Eléonore Abou Ez
Rédaction Afrique France Télévisions
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