Les élections sont aussi l’occasion de mesurer les forces en présence dans les localités. A Mohoro, au sud de Ngazidja, Madame Boina Mari...
Les élections sont aussi l’occasion de mesurer les forces en présence dans les localités. A Mohoro, au sud de Ngazidja, Madame Boina Mariama Soilihi a su s’imposer face aux barrons de la mouvance.
Dimanche, les comoriens ont passé aux urnes pour élire un nouveau Président. Hélas, comme une partie de la population s’y attendait, avec la complicité de certaines institutions et l’intervention des forces armées, la transparence du scrutin est remise en cause. L’ensemble des îles a eu droit à des pratiques douteuses et à des fraudes électorales sans précédentes. Cette situation antidémocratique a motivé les douze autres candidats à réclamer la fin du processus et de condamner ce qu’ils qualifient désormais de « coup d’État électoral ».
Lorsque vers 13H, le communiqué de la CENI est connu, la tension a atteint son apogée. La commission venait de toucher le fond, en maquillant et manigançant la réalité. Par conséquent tous les candidats ont demandé à leurs représentants des bureaux – le peu qui avaient réussi à s’installer- de se retirer. Mais à Mohoro, une ville de Badjini composée de 3 Bureaux de vote, l’Alliance de la Mouvance n’a pas eu le terrain libre. En effet, Madame Boina Mariama Soilihi, voix fidèle du candidat, Ahamada Mahamoudou, n’a pas rebroussé chemin.
En effet, cette inspectrice des Douanes a exigé que tous les assesseurs de l’opposition restent dans les trois bureaux de Mohoro. Cette décision a secoué les bras droits du régime natifs de cette grande ville de Badjini-est. Les chiffres confirment qu’à elle seule, Mariama Soilihi a déstabilisé démocratiquement Azali Assoumani et ses proches de la Mouvance.
Mohoro compte 1186 électeurs. Dans les trois bureaux Azali a obtenu 252 voix (soit 21,24%) tandis que MAHAMOUDOU fait 174 voix (soit 14, 67%) et le reste pour les autres candidats.
A bien regarder ces scores, il faut se demander comment la Mouvance a-t-elle été tenue en échec par une seule femme de l’opposition ? Surtout que Idi Boina, qui aurait été avec Mariama Soilihi pour triompher contre Azali croupit depuis des lustres dans les geôles du régime.
Le gouvernement comptait sur ses hauts cadres bien servis par Azali ; à savoir les Directeurs Généraux des Impôts et celui des Routes, le Directeur Commercial de la SNPSF, les deux Conseillers des Ministères des Finances et celui des Transports ainsi que le DAF dudit Ministère, le Secrétaire Général du Ministère des Finances, l’Adjoint du Contrôleur financier qui fait office de contrôleur général, le responsable du monde arabe au sein du Ministère des Finances etc.
Un total de neuf hauts cadres mieux placés pour apporter plus de 104% à leur Chef. Mais chacun n’a réussi qu’à collecter 28 électeurs sur les 252. Les électeurs sont donc restés fidèles à leur « fille de l’opposition » et n’ont pas non plus accepté la corruption des partisans du pouvoir. Bien que ces derniers aient usés de plusieurs procurations en date du 24 mars, tolérées par leurs complices qui géraient les bureaux, tout ce beau monde reste traumatisé par Madame Boina Mariama.
Les électeurs de l’opposition n’ont pas lâché bien qu’ils aient été victimes des manœuvres malsaines qui consistaient à trier les votants. Les soutiens du régime étaient prioritaires pour passer à l’urne. Une discrimination accentuée par l’interdiction d’accès au bureau 2 de deux femmes traditionnellement voilées.
Autre remarque, plus de 120 cartes d'électeurs acquis à Me Mahamoudou ont été rendues aux propriétaires à la fermeture des bureaux sans être passés aux urnes. Déjà la veille, à quelques heures des élections, Madame Mariama Soilihi avait appris que les assesseurs de son candidat étaient remplacés par la CENI. Combative, elle a réussi à régulariser la situation et tout est revenu dans l’ordre.
Jointe au téléphone, elle remercie tous les électeurs de Mohoro pour avoir tenu parole et d’avoir résisté à la pression du clan Azali malgré le « Coup d’Etat électoral » perpétré dimanche 24 mars aux Comores.
Par Nakib Saleh
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