Au Sénégal, Macky Sall, président sortant vient d’être réélu au premier tour avec 58,27% des suffrages exprimés. Au Nigéria, pays le plus...
Au Sénégal, Macky Sall, président sortant vient d’être réélu au premier tour avec 58,27% des suffrages exprimés. Au Nigéria, pays le plus peuplé du continent, Muhammad Buhari est reconduit, également au premier tour, avec 56%.
A Madagascar, c’est 55,66% des suffrages qu’a obtenu Andry Rajoelina et placé en tête du scrutin du second tour de l’élection présidentielle. Qu’y-a-t-il de commun entre ces résultats et quel rapport avec les prochaines échéances électorales dans notre pays? Dans un contexte sociopolitique où l’émergence est considérée comme une nouvelle trajectoire de l’Afrique subsaharienne, 37 pays sur 54 ont lancé un plan visant à devenir émergent à moyen terme.
Ce vent d’optimisme et de volonté à améliorer les conditions de vie des populations souffle sur le contient, au cours de cette dernière décennie, à telle enseigne que la Banque Mondiale affirme que l’Afrique subsaharienne est la seule région du monde à accélérer sa croissance depuis 2012 avec un taux avoisinant les 5,5% par an. En effet, si les trois pays évoqués plus haut se démarquent des Comores par leur démographie et leur superficie, ils ont, avec les Comores, la particularité de connaître au cours de ces dernières années un perpétuel renouvellement de la classe politique dirigeante. Succédant à Abdoulaye Wade, taxé d’immobilisme économique et de relents aristocratiques, Macky Sall a su relancer des grands chantiers de développement et d’ouvrir le pays vers le monde économique.
L’aéroport international Dakar-Blaise Diagne témoigne de cette ambition. Au Nigéria, la lutte contre le terrorisme, première préoccupation de l’action entamée par M. Buhari a permis à la stabilité sociopolitique au Nigéria. Dans la grande île voisine, les thèmes de l’éradication d’une corruption généralisée, la performance économique et la décentralisation administrative ont séduit une grande partie de l’électorat malgache, longtemps considérés comme citoyens de seconde zone. Ces opérations électorales ont permis à des anciens présidents d’obtenir la confiance des électeurs grâce à des projets de société lisibles, pragmatiques et réalisables.
Azali, sur le rythme de l’émergence africaine
Sénégal, Nigéria, Madagascar. Trois pays africains ayant lancé un plan d’émergence et dont les populations sont séduites, confiantes des différentes réalisations pour le développement. Si dans ces pays, la politique de l’émergence a été facilitée par le concours de plusieurs conférences et discussions élargies avec d’autres pays voisins, aux Comores le projet n’a pas été adopté sans ambages. Depuis l’officialisation du M11 jusqu’au référendum de juillet 2018 en passant par les assises nationales, le pays a connu une des périodes troubles et d’effervescence de son histoire politique. En dépit des manœuvres déstabilisatrices de l’opposition, le président-candidat Azali Assoumani a toujours tenu bon, fidèle à ses convictions pour mettre le pays dans les voies de l’émergence.
A l’instar des Sénégalais qui ont renouvelé leur confiance à Macky Sall grâce à des multiples actions visibles dans les domaines agricole, éducatif, sanitaire et surtout économique, les deux années et demi où le président Azali a dirigé le pays sont aussi marquées par d’importantes réalisations qui ont boosté l’activité économique du pays : fluidité de la circulation de la population, valorisation de la filière vanille-girofle, attractivité des zones de consommation, promotion des petits métiers et développement du secteur informel.
De telles réalisations ayant permis à plusieurs Comoriens, hommes et femmes d’améliorer le quotidien sont rendues possibles par la résolution effective d’une crise énergétique décennale, la construction des voies routières, la sécurisation des salaires des agents de l’Etat, la promotion du secteur touristique... Autant de facteurs importants pour redonner de l’espoir au citoyen.
La reconduction d’Azali au pouvoir est, sans conteste, favorable car au-delà des préoccupations de la campagne électorale, les chantiers entamés continuent leurs cours, les services de l’Etat et de l’administration fonctionnent normalement contrairement à ce qu’on aurait pu observer au cours des élections de 2016 : une administration en panne et un vote non sécurisé par le comptage à la lueur d’une bougie. Pour la première fois dans le monde, on aura observé un scrutin à trois tours aux Comores avec le célèbre 104% ! Pour redonner confiance au président sortant, les Comoriens s’appuieront sur des arguments concrets et convaincants.
Le 24 mars prochain, c’est la voix massive des urnes qui renouvellera la confiance à Azali puisque les électeurs ont confiance à ce qui est déjà fait. Le plan quinquennal de l’émergence se poursuit avec à la clé les chantiers du centre hospitalier universitaire, le complexe hôtelier à Galawa et la modernisation urbaine par le projet Grand Moroni. Dans cette même lancée, d’autres programmes intermédiaires seront consacrés pour la réhabilitation des infrastructures scolaires et universitaires, la mise en place de l’école nationale d’administration et la formation intensive et diversifiée des personnels administratifs. Aux urnes, citoyens ! L’émergence est en cours.
Issa ABDOUSSALAMI
Sociologue, doctorant à Aix-Marseille Université
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