Beaucoup d'entre nous nous sommes battus pour l'indépendance, les uns plus que les autres, portés par le vent de liberté qui souffl...
Beaucoup d'entre nous nous sommes battus pour l'indépendance, les uns plus que les autres, portés par le vent de liberté qui soufflait à travers le monde et à travers l'Afrique. C'était dans l'espoir de construire un pays et surtout une nation neuve qui n'existait pas et qui devait se paramétrer à travers des entités insulaires dotées d'une personnalité culturelle et d'une histoire spécifiques.
Mais 42 ans après, force est de constater que nous sommes bien loin du compte et des objectifs et des espoirs qui nourrissaient les gens.
Ne sommes-nous pas fondés de parler alors d'un échec généralisé ?
D'abord s'agissant de la nation : le putsch perpétré par le despote sanguinaire Ali Swalihi à moins d'un mois de l'indépendance a été un grand désastre pour la construction de la nation car, il a installé durablement la division entre la Grande-Comore et Anjouan, tout en poussant Mayotte à la séparation.
La grande gageure pour réfléchir et innover afin de mettre en place des institutions et des formes intelligentes pour organiser la vie ensemble, sans léser personne, a été jetée aux calendes grecques et depuis les pouvoirs politiques qui se sont succédé à Moroni ont été marqués par l'influence prépondérante de la notabilité sociale et politique grand-comorienne, par le clientélisme, le népotisme, le régionalisme et le chauvinisme.
Le tout avec l'irruption pour une longue durée de l’exploitation et de la domination politique du mercenariat international. Quant à la vie des gens, quelque soit le secteur considéré, il suffit de demander aux citoyens pour se rendre compte à quel point combien regrettent leur existence ou celle des leurs pendant la période coloniale.
Quelle fierté alors pour une indépendance qui nous classe 159ème sur 187 pays indépendants du monde et un PIB de 736 dollars par hab, alors que les Seychelles se positionnent à la 71ème place avec 14466 dollars de PIB et que Maurice se classe à la 63ème place, avec 9186 dollars de PIB par hab (Jeune Afrique 2016) !
Les Comores promènent leur incompétence, leur manque de sérieux et d'honnêteté à travers le monde, jusque dans les organisations régionales où elles sont humiliées régulièrement par toutes les équipes sportives y compris de Mayotte.
Azali qui a contribué à cette descente aux enfers depuis son premier mandat continue de plus belle, avec son « immergence » centrée sur son village natal et son île Ngazidja ou Komor.
Alors que peut apporter un soi-disant mouvement du 11 Août ?
Azali se préparerait à organiser des assises de bilan dans le cadre du mouvement du 11 août. Nous récusons totalement cette initiative et ne reconnaissons aucune légitimité à ses participants. Il ne s'agit que d'une tentative déguisée de liquider le reste des acquis des Accords de Mohéli et notamment de la tournante pour permettre à Azali de se maintenir au pouvoir ad vitam æternam.
On prête à la tournante tous les maux du désastre comorien en oubliant qu'elle nous préserve du syndrome des coups d'État, qui gangrène Moroni.
On peut se demander pourquoi ceux qui en veulent tant à la tournante ne nous montrent jamais l'exemple d'une gestion politique différente quand ils sont au pouvoir, aux antipodes du régionalisme et du favoritisme en faveur de l'égalité, de l'équité et de la justice.