Hadji Saadi kassim NADHOIM DINE
Nous sommes en 2017, le Président de l’Union des Comores croit à son rêve de faire les Comores, un pays émergents d’ici 2030. Il invite à cet effet le peuple à le partager. Cela nous fait croire qu’en Union des Comores, les rêves sont autorisés et sont gratuits, mais pas n’importe quel rêve, l’émergence en priorité. Peu importe…. L’émergence d’un pays ne se décrète pas et loin d’être un rêve. Elle est le fruit des progrès, d’ambitions et d’audaces.
L’histoire nous rappelle qu’après la seconde guerre dite mondiale, nous sommes partis du concept de Tiers-Monde. Plus tard, on est passé du concept de Pays Sous-développés à celui de Pays en Voie de développement dans les années soixante. Arriver aux années soixante dix, on parle d’un autre concept. C’est celui de Nouveau Pays industrialisé ou semi industrialisé. Et pour tenir compte de la réalité de Pays pauvres, on inventera le concept de Pays Moins Avancés dont on y trouve des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) comme les Comores. En tout cas, la notion émergence trouve ses racines dans le jargon économique. Cependant, ce nouveau concept n’a pas manqué critiques et certains le qualifient d’un concept flou, en dépit des orientations et gesticulations des pays puissants et des institutions de Breton Woods. Bref, on ne peut pas parler de l’émergence sans organiser publiquement le débat socio-économique.
Pour la situation actuelle, je me réjouis de toutes bonnes œuvres, de primo, en vue d’améliorer le quotidien des citoyens comoriens et dont le gouvernement est le principal promoteur. Toutefois, passer des Comores PPTE (Pauvre Population Très Enerver, ndlr) à Comores émergents à l’espace de 13 petites années, nécessité forcément la prise en compte de certaines mesures tels que le renforcement des institutions et des acteurs de la société civile et au renforcement de la relation Etat-Société. Je pense que cette transition appelle à un peu plus d’efforts, outre qu’une simple amélioration de la fourniture de services sociaux de base comme l'électricité puisque c’est le plus concret.
C’est une évidence, l’émergence d’un pays ne se décrète pas. Elle est d’abord l'ambition et les progrès enregistrés au fil des ans. Elle est également un état d’esprit, une idéologie voire une civilisation. L’émergence d’un pays comme les Comores implique la rationalité dans le processus de mise en œuvre des politiques publiques avec une forte implication de la population, de la transparence dans les affaires publiques à travers le partage d’informations. L’émergence est une vision vis-à-vis des secteurs prioritaires et des super prioritaires, dans le court, moyen et long terme, des démarches, de la prise des mesures, parfois lourdes mais nécessaires pour le bien du peuple. Elle appelle aussi à un changement à la fois mental et social au sein du couple administré-administrant en vue d’instaurer la confiance mutuelle.
Cette nouvelle vision de l’émergence ne peut pas y aller seule : promouvoir le dialogue et accepter les critiques objectives vont avec. Elle doit tenir compte de plusieurs éléments essentiels tels que le niveau actuel de notre développement, notre croissance et la participation de notre pays aux échanges mondiaux de produits transformables. C’est-à-dire, définir des stratégies (et non des discours) en vue de rompre avec les Comores fragilités (manque des moyens et de volonté politique pour assurer la sécurité et la protection des citoyens) pour les Comores plus résilient (dont les institutions seront capables et redevable envers la population).
Il serait moins prudent de songer à l’émergence des Comores sans tenir compte également de certains facteurs, souvent d’ordres culturels voire mentaux et qui mettent en péril toute tentative de développement de notre pays. Nous devons peut être commencé par l’émergence de mentalité, histoire de promouvoir le civisme, le patriotisme économique, l'esprit de l'émergence, l’amour à la nation et le lutter contre tous les fléaux généralisés (corruption, impunité, incivisme, égoïsme). Je suis de ceux qui pensent que c’est de la réalité sociale que nos autorités doivent partir pour songer une émergence digne de ce nom, tout en associant tous les acteurs adéquats.
En principe, ce sont seuls les problèmes qui doivent définir les acteurs pertinents pour les solutions adéquates. De ce fait, les jeunes doivent être les plus concernés par cette nouvelle vision de l’émergence, dans la mesure où, la jeunesse comorienne reste aujourd’hui la première victime de tout un système qui ne favorise pas son insertion socioprofessionnelle, donc, son autonomisation. Je suis optimiste pour cette future nouvelle société mais à condition que l’objectif consistera en préambule, à réhabiliter les valeurs qui nous rassemblent et qui nous unissent notamment socio-économiques, culturelles et religieuses, du mérite et du respect des compétences et la lutter contre la pauvreté qui sont d’ailleurs des fondements de la dignité humaine. Ainsi, nous auront des citoyens avertis capables de conduire les Comores dans son rendez-vous de l’émergence.