Azaly: L'émergence envers et contre tous...
Non sur Financial Afrik, Azaly ne parle plus d’émergence indienne ! Il ne parle plus d’émergence chinoise. Il parle d’émergence comorienne qui n’est plus l’émergence, mais le passage d’un niveau du sous-développement à un niveau économiquement supérieur à l’image de l’île Maurice, des Seychelles, de l’Ethiopie et du Kenya, sauf que ces pays-là ne passent pas leur temps à chanter l’émergence. Et pourquoi continuer à en parler de avec cet infléchissement du sens opéré par Azaly ?
Mais la question qui préoccupe par-dessus tout c’est la marche forcée, envers et contre tous vers ce qu’il convient en réalité d’appeler désormais le décollage socio-économique. Est-il possible de réaliser le moindre progrès dans le pays sans la participation et le soutien de la population ? N’est-ce pas Azaly qui fait de cela une condition qua non justement en réponse à la question sur la manière dont il conçoit ce qui n’est plus une émergence, mais quelque chose aux contours mal définis, un élément de langage propre à un clan d’initiés ?
A voir le nombre de vues et de partages relatifs à la vidéo d’Ortéga en l’espace de 23 heures et le plébiscite de celle de Sambi, on peut affirmer sans se tromper que la décision d’Azaly sur la rupture brutale de relations diplomatiques avec la Qatar est loin de susciter l’adhésion des comoriens et d’obtenir le soutien de ces derniers.
Cette énième perte de la bataille de l’opinion constitue une preuve supplémentaire de l’incapacité d’Azaly à fédérer les comoriens autour d’un projet commun, d’une idée à cause de sa méthode cavalière seule, clanique basée sur la marginalisation de la volonté des comoriens et sur une conception du pouvoir surannée monarchiste.
Le temps est arrivé de demander à Azaly de convaincre avant d’agir ! Les bourdes deviennent légion et son passé n’est pas là non plus pour plaider en sa faveur… Il doit admettre qu’il ne dispose pas de la science infuse qui serait supérieure au génie du peuple. Qu’il réalise enfin qu’il est un président élu démocratiquement, qu’à ce titre, il ne peut aller systématiquement à l’encontre de l’opinion publique.
Jamais une décision mal comprise et non soutenue ne peut être bénéfique pour le pays. En démocratie, l’occasion de l’explication c’est le débat que l’on veut étouffer et le lieu du débat organisé, c’est l’Assemblée Nationale réduite aujourd’hui en une chambre d’enregistrement de l’exécutif et en une machine à la disposition du régime pour porter des mauvais coups contre les comoriens.
Pour l’heure, le parti CRC ne dispose que de deux élus à l’Assemblée et celle-ci n’avait pas reçu du peuple le mandat d’une émergence dont la définition commence à devenir mouvante. Une assemblée aux couleurs de l’émergence doit donc sortir des urnes. Elle assurera au pouvoir actuel la sérénité et la légitimité nécessaire. L’émergence ne peut être un simple subterfuge pour faire et justifier n’importe quoi !
AHMED Bourhane