Crise Ab-Aviation/Anacm : Ce jeu de massacre qui agace le gouvernement
Lors du dernier conseil des ministres, le gouvernement a durci le ton et demande que « toutes les dispositions [doivent] être prises pour que la compagnie Ab Aviation puisse rapidement reprendre ses vols ».
Selon le directeur de sécurité de vol de l’aviation civile, le dossier de la compagnie Ab-Aviation pour sa ré-certification est actuellement « en instruction ». C’est tout ce que nous a dit Nassurdine Benali, contacté samedi dernier par La Gazette des Comores.
Egalement contacté, le chargé de communication de l’Aanacm Ali Mmadi soutient lui-aussi que « le dossier est effectivement en cours, l’Anacm fait tout ce qu’elle peut pour que ça aille rapidement. Maintenant il faut que les compagnies jouent franc et admettent de se conformer aux règles »
A la question justement de savoir si l’Anacm aurait constaté des failles sur le manuel que la compagnie a déposé, évasif Ali Mmadi se contente à répondre : « Le président de la république est clair. Il faut accompagner les sociétés dans le respect de la réglementation ».
Le dossier d’Ab-Aviation répond-t-elle aux réglementations en vigueur ou non ? avions-nous insisté. « En cas de besoin d’éléments supplémentaires, les compagnies sont contactées régulièrement. La durée de l’octroi de permis va dépendre du dynamisme et du temps des réactions des compagnies », a lâché le nouveau patron de la com’.
En revanche, dans notre édition du 26 avril, le directeur de cabinet du président de la république, chargé de ce dossier avait affirmé, de son coté, que le dossier financier d’Ab-Aviation était plus ou moins satisfaisant. « J’ai fait quelques remarques mineures qui ne sont pas de nature à bloquer le processus », avait rassuré celui selon qui la Présidence et l’Anacm tiennent le même langage, ce qui ne semble pas être le cas au regard de l’attitude hostile de l’aviation civile.
Dans cette affaire de ré-certification, une question se pose : l’Anacm est-elle certifiée pour pouvoir à son tour certifier les compagnies conformément aux réglementations ? Dans notre édition du 11 avril, le directeur de sécurité de vol avait déclaré avoir fixé un « programme de ré-certification qui commencera à partir du 17 avril ». Pourquoi, plus de 20 jours après, l’Anacm n’arrive toujours pas à délivrer le PEA à Ab-Aviation, encore moins de fournir une date limite pour rendre son verdict ?
Dans sa note d’information au gouvernement, l’Oaci avait mis et l’Anacm et les compagnies aériennes dans le même sac (lire notre édition du 31 mars). En effet, l’Organisation a constaté que les inspecteurs de l’Anacm n’étaient aucunement qualifiés. Raison de cette formation de deux semaines à Dakar de quatre inspecteurs de l’aviation civile, de retour il y a à peine un mois.
Dans la même note dont la Gazette a obtenu copie, l’Oaci avait programmé d’autres cours « dans le même cadre de requalification » des inspecteurs. Vraisemblablement, l’Anacm n’est toujours pas à même de certifier une compagnie selon les normes de l’Oaci, et tenterait tant bien que mal à dissimuler ce handicap.
Si cette information s’avère véridique, le ministère des transports ne devrait-il pas instaurer une période transitoire le temps que l’Anacm se prépare à avoir les capacités à délivrer un PEA conformément à la réglementation internationale, tel que l’a proposé le conseiller privé du chef de l’Etat dans notre édition du 29 mars ? L’Anacm peut, selon les réglementations, accorder une dérogation « à titre exceptionnel et provisoire » à Ab-Aviation.
Toufé Maecha, LGDC