Un homme de 20 ans tué aux Lauriers. Il était connu pour stups Au sol, des traces de sang dressent l'ultime parcours du condamné à ...
Un homme de 20 ans tué aux Lauriers. Il était connu pour stups
Au sol, des traces de sang dressent l'ultime parcours du condamné à mort. De tache en tache, on devine que la victime, âgée de 20 ans et connue des services de police, n'a pas eu droit à une dernière chance. Elle a juste tenté de grimper les escaliers qui conduisent au bâtiment A de la cité des Lauriers, rue de Marathon, à Malpassé (13e), puis s'est affaissée dans le hall. Mortellement blessée de plusieurs balles de calibre de type kalachnikov. Il était un peu plus de 15 h. L'homme était en arrêt cardio-respiratoire. Les marins-pompiers ne sont pas parvenus à le réanimer.
©FRÉDÉRIC SPEICH |
La victime était sortie de prison le 10 janvier
Dans le hall, un drap blanc a été subtilement plaqué contre la vitre de l'entrée, afin de couper court aux regards indiscrets. La victime gît au sol. "Non, Madame, je suis désolé, vous ne pouvez pas passer !", glisse un policier à une infirmière qui venait visiter ses patients, hier après-midi. De nombreux résidents se sont massés au sommet des escaliers. Un témoignage, rapidement recueilli par les services de police, a permis de confirmer que les tueurs étaient au nombre de trois, dont un muni d'une arme aux allures de fusil d'assaut.
La victime était sortie de prison le 10 janvier dernier. Autant dire que ceux qui l'ont coursée hier n'ont pas attendu longtemps pour lui régler son compte. Hier après-midi, le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, ne paraissait pas douter de l'hypothèse d'un règlement de comptes commis sur fond de trafic de stupéfiants, avec pour enjeu une lutte sans merci entre clans pour la conquête des territoires de la drogue. Une dizaine de douilles ont été retrouvées au sol et les hommes de la police technique et scientifique ont procédé aux premières constatations. Ils ont ainsi disposé un à un les "cavaliers", ces petits plots jaunes qui marquent tous les indices susceptibles de permettre aux enquêteurs de remonter jusqu'aux auteurs présumés.
Il semble en l'état des investigations que les suspects soient repartis à pied, mais il n'est pas exclu, a fait observer le procureur Tarabeux, qu'ils aient pu rejoindre des complices qui les attendaient dans une voiture. La PJ, déjà saisie de nombreux règlements de comptes - 29 en 2016 - a été chargée de l'enquête. Sur place, on relevait hier, outre la présence du procureur en titre, celles du procureur adjoint Patrice Ollivier-Maurel, du vice-procureur Isabelle Candau, mais aussi du préfet de police Laurent Nuñez et du numéro 2 de la PJ, Fabrice Gardon. Il s'agirait du 10e homicide commis à Marseille depuis le début de l'année et du 5e règlement de comptes, contre 6 à la même date en 2016, a précisé le préfet de police.
Les Lauriers : haut lieu de la "guerre des clans" avec cinq morts en dix-sept mois
Cinq morts en moins de dix-sept mois : la cité des Lauriers, dans le 13e arrondissement, concentre à elle seule une partie importante des rancoeurs et vendettas entre clans sur fond de trafic de stupéfiants. Trois morts en octobre 2015, puis un mort, le jeune Kevin, abattu le 28 février au soir, soit il y a à peine plus de deux semaines : la série noire s'est poursuivie hier.
Le préfet de police Laurent Nuñez rappelle à cette occasion que la seule cité des Lauriers retient toute l'attention des services depuis qu'un des réseaux de trafic de produits stupéfiants les plus lucratifs de Marseille y a été démantelé en mai 2015. Ainsi, depuis le début de l'année, au-delà des opérations quotidiennes menées par les effectifs de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), 22 opérations lourdes ont été menées dans la cité avec les CRS, dont sept depuis le 1er mars, pour un total de 65 interpellations.
Le préfet salue d'ailleurs l'action des services de police, qui ont empêché une reprise durable du trafic dans la cité depuis juin 2015 et rappelle que la lutte quotidienne contre les réseaux se poursuivra avec détermination, aux Lauriers comme dans tout le département. L'activité des services en matière de lutte contre les trafics de stupéfiants connaît une évolution très positive avec une hausse de 5 % des affaires réalisées depuis le début de l'année à Marseille. Sur la seule semaine écoulée, 23 individus ont été interpellés et près de 20 kilos de résine ou d'herbe de cannabis saisis.
Le préfet de police précise que ces homicides ne doivent pas occulter les résultats obtenus dans le département et à Marseille en matière de lutte contre la délinquance, ces dernières années comme depuis le début de l'année 2017. Ainsi, au 15 mars, à Marseille, les vols à main armée sont en baisse de - 30 %, les vols avec violences de - 12 %, les atteintes aux biens de - 5 %, et les violences toutes catégories confondues (crapuleuses et non crapuleuses) de - 9 %.
Denis Trossero - La Provence