Une justice territoriale et républicaine, catalyseur de l'émergence des Comores
Les personnes jugées coupables devraient être privées non seulement de leurs droits civiques mais également de la possibilité de se présenter à une élection à des fonctions publiques et politiques à vie. Ainsi, les crimes économiques ne doivent plus être tolérées par la société afin de faire du principe d’impunité zéro une valeur fondamentale de la société comorienne.
Le renforcement de l'Unité nationale et le développement économique des Comores passent avant tout par l'instauration d'une justice républicaine. La consolidation de l'Unité doit se traduire notamment par des réalisations concrètes, par des services publics de proximité et performants ainsi que par une politique équilibrée et équitable de construction des infrastructures afin que chaque citoyen comorien se sente parfaitement pleinement intégré à la Nation partout où il se trouve sur l'ensemble du territoire national.
La justice sociale et territoriale constitue un objectif essentiel de ma vision politique afin de mettre en place les conditions pour une Nation prospère, émergente dans une société de plein-emploi avec la promotion des industries «Made in Comoros».
Le décollage économique et social des Comores implique le rassemblement de toutes les forces et toutes les compétences patriotiques pour travailler main dans la main afin porter le changement nécessaire pour une Nation plus unie et qui élève le niveau de vie de toute la population comorienne.
La cohésion nationale suppose que chaque citoyen porte en lui la fibre patriotique et nationale dans sa vie quotidienne et non que l’unité et l’Union soient des vains mots. Cela commence donc par la mise en place d’un plan ambitieux de construction ou de réhabilitation des infrastructures administratives, sanitaires, routières, énergétiques et électriques. En plus de la nécessaire mobilisation des ressources financières, fiscales naturelles et humaines avec un programme d’augmentation du taux de recouvrement des recettes publiques, l’émission de produits financiers dont des souscriptions publiques, des bons du trésor public ou livret d’épargne développement dans le cadre d’une stratégie d’optimisation ou d’utilisation à bon escient de l’argent qui dort dans les banques ainsi que la participation de la diaspora sous réserve d’une garantie de sécurité des fonds placés. La fiscalisation de l’économie numérique n’est pas à négliger non plus afin de constituer un fonds d’investissement public.
La réhabilitation des infrastructures de base est une nécessité vitale. Elle doit être complétée par une justice républicaine, impartiale et apolitique. La lutte contre la corruption, contre l’impunité, contre l’enrichissement illicite et contre le sentiment d’injustices sociales constitue un socle indispensable pour crédibiliser l’Etat, unifier la Nation autour des valeurs de méritocratie, d’égalité des chances pour tous, de promotion sociale et de la culture de résultats.
Il est inadmissible et inacceptable que des magistrats passent la moitié de leurs carrières sans bénéficier de renforcement des capacités sur les bonnes pratiques et les différents changements en termes des droits des affaires. Il conviendra alors de s’assurer de la création d’un programme permanent de recyclage des magistrats à travers une école de la magistrature ou à défaut un institut supérieur professionnalisé. Cela contribuerait grandement à lutter efficacement contre les dysfonctionnements de la justice en plus de la revalorisation des traitements des magistrats proposée par l’actuel Garde des Sceaux. Un programme de lutte contre l'impunité devra être intégré dans le cursus de formation des magistrats. Des réformes devront être engagées dans le cadre des crimes économiques qui seront des crimes imprescriptibles. Les personnes jugées coupables devraient être privées non seulement de leurs droits civiques mais également de la possibilité de se présenter à une élection à des fonctions publiques et politiques à vie. Ainsi, les crimes économiques ne doivent plus être tolérées par la société afin de faire du principe d’impunité zéro une valeur fondamentale de la société comorienne.
De même, il est crucial que les textes en vigueur et les lois soient respectées sous peine de mettre à mal la politique d’attractivité es Comores et de décourager les investisseurs étrangers qui ont besoin de sécurité juridique.
Par ailleurs, les Autorités judiciaires devraient veiller à élaborer un calendrier réaliste et impartial pour le traitement judiciaire des affaires et scandales politico-économiques avec rigueur, transparence, sérénité et objectivité de façon à écarter toutes suspicions et les accusations de connivence ou d'interventions judiciaires. Cette programmation transparente du traitement judiciaire des crimes politico-économiques pourrait contribuer à endiguer la culture et le sentiment d'impunité qui sont répandus dans la société et au sein de la classe. Elle devra tenir compte des délais de prescription des crimes économiques et délits et donc leur l'ancienneté.
La volonté politique est primordiale pour mettre en œuvre une telle stratégie qui contribuera à rendre crédible la justice comorienne sans laquelle aucune politique de développement économique ne sera ni viable ni durable.
Par Darchari MIKIDACHE, acteur politique et président du think-tank Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)