Madagascar: le sud de l’île frappé par une violente crise alimentaire
« Empêcher qu’une situation critique ne devienne une catastrophe à Madagascar ». C’est en ces termes que l’Unicef, le Programme alimentaire mondial et l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, trois agences de l’ONU, lancent un nouveau message d’alerte sur la crise alimentaire qui sévit dans le sud de l’île. Un mois après les missions de terrain réalisées par les experts internationaux, de nouveaux chiffres, plus précis, viennent d’être publiés. Plus de la moitié des habitants de cette zone, soit environ 840 000 personnes, se trouvent aujourd’hui dans une situation d’insécurité alimentaire alarmante, dont 330 000 en situation d’urgence.
« Trouver de la nourriture, trouver de l’eau, déplore une femme, c’est tellement dur vous savez ! » « En 50 ans, je n’ai jamais connu pareille situation », poursuit une autre.
Pour ces deux femmes de la région Androy, c’est la désolation. Pour la deuxième année consécutive, une crise alimentaire frappe le Grand Sud de l’île. Certes, grâce à l’action humanitaire sur le terrain, les cas d’enfants atteints de malnutrition aiguë dans cette zone ont nettement diminué par rapport à l’an dernier.
Mais les récents chiffres ne laissent rien présager de bon, comme l’explique Siméon Nanama, en charge du programme nutrition à l’Unicef. « La tendance actuelle de la situation nutritionnelle qui montre une hausse depuis deux mois nous appelle à rester extrêmement vigilants et même à intensifier la réponse dans le secteur de la nutrition mais aussi dans d’autres secteurs qui ont reçu beaucoup moins d’attention comme celui de l’accès à l’eau, pas seulement pour la boisson mais aussi l’eau pour des usages agricoles. »
Cette situation risque-t-elle d’entraîner un taux de surmortalité dans cette région ? L’Unicef collecte actuellement des données, pour tenter de répondre à cette délicate question. « Il est évident que dans un contexte marqué par la malnutrition chronique sur lequel vient s’ajouter la malnutrition aigüe et l’insuffisance alimentaire, le risque pour la survie même des enfants est très élevé », poursuit Siméon Nanama.
Un risque d’autant plus élevé avec l’arrivée de la période de soudure en décembre. Dans le Grand Sud, l’aide humanitaire est donc plus que jamais nécessaire. Une aide, qui d’après les ONG, arrive malheureusement encore au compte-goutte. Par RFI