Le Groupe de travail sur l’examen périodique universel, créé conformément à la résolution 5/1 du Conseil des droits de l’homme en date du 1...
Le Groupe de travail sur l’examen périodique universel, créé conformément à la résolution 5/1 du Conseil des droits de l’homme en date du 18 juin 2007, avait tenu sa dix‑huitième session du 27 janvier au 7 février 2014. L’examen concernant les Comores avait eu lieu à la 9e séance, le 31 janvier 2014. La délégation comorienne était dirigée par l’ancien Ministre de la Justice, de la fonction publique, de la réforme administrative, des droits de l’homme et des affaires islamiques et actuel Président de l’Assemblée de l’Union, Dr Abdou Ousseni. Au cours de cet examen, le Royaume-Uni avait invité les Comores à prendre des mesures dans les domaines de la liberté de religion et de l’accès à la justice. Cette recommandation fait suite à cette émise toujours par le Royaume Union en mai 2009 lors de l’examen du rapport des Comores en mai 2009.
Photo d'archives - Jour de l'Ide dans un village de Ngazidja |
Le Royaume-Uni avait soulevé les préoccupations dont avaient fait part les organisations non gouvernementales concernant "plusieurs restrictions légales en vigueur qui restreignaient le droit des personnes appartenant à des minorités religieuses de pratiquer leur religion librement". Le Royaume-Uni avait recommandé de veiller à ce que les personnes appartenant à des minorités religieuses puissent pratiquer librement leur religion. La République arabe syrienne a recommandé au Gouvernement de poursuivre les efforts visant à assurer le respect des droits de l’homme, tout en tenant compte des spécificités religieuses et culturelles du pays. Ces recommandations ont été retenues par le Groupe de travail sur l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme dans son rapport et approuvées par les Comores.
Et pourtant l’ancien président de l’Union des Comores, Ikililou Dhoinine, promulgua le 8 janvier 2013 la loi du 24 juin 2008 portant réglementation générale des pratiques religieuses en Union des Comores. La Cour Constitutionnelle qui est garante, selon l’article 36 de la constitution, des droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques a validé cette loi. Dans son arrêt, elle avait jugé conforme la constitution, les principaux articles contestés de cette loi, notamment les articles 1, 2, 4 et 5. A titre de rappel, cette loi dispose qu’en matière des pratiques religieuses, la doctrine Ahli Sunnat wal Djamanna sous couvert du rite (Madhhab) Al Chafyin est la référence religieuse officielle en Union des Comores et dans les mosquées, les Imams sont tenus de s’y conformer. Cette loi interdit ainsi toute campagne et/ou propagande, pratique religieuses ou coutumière non conformes à cette doctrine. La pratique autre que la doctrine officielle porterait atteinte selon cette loi à la cohésion nationale et elle sera sanctionnée par un emprisonnement de cinq mois à un an et d’une amende de 100 000 Fc à 500 000 Fc. Cette loi autorise les pratiques religieuses telles que le Maoulid, le Dhikr, le Haouli, le Hitma, le jeune du 27 radjab, le Tahlil etc…car elles contribueraient à consolider la foi et la cohésion sociale aux Comores.
Au mois de décembre 2013, 19 comoriens musulmans de rite chiite arrêtés pour « subversions, propagation d’enseignement religieux interdit au pays, trouble à l’ordre public et menace à la cohésion sociale » avaient été condamnés. Plusieurs de ces prévenus avaient été condamnés à de la prison ferme, dix mois ferme, pour celui considéré comme étant le chef de ces chiites et des amendes de de 500 000 Fc à 2.5 millions de Fc.
Depuis les gouvernements successifs ne cessent de prendre des mesures de rétorsion contre les minorités religieuses. Ce 11 octobre 2016, en pleine période de fête de « l’ Achoura » pour les chiites, le Ministre de l’ intérieur Mohamed Daoudou vient de signer une note circulaire qui « interdise l’ organisation dans les lieux publics ou prives des festives d’ un rite religieux de l’ islam autre que le rite chafeite de la doctrine Ahli Sunnat wal Djamanna".
Ces décisions de justice et ces mesures administratives constituent des reculs des libertés publiques et religieuses dans notre pays. Elles foulent au pied les libertés fondamentales garanties par la Constitution. L'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948 citée dans le préambule de la constitution comorienne stipule que «toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion seule ou en communauté, tant en public qu'en privé».
La richesse de ce pays a toujours été sa tolérance religieuse et le respect des autres religions. Les pratiques religieuses des autres composantes de la population comorienne ont toujours été tolérées. Les comoriens d’origine indienne, musulmans ont toujours pratiqué leur foi avec leurs rites chiites. La minorité chrétienne de ce pays, dont faisait partie feu Me Jean Bernard Toinette a toujours vécu dans tranquillité avec la majorité musulmane de la population comorienne. D'ailleurs à la mort de Me Toinette, ces sont des centaines de comoriens musulmans qui ont participé à sa prière mortuaire à l'église de Moroni et ont accompagné le corps jusqu'à son enterrement au cimetière familial de Mitsamihouli.
Les comoriens ne doivent pas tomber dans l’obscurantisme qui dénature notre religion musulmane et l’intolérance qui crée des violences ici et là. ©ComoresDroit