Les mutilations sexuelles féminines (MSF) touchent près de 200 millions de femmes dans le monde, selon les chiffres 2016 de l’Unicef. Un chi...
Les mutilations sexuelles féminines (MSF) touchent près de 200 millions de femmes dans le monde, selon les chiffres 2016 de l’Unicef. Un chiffre sans doute inférieur à la réalité, puisque plusieurs pays touchés par le phénomène ne communiquent aucun chiffre au Fonds des Nations unies pour l’enfance. Ces violations de l’intégrité des fillettes, des jeunes filles et des femmes sont une abomination sans nom.
Une femme somalienne le 19 février 2014. CRÉDITS : NICHOLE SOBECKI/AFP
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) distingue quatre types de mutilations féminines :
Les conséquences peuvent être nombreuses pour la victime de telles pratiques : un saignement pouvant entraîner une hémorragie et la mort ; différentes formes d’infections, des problèmes urinaires et menstruels, des problèmes sur la vie sexuelle telle que la dyspareunie (fortes douleurs lors de la pénétration), le vaginisme (impossibilité de pénétration), la baisse du plaisir.
Sur le plan de la maternité, de graves complications obstétricales peuvent survenir, ainsi que des répercussions sur le nouveau-né pouvant entraîner la mort. Enfin, sur le plan psychologique, le traumatisme lié aux mutilations génitales génère un stress important, de l’anxiété et la dépression.
Les trois hadith qui parlent d’excision sont jugés comme de faible authenticité par les exégètes et ne font donc pas force de loi. L’excision est une pratique qui existe en réalité depuis des millénaires, et elle n’a rien à voir avec une quelconque religion. Elle touche d’ailleurs différentes cultures, et n’est pas ou peu pratiquée au Maghreb, tandis qu’en Egypte, 87 % des femmes ont subi des mutilations génitales.
Pourcentage de femmes entre 15 et 49 ans ayant subi des mutilations génitales entre 2004 et 2015
S’il s’agissait d’une recommandation religieuse, elle serait pratiquée dans tous les pays musulmans. Il a par ailleurs été rapporté une parole du prophète Mohammad à une femme de Médine, authentifiée par Al-Albani (Abu Daoud, n° 5371) à propos du clitoris et de l’excision : « N’enlève pas. Cela sera source de plaisir pour la femme et apprécié par le mari. »
Le savant Al-Azim-Abadi a ainsi commenté les mots du prophète Mahomet : « Ceci parce que lorsque le mari fait à sa femme des attouchements sur ses lèvres et son clitoris (…), la femme en ressent du plaisir au point d’atteindre parfois l’orgasme sans qu’il y ait pénétration. En effet, cette partie du corps est très innervée et donc très délicate. C’est pour cette raison que le Prophète a ordonné de ne pas l’enlever, afin que la femme ressente du plaisir. Son mari appréciera alors d’avoir des jeux amoureux avec elle (…). Et tout ceci sera la cause de plus d’amour et d’entente entre l’époux et l’épouse. Tout ce que j’ai écrit là est mentionné dans les ouvrages de médecine » (Awn ul-ma’bud sharh sunan Abi Daoud).
Enfin, s’il est encore utile de le rappeler, les principes de l’islam exigent que les parents veillent à ce que leurs enfants se développent physiquement de manière saine, qu’ils puissent recevoir des soins médicaux si besoin et accéder à une éducation, qu’ils soient protégés contre toute forme de violence, de blessures, d’abus ou de mutilation. Mutiler les organes génitaux d’une enfant ou d’une femme au nom de l’islam viole donc les principes les plus sacrés de la foi islamique.
Le combat contre les mutilations sexuelles féminines va au-delà des religions et des fausses croyances. Il doit être mené sur tous les fronts.
Par Ali Habibbi (chroniqueur Le Monde Afrique)
Une femme somalienne le 19 février 2014. CRÉDITS : NICHOLE SOBECKI/AFP
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) distingue quatre types de mutilations féminines :
- La clitoridectomie : ablation partielle ou totale de la partie visible et érectile du clitoris appelé gland clitoridien (l’organe interne mesurant plusieurs centimètres) et, plus rarement, ablation du prépuce seul (repli de peau qui entoure le gland clitoridien).
- L’excision : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres (qui ferment l’entrée du vagin).
- L’infibulation : suture de la majeure partie des petites et grandes lèvres, avec ou sans ablation du gland clitoridien, ne laissant qu’une petite ouverture pour que l’urine et les menstruations puissent s’écouler.
- Ou toute autre intervention néfaste au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple piquer, percer, inciser, racler et cautériser.
Les conséquences peuvent être nombreuses pour la victime de telles pratiques : un saignement pouvant entraîner une hémorragie et la mort ; différentes formes d’infections, des problèmes urinaires et menstruels, des problèmes sur la vie sexuelle telle que la dyspareunie (fortes douleurs lors de la pénétration), le vaginisme (impossibilité de pénétration), la baisse du plaisir.
Sur le plan de la maternité, de graves complications obstétricales peuvent survenir, ainsi que des répercussions sur le nouveau-né pouvant entraîner la mort. Enfin, sur le plan psychologique, le traumatisme lié aux mutilations génitales génère un stress important, de l’anxiété et la dépression.
Coran et « hadith »
Comment l’islam, qui est une religion de paix, pourrait ordonner ou commander ce type d’actes ? En réalité, aucun verset du Coran ne parle d’excision ou de mutilation sexuelle féminine, et aucun hadithauthentique ou bon (parole du prophète Mohammad validée par les spécialistes) n’exige de telles pratiques. Ce qui n’est pas le cas de la circoncision, qui par ailleurs ne cause pas les dégâts décrits plus haut. Il n’y a donc aucun texte de référence qui obligerait à l’excision ou la recommanderait.Les trois hadith qui parlent d’excision sont jugés comme de faible authenticité par les exégètes et ne font donc pas force de loi. L’excision est une pratique qui existe en réalité depuis des millénaires, et elle n’a rien à voir avec une quelconque religion. Elle touche d’ailleurs différentes cultures, et n’est pas ou peu pratiquée au Maghreb, tandis qu’en Egypte, 87 % des femmes ont subi des mutilations génitales.
Pourcentage de femmes entre 15 et 49 ans ayant subi des mutilations génitales entre 2004 et 2015
S’il s’agissait d’une recommandation religieuse, elle serait pratiquée dans tous les pays musulmans. Il a par ailleurs été rapporté une parole du prophète Mohammad à une femme de Médine, authentifiée par Al-Albani (Abu Daoud, n° 5371) à propos du clitoris et de l’excision : « N’enlève pas. Cela sera source de plaisir pour la femme et apprécié par le mari. »
Le savant Al-Azim-Abadi a ainsi commenté les mots du prophète Mahomet : « Ceci parce que lorsque le mari fait à sa femme des attouchements sur ses lèvres et son clitoris (…), la femme en ressent du plaisir au point d’atteindre parfois l’orgasme sans qu’il y ait pénétration. En effet, cette partie du corps est très innervée et donc très délicate. C’est pour cette raison que le Prophète a ordonné de ne pas l’enlever, afin que la femme ressente du plaisir. Son mari appréciera alors d’avoir des jeux amoureux avec elle (…). Et tout ceci sera la cause de plus d’amour et d’entente entre l’époux et l’épouse. Tout ce que j’ai écrit là est mentionné dans les ouvrages de médecine » (Awn ul-ma’bud sharh sunan Abi Daoud).
Principes sacrés
Le message est donc clair, et a pour objectif qu’une épouse ne soit pas privée d’un droit qui lui était déjà reconnu par les sources musulmanes : la satisfaction sexuelle. D’ailleurs, le droit musulman reconnaît comme cause légitime de divorce au profit de l’épouse, le fait que son mari soit impuissant ou refuse d’avoir des relations intimes avec elle. Nous sommes donc ici exactement à l’opposé de l’objectif poursuivi dans d’autres cultures, celui de priver la femme du plaisir qui lui revient justement « de droit ».Enfin, s’il est encore utile de le rappeler, les principes de l’islam exigent que les parents veillent à ce que leurs enfants se développent physiquement de manière saine, qu’ils puissent recevoir des soins médicaux si besoin et accéder à une éducation, qu’ils soient protégés contre toute forme de violence, de blessures, d’abus ou de mutilation. Mutiler les organes génitaux d’une enfant ou d’une femme au nom de l’islam viole donc les principes les plus sacrés de la foi islamique.
Le combat contre les mutilations sexuelles féminines va au-delà des religions et des fausses croyances. Il doit être mené sur tous les fronts.